Chapitre 23

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J’avais songé à fuir, aller chez Victoria qui avait remarqué que je n'étais pas en forme mais qui avait eu la décence de ne rien demander, squatter chez des amis à mes parents, … Mais je ne pouvais pas me comporter ainsi, tout de même. C'était le summum de l’immaturité et je me plaisais à penser que j'étais quelqu’un d’assez sage.

Sage ? Ça ne me correspondait pas du tout, en fait. Par contre, j'étais intrépide et il était temps que je le sois même en amour. Je me motivai et entrai dans mon studio. En voyant Clémence sur mon canapé, je fis mine d'être surprise.

_ Oh, tu n'es pas partie ?

_Non, je voulais qu’on parle.

Oula, elle était drôlement froide. Je posai mon sac et m'assis à côté d'elle.

_ De quoi veux-tu parler ?

_ De ce qu’il s'est passé ce matin.

_ Ah ?

Bien sûr, Alix, faire celle qui ne comprend pas, c'est super intelligent. Pendant un instant, ni Clémence ni moi ne bougions. Je n’osais même pas m'installer correctement tant qu’elle n’avait pas dit le fond de ses pensées. Puis soudainement, j'entendis :

_ Est-ce que tu es jalouse ?

J’ouvris la bouche, puis la refermai aussitôt en me tournant vers elle. Qu’avais-je fait pour me trahir ? Enfin, non, en revoyant comment je réagissais depuis ce matin, ce n'était pas bien étonnant que mes sentiments aient été révélés. Mais comment pouvait-elle faire pour rester aussi… calme ? Froide, certes, mais calme.

_ Que veux-tu dire par là… ?

_ Je… commence à me demander si tu ne serais pas jalouse… Peut-être que tu es intéressée par Quentin ?

_ Attends, quoi ?

_ Je veux dire, reprit-elle avec affolement, tu ne me parles jamais de sentiments et de garçons, mais Quentin est sympa et je me disais que, peut-être, si tu ne voulais pas parler de lui et moi, c'est car tu étais amoureuse de…

Je fis une grimace en entendant cette phrase. Paniquée, j’aggripai les joues de ma meilleure amie pour la faire taire.

_ Nop, Nop, Nop. Tu te trompes carrément. Je ne suis pas du tout, du tout, du tout intéressée par Quentin. Je te jure.

_ Mais, demanda-t-elle malgré sa tête déformée, pourquoi tu es partie ce matin… ?

_ J'étais pressée, je t'assure. Je ne ressens absolument rien pour Quentin.

Je la lâchai en me reculant, réalisant le quiproquo. Ça n'avait pas dû être très agréable pour Clémence, mon départ de ce matin… Je l'entendis alors se racler la gorge, et dire :

_ C’est que tu me parles jamais de tes sentiments, je ne sais pas trop quoi penser de tout ça…

Waw, n'était-ce pas un super moment pour faire un coming-out ? Ce serait une très bonne idée. Il était temps. J'étais décidée à le lui dire, je pris mon courage à deux mains, et déclarait :

_ En réalité, je… je suis…

Merde, c'était finalement trop difficile. J'avais trop peur qu’elle comprenne que je l’aime. J'étais effrayée à l'idée qu’elle se sente trahie et m’en veuille, ou qu’elle mette une distance… Au dernier moment, je me relevai pour aller vers la cuisine.

_ C'est qu’il n’y a rien à dire. Je ne suis intéressée par personne. Promis.

Mon mensonge me laissa un goût amer dans la bouche. Je venais de mentir à ma meilleure amie, encore une fois. Ce seul secret me blessait profondément et allait causer ma perte.

_ Hm, d’accord.

Finalement, après quelques instants de silence, Clémence me proposa d’aller manger dehors, mais je refusai en prétextant vouloir me coucher tôt. Elle s’en alla alors, me laissant toute seule avec ma peine. Je n’en pouvais plus, de mentir et de ressentir tout ça. Je ne savais pas comment réagir, et je ne voyais aucune fin heureuse à cette histoire. En repensant aux qualités qu'on utilisait pour me décrire, je soupirais. Intrépide, extravertie, décalée… C'était bien beau, mais en fait, un seul mot me définissait : lâche.

Mon seule secret (histoire lesbienne) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant