Chapitre 26

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Assise au fond de l’amphi, je jouais au jeu du dinosaure sur Google, n'écoutant pas du tout le cours. Un mois que j'étais élève dans cette promo, et je me demandais si j'avais fait le bon choix d'études. Quentin avait raison : je n'étais pas du tout à ma place. Mais qu’est-ce que c'était, ma place ? À 20 ans, j'avais l'impression que rien au monde n’allait me correspondre. Je n’avais pas de réelle passion même si j’aimais beaucoup le métal, je n'avais pas de rêve ni de grandes ambitions. Je voulais juste être moi, et putain, j’avais du mal à savoir ce que j'étais.

Enfin, au moins, depuis la veille, j'étais officiellement une femme qui assume qu’elle est intéressée par les femmes. Et ça, c'était une grande étape dans ma vie. Mais, à part le dire, comment on pouvait montrer aux autres qu’on est lesbienne ? Je ne vais pas me le faire tatouer sur le front ou porter un drapeau LGBT tous les jours. Je réactivai internet sur mon ordinateur, et me lançai dans des recherches assez intéressantes mais grandement clichées. Ça marchait vraiment, de mettre une bague au pouce ? Heureusement, certaines réponses sur les forums étaient super mignonnes, en disant que c'était le feeling avec la personne qui montrait qu’on l'était, qu’on était avant tout une femme… Bon. Pourquoi pas essayer la bague ? J’ai toujours bien aimé en porter, une de plus, c'était chouette.

Je vagabondais sur un site de bijoux à Toulouse quand mon téléphone vibra dans ma poche. Quand j'étais en cours, j’avais activé l'option où seules quatre personnes pouvaient me contacter : ma mère, Clémence, Maëlle et Victoria. Dans la mesure où ma mère et Maëlle étaient certainement au travail et qu’elles n’alaient pas m'appeler en priorité s’il y avait un problème, et que Clémence était quelques rangs devant moi, juste à côté de Quentin, qu’une seule option s'offrait à moi. Justement, en prenant l’appareil, je vis le nom de ma collègue.

Moi : suis en cours, tout va bien ?

Vic : Mathilde peut pas venir, et les patrons sont en déplacement à Paris, tu peux faire la fermeture ce soir stp ? Je bosse depuis 7h30 et je pense pas tenir jusqu'à 19h.

Moi : Je vais perdre ma bourse à force de sécher… Je viens après manger. C’est bon ?

Vic : Tu me sauves la vie. Pour te remercier, je t’offre ton dimanche !

En voyant ça, mes yeux se mirent à pétiller. Ne pas travailler le week-end voulait dire une seule chose : je pouvais aller voir ma famille. Sans attendre, je pris les billets jusqu’à la gare la plus proche de chez mes parents et envoyai à ma mère :

Moi : Coucou ma maman ! Je ne travaille pas dimanche, je peux venir passer le week-end ?

Ce n’est qu'à la fin du cours que je reçu la réponse de ma mère.

Maman : Bien sûr ma chérie ! On prépare un bœuf bourguignon pour fêter ça. Clémence vient ?

Je souris malgré moi. J'appréciais beaucoup que ma famille intègre tout le temps ma meilleure amie.

_ Minipousse, on va manger au McDo ce midi, ça te dit ?

Je n'avais pas réalisé que Quentin, Clémence et d'autres s'étaient approchés de moi.

_ J'aurais bien aimé mais j’ai une urgence au travail, je vais y aller.

Aussitôt, Clémence perdit son sourire. Alors que les autres haussèrent les épaules en me souhaitant bon courage puis se dirigèrent vers la sortie, ma meilleure amie s'avança vers moi. Elle posa sa main sur mon bras, l’air inquiète.

_ Ce n'est pas dangereux, pour toi, de rater autant de cours…. ?

_ Pas spécialement, il n’y a pas d’appel et j'aurai quand même de bons résultats aux partiels.

_ Tu sèches de plus en plus…

Sans le préméditer, je posai ma main sur la sienne. Nous étions seule dans l’amphithéâtre et je me sentais bien plus à l’aise qu'avant, mais je savais que les camarades attendaient la jeune femme devant la salle, donc je me retins de lui caresser sa peau.

_ Ne t'inquiète pas pour moi, Clem…

_ Bah si, t’es ma meilleure amie et j'ai pas envie que tu sois dans la merde…

Je lui souris, et ne pu m'empêcher plus longtemps de glisser mon pouce sur sa main. Voulant tout de même changer de sujet, je déclarai.

_ En contre partie d’aujourd'hui, je ne travaillerai pas dimanche.

_ Ah oui ?

_ Je vais chez mes parents, du coup. Ma mère demande si tu viens.

Le sourire de Clémence fut éclatant et fit fondre mon coeur amoureux.

_ Je viens. Est-ce que-

_ Clémence ! On a la dalle !!

On se retourna toutes les deux vers Quentin et les autres qui venaient de rentrer de nouveau dans la salle. L’absence de chaleur soudaine, vu le mouvement de recul de ma meilleure amie, me serra la poitrine.

Elle me sourit, en faisant le mouvement d'écrire sur son téléphone -signe pour me dire qu'on finissait la conversation par message-, et s’en alla finalement. Je fis alors de même, prête à faire une après-midi de travail. J'étais en train de marcher quand mon téléphone vibra.

Clem : Je viens. Est-ce que j'amène quelque chose ?

Moi : Tu connais mes parents, juste notre présence les comble. Mais si tu veux amener du vin blanc, ma mère sera heureuse.

Ma meilleure amie répondit avec un smiley clin d’oeil, et je souris en regardant le ciel. J’avais tellement hâte de revoir ma famille.

Mon seule secret (histoire lesbienne) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant