_ Comment se fait-il que les vêtements que je laisse ici sont toujours couverts de poils ?
_ Polochon t'adore, c'est pour ça.
Je baissai les yeux vers la boule de poils rousse qui était installée sur mes genoux. Oui, en effet. Faut dire qu'on avait 9 ans quand elle a eu le matou, et à cette époque, j'étais quasiment tout le temps chez elle. Nos familles étant très prises, nous étions toujours fourrées ensemble. Il paraît que nos mères respectives étaient voisines et amies, et quand elles étaient tombées enceintes en même temps, elles avaient été folles de joie. J'étais toutefois née un mois plus tôt, en février. Et depuis, avec Clémence, nous étions inséparables. Au point que son chat m'adore.
_ Moi aussi je t'aime, dis-je d'une voix stupide en gratouillant le dos du félin.
Tout en caressant l'animal, mon esprit s'égara. J'avais cette horrible manie de toujours penser tout le temps. Mon cerveau n'arrivait jamais à se mettre en pause. Je cherchais constamment des activités relaxantes et apaisantes, et c'est pour cette raison que le travail dans un lieu aussi serein que le café me plaisait. Il me permettait de calmer mes pensées en surchauffe. Clémence était la seule personne sur Terre à parvenir à m'apaiser. Les autres me voyaient comme une folle optimiste et toujours joyeuse, souvent dans la lune. Mais Clem, elle, savait la vérité. Elle me laissait souvent la liberté d'être dans ma bulle, mais rapidement, elle revenait à moi pour me rappeler à l'instant présent. Plusieurs fois, elle m'avait dit que c'était car j'étais HPI ou peut-être avec un TDAH. Moi, je me considérais juste décalée, et j'étais heureuse que ma meilleure amie me comprenne aussi bien.
C'est alors que mon cœur accéléra dangereusement en voyant malgré moi la scène sous mes yeux. Clémence venait de retirer sa jupe, et était maintenant seulement en chemise et culotte. On se calme, Alix. On est chez elle, c'est ta meilleure amie, elle est hétéro et toi tu n'es pas attirée par elle. Il était vraiment temps que je passe le cap de rencontrer des femmes !
_ Tu vas à la douche, essayais-je d'articuler en évitant de regarder la beauté de ses cuisses ?
_ Je me dépêche !
Elle s'enferma dans la salle de bain, et je secouai la tête. Oh putain de merde ! Alix Noémie Robert, on se calme. Tout va bien. Polochon sentit mon trouble, et en profita pour s'en aller. Ne sachant pas comment changer mes esprits, je me rendis sur le balcon et observait le peu de points jaunes dans le ciel.
Depuis mon arrivée à Toulouse, l'an passé, c'était très certainement ce qui me manquait le plus. De ne plus voir les étoiles. Là où j'habitais, perdue dans la campagne tarnaise, je passais des heures à observer les constellations dans le ciel. Je me plaisais à chercher la grande ours, puis me dire que, quand même, ça ressemblait plus à une casserole. Parfois je tombais sur la constellation d'Orion et je me demandais quel type de drogue prenaient nos ancêtres pour se dire "Ah bah oui ça c'est sûr, c'est un guerrier avec un arc !".
Je remerciais sincèrement la nature de calmer mon cerveau quand j'entendis le petit son signifiant que Clémence venait de recevoir un message sur Instagram. À tous les coups, c'était un garçon. On ne dirait pas, mais elle avait quelques prétendants…
_ Ahhhh, soupira-t-elle en sortant de la salle de bain. Ça fait du bien !
Elle était habillée d'un débardeur et d'un short, et se séchait les cheveux en même temps. Avant qu'elle ne me rejoigne, je lui dit :
_ Ton téléphone a fait du bruit !
Elle me remercia, et s'installa sur la balancelle à côté de moi tout en observant son appareil.
_ Une pub ?
_ Nop, c'est Quentin.
Bingo. J'avais raison.
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Mon seule secret (histoire lesbienne)
RomanceElle, c'est Alix : 1m54, décalée et fière de l'être ! Elle, c'est Clémence : 1m70, réservée et en quête du grand amour ! Elles ont toujours été meilleures amies, et se connaissent par cœur. Mais se pourrait-il qu'Alix cache un énorme secret... ? ...