Mon seule secret (histoire lesbienne)

Chapitre 53

Lorsque Clémence arriva, j'étais déjà assise dans l’amphithéâtre. J'étais arrivée plus tôt aujourd'hui, car je voulais voir sa réaction. Est-ce qu'elle allait m'éviter ? Est-ce qu’elle allait me gifler ? Est-ce qu’elle allait faire une déclaration d’amour devant tout le monde et m'embrasser, comme dans les films ? Aucun des trois, heureusement. Elle s'installa à côté de moi, sans mot, car le professeur arrivait également. Mais même si elle ne parlait pas, sa communication non-verbale était trop mignonne. Elle était un peu rougie, un peu timide… Comme je n'arrêtais pas de la fixer, elle s'approcha de moi, et chuchota :

_ Qu’est-ce qu’il y a ?

“Je t'aime.”. J’avais envie de lui dire… et maintenant que je l'avais fait une fois, je pouvais recommencer, non ? Je m'approchais aussi pour être à quelques centimètres de son visage, et chuchotai à mon tour :

_ Je t’aime.

C'est la première fois que je disais réellement ce que je pensais, et c'était vraiment agréable. À présent, je pouvais être 100% moi-même. Je n’avais plus rien à cacher. Et cette honnêteté me rendait étonnement confiante. Les joues de Clémence virèrent rouge, et elle se reconcentra sur le professeur. Mais en l'observant, mon cœur battait si fort. J'espérais ne pas me faire de films, mais j’avais eu l'impression qu’elle avait esquissé un sourire…

Quelques minutes après, je la vis placer une feuille entre nous, et elle nota :

“Est-ce que ce soir, je peux venir chez toi ?”

Je griffonnais à mon tour :

“Bien sûr ! Tu es toujours la bienvenue chez moi, Clémence.”

Elle ne me répondit pas, alors je l’observais. Elle semblait anxieuse, les joues toujours rouges… Peut-être que j'allais avoir, déjà, ma réponse…

***

Installée sur mon lit, je fixais Clémence. Elle était debout face à moi, un papier à la main. Tout le long du trajet, elle semblait stressée, et je comprenais mieux pourquoi. Cette fille timide, pas douée avec les interactions directes, avaient préparé ce qu’elle allait dire sur une feuille.

_ Heu… C’est aussi long que ça… ?

_ Et bien… tu as décidé d'être 100% honnête avec moi, et j'aimerais l'être aussi… Mais tu me connais, je ne suis pas douée avec les discussions… Alors j’ai préféré tout préparer à l'avance.

Oui, je savais. Clémence était comme ça. C'était une femme anxieuse, qui n’aimait pas trop les surprises et quand les choses n'étaient pas bien organisées. Des fois, je me demandais comment elle pouvait supporter mon impulsivité depuis vingt ans. Elle qui était si calme et réfléchie… J'étais une tempête, à côté.

_ Je t'écoute, alors.

Je la vis regarder la feuille, et devenir rouge petit à petit. Ses doigts se crispaient sur le bord du papier, le froissant. Cela me peinait de la voir autant en difficulté. Elle ouvrit la bouche comme si elle allait commencer à lire… puis finalement soupira. J’avais vraiment peur qu’elle prenne la fuite en quittant mon appartement. Pourtant, ce ne fut pas le cas. Soudainement, elle serra la feuille, et laissa retomber ses bras. Son regard était cette fois confiant. Sans regarder sa note, elle déclara :

_ Je voudrais essayer… car je crois que… que tu me plais…

Il me fallut un instant avant de réaliser ce qu'elle venait de dire. Heureusement que j'étais assise, car je pense que j’aurais été capable de tomber.

_ Tu… quoi… ?

_ En fait, non, tu me plais. J’en suis sûre. Depuis longtemps je crois… même si je m’interdisais de le penser… et depuis que tu m’as embrassé, je…