Mon seule secret (histoire lesbienne)

Chapitre 54

Mon réveil sonna, et enroulée dans ma couverture, je ne bougeais pas. J'avais trop peur qu’en me levant, la magie de ce rêve disparaisse. Il était vraiment beaucoup trop génial. Me mettre en couple et embrasser Clémence, c'était vraiment…

_ Alix… Ton réveil…

Je me redressai d’un coup. Ce n'était pas un rêve. Clémence était bien là, sur mon lit, tandis que je dormais sur le matelas pneu. J’avais encore une fois refusé de dormir avec elle, car ma libido était en feu après ces quelques baisers échangés. Rapidement, j'appuyais sur mon téléphone pour couper la musique de Nightwish, et me tournai vers Clémence, en souriant.

_ Bonjour…

_ Hey…

Elle était toute rougie, et je n’osais pas m'approcher. La veille, en discutant, j’avais été drôlement confiante, en lui disant de sortir avec moi, et en lui disant qu’on était capables d'être en couple et heureuses et tout… Mais en réalité, je n’en menais pas large. C'était effrayant, tout ça. Outre la peur de la perdre en tant qu’amie si ça ne se passait pas bien, d'autres points me tracassaient. Est-ce qu’on allait se montrer ? Est-ce qu’elle était donc lesbienne ? Allait-elle faire son coming-out ? Comment l’annoncer à nos familles ? Soudain, une main sur mon épaule me sortit de mes pensées.

_ Alix, reconnecte-toi à la réalité… Il faut se doucher et aller en cours.

_ Se doucher ? Ensemble ?

Clémence devint écarlate.

_ Heu… Non, je ne pense pas. Tu aimerais ?

_ Heu… Peut-être pas maintenant…

Si juste dormir contre Clémence habillée était un calvaire pour mes hormones, je n’osais pas imaginer comment ce serait avec elle, toute nue, dans ma petite douche.

_ J’y vais rapidement alors.

J'acquiesçai, et ouvrit grand les yeux quand ma meilleure amie s'approcha de moi pour déposer un léger et court baiser sur mes lèvres. Wow. Je n'aurais jamais pensé qu’elle serait comme ça. Peut-être que j’avais raison, la veille : maintenant qu’on était en couple, il y avait de grande chance que Clémence soit la plus confiante et entreprenante de nous deux, puisqu’elle avait de l'expérience, contrairement à moi. Il me tardait de voir l’évolution de notre jeune et nouvelle relation…

***

_ Alix, tu t’es rendormie…

_ Hm… Je vais sécher ce matin je crois, il n’y a pas d’appel…

_ Tu vas te faire chopper à force…

Je souris, me demandant comment j’allais justifier une absence si je me faisais attraper. Puis finalement, je me relevai un peu en posant ma main sur sa joue, et l’embrassai très tendrement

_ T’es belle.

_ Toi aussi…

Elle me rendit mon baiser, et s’en alla. Je profitais de son départ pour récupérer mon lit, qui avait encore sa chaleur et son odeur, et je me sentais tellement bien… J’avais besoin d'en parler. Ni une, ni deux, j’attrapais mon téléphone et appelais ma cousine.

_ Hey Alix, je suis au travail, ça va ?

_ Je suis en couple avec Clémence.

Silence. C'était étrange, ça. Au bout de quelques secondes, j'entendis :

_ Chouette, c’est une bonne nouvelle. Je vais à ma pause café, je te rappelle quand je suis seule et tranquille.

Je n’eus même pas la temps de répondre. Mais quelques minutes après, mon téléphone sonna.

_ Alors, raconte moi.

Je lui racontai alors notre baiser chez mes parents, tout ce qu'il se passait en ce moment, notre conversation de lundi soir, celle d’hier soir…

_ Comment tu te sens, après tout ça ?

_ Folle de joie et morte d'inquiétude. J'espère que ça va bien se passer.

_ Mais oui. De toute manière… tu veux mon avis ?

_ Oui ?

Elle se racla la gorge, et déclara :

_ Je pense qu’on peut dire assez facilement que vous êtes en couple depuis maintenant des années….Vous faites tout comme un couple, après tout. Il ne manquait que l’intimité, quoi.

_ Ho… Je n’avais jamais vu ça comme ça.

_ Je ne sais pas ce qu’est votre définition de l'amour et de ce qu’est un couple, mais vous répondez plutôt bien à la mienne, en tout cas.

Je souris malgré moi.

_ Tu ne sembles pas étonnée du tout. Clémence t’a déjà raconté ?

_ Heu… Oui. Elle m’a appelé lundi soir…

_ Ça explique ta réaction bien trop calme… Et du coup, elle t'a dit quoi ?

_ Nop nop nop, je n'ai jamais trahi ton secret, et je ferais pareil pour Clémence. Si tu veux savoir ce qu'elle pense, tu vas devoir communiquer avec elle. Si vous ne parlez pas, votre relation ne marchera jamais.

Je savais que Maëlle avait raison. Et elle en savait quelque chose. Elle était mariée avec une très bonne amie à elle avant d'être avec Nelly. L'amitié se transformant en amour, c'était beau. Mais finalement, par manque de communication essentiellement, les deux se sont éloignées et sont redevenues de simples amies. Et je ne voulais pas faire pareil avec Clémence.

Au bout d’une demi-heure de conversation, Maëlle soupira.

_ Je suis désolée, je dois retourner au travail, Abdel a eu un nouveau projet d'application pour l’entreprise et on a une réunion à 10h, faut que je finisse de préparer…

_ T'inquiètes, merci de m’avoir écouté. Ça me fait toujours plaisir de parler avec toi. Heu, au fait ! Comment va Nelly ?

_ Elle est fatiguée mais ça va. On croise les doigts.

_ Je croise les doigts aussi. Gros bisous à vous deux !

Elle me salua et raccrocha. J'espérais vraiment fort qu'elles allaient réussir à avoir un bébé. Ce serait tellement bien pour elles. Être tata - car je voyais clairement Maëlle comme une soeur -, ça me plairait bien, en plus.

J'étais sur le point de m’endormir quand mon téléphone vibra.

Clem : Le cours de cet aprem est annulé, ça te dit qu’on aille chez moi regarder la suite de Wakfu ?

Moi : D’acc, j'amène le reste des pâtes d'hier soir

Clem : Non t'inquiètes, on a des restes à la maison aussi

Moi : Mais si je reste ce soir, mes pâtes vont finir à la poubelle

Clem : Car tu comptes rester même s'il y a mes parents ?

Moi : Ah oui, pas faux ! Ce serait génial que cet appartement ne soit qu’à toi !

Clem : Oui ce serait génial. Je te dis à tout à l’heure ?

Moi : Oui. À tout à l’heure !

En reposant mon téléphone, je me sentais trop heureuse. J’allais passer du temps avec ma meilleure amie... enfin, non, ma chérie !