Chapitre 46

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La soirée était délicieuse. Clémence était pas mal alcoolisée, mais semblait vraiment s’amuser. On écoutait donc de la bonne musique, avec des amis autour, et on dansait parfois… Je me sentais vraiment heureuse, à cet instant. Mathias n'était pas là, devant sûrement bien se reposer puisqu'il commençait le travail le lendemain. Par contre, d'autres habitués du bar étaient là, et on discutait avec eux avec plaisir. C’est alors qu'un gars que je n’avais jamais vu ici, plutôt ivre, s'approcha de nous.

_ Salut les filles, je vous paye un coup ?

Je le regardais, blasée. D’habitude, ici, personne ne draguait de cette manière. Des couples se formaient, bien sûr, mais ça n'était pas dans les mœurs du bar.

_ Non merci, répondis-je assez froidement.

Je lançai un regard quand même vers Clémence. On ne sait jamais, elle était peut être intéressée, après tout. Mais de toute évidence, sa communication non-verbale démontrait qu'elle n'était pas à l'aise.

_ Oh allez les filles, c'est juste un petit verre. Ça me fait plaisir.

_ Et nous, ça nous ferait plaisir que tu ailles voir ailleurs.

Le gars me fixa, et s'approcha de moi.

_ T'as quoi, la naine ? Tu veux que je t'amène dehors pour qu'on parle ?

_ Wawoo, t’es pas le pingouin qui glisse le plus loin sur la banquise. Je viens de dire tout l'inverse.

Clémence laissa échapper un petit rire, ce qui déplut au mec. Il la regarda super mal, en disant :

_ Tu rigoles ? Viens chez moi, que je te montre quelque chose d'autre qui va glisser loin, mais en… Arg !

J’essayais d'être quelqu'un de calme, maintenant que j'étais une adulte. J'essayais vraiment. Mais parfois, j’y arrivais pas et j'étais très impulsive. Comme là. Avant même de réaliser, j’avais déjà levé très haut mon genoux pour l'envoyer dans les burnes de ce tocard. Il tomba à genoux, en se tenant l’entrejambe et sans même finir sa phrase. Puis je posai mon pied sur son torse et le poussai fort en arrière pour qu'il tombe.

_ Déguerpis avant que Jacob arrive. Il déteste quand des connards embêtent ses clientes, il risque de te faire pire.

Le gars semblait apeuré. Il se leva toujours en se tenant les bourses, et s’éloigna rapidement. Heureusement qu’il était parti sans un mot, car je n'aurais pas hésité à le frapper plus fort. C'est d'ailleurs pour une raison de ce genre que j’avais fini une fois en garde-à-vue. Comme pas mal de monde nous regardait, j’attrapais la main de Clémence et l'amenais dans les toilettes pour femmes.

_ Ça va ?

Elle hocha la tête pour dire oui, mais je la sentais perturbée.

_ Tu t'es inquiétée pour moi ? Je suis petite mais je sais gérer les cons de ce genre.

_ Oui, je sais.

_ Bah alors, pourquoi tu fais cette tête ?

Je réfléchis rapidement, et tentai :

_ C’est car plein de gens nous regardaient ? T'inquiètes pas, d’ici quelques minutes tout le monde aura oublié et…

_ Ce n'est pas ça, me coupa Clémence. Je m’en fiche de ce qu’ils pensent… C'est juste… Je n’ai juste pas envie que tu retournes en garde-à-vue à cause de moi.

Trop mignonne. Je lui caressais la joue, en riant.

_ Tu as peur que je finisse en prison et que je  t'abandonne ?

Ma meilleure amie fit la moue en poussant ma main.

_ Arrête de rire, je suis sérieuse.

Trop, trop mignonne. Mais je me fis violence, et m’appuyais contre le mur pour ne pas la prendre dans mes bras.

_ Je m'en fiche d'aller en garde-à-vue si c'est pour te protéger…

Clémence rougit, et avant qu’elle puisse réagir, je lui attrapai la main.

_ Allez, n’y pense plus, retournons nous amuser.

***

Après cet incident, la soirée fut calme. Clémence buvait un peu moins mais s'amusait bien. Jacob était venu nous demander ce qu’il s’était passé, et plein de copains avaient rigolé sur le fait qu’il ne fallait pas m'embêter. Puis vers une heure et demi du matin, Clémence ne tenait plus debout à cause de l’alcool et de la fatigue, alors on rentra chez moi. Elle s’écroula sur mon lit, et je me félicitai d’avoir gonflé le matelas avant de partir. Avant de me coucher, j'enlevai les chaussures de ma meilleure amie, puis m’endormis rapidement.  Ça avait été une chouette journée, mais j'étais exténuée !

Mon seule secret (histoire lesbienne) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant