Chapitre 44

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_ Jeudi soir, on fête Halloween ! Comment vous allez vous déguiser, vous ?

Après l’examen qui avait été plus simple que prévu, on mangeait au restaurant U avec Quentin et les quelques gens sympas de son petit groupe. À vrai dire, je les aimais bien, mais je n’arrivais pas à les voir comme des amis… Peut-être parce qu'au fond de moi, je savais que je n'étais pas à ma place ? D'ailleurs, quand on parlait de cette fête, une autre personne ne se sentait pas à sa place. Je glissai mon regard sur Clémence, qui était un peu en retrait. Depuis toujours, elle et moi détestons Halloween. On aimait bien voir des déguisements et tout, mais on trouvait finalement qu’on ne commémorait pas assez les morts. Alors que se base, ça devait être ça… L’an passée, nous étions allées à une fête étudiante, et l'ambiance avait été exécrable. Tout le monde cherchait à se plaire avec des déguisements olé olé, et ça ne nous correspond pas trop. Mais peut-être que là, Clémence allait vouloir y aller ? Ne voulant pas prendre l'initiative, je la laissai répondre en premier.

_ Hm… On ne va pas venir, avec Alix, on le fête déjà avec d'anciens amis.

Rentrant dans son jeu, j’hochai la tête. Tous firent un petit commentaire comme quoi c'était dommage, et je remarquais la déception de Quentin. Puis l’heure de retourner en cours arriva. On marchait un peu derrière les autres quand j’entendis Clémence murmurer :

_ Merci…

_ De quoi ?

_ D'être rentrée dans mon mensonge. Je n'avais pas envie de fêter Halloween.

_ Je sais, ne t'inquiètes pas. Je n’avais pas envie non plus.

Elle me sourit, et mon cœur accéléra comme un fou. Comment pouvait-elle être aussi belle alors qu’elle stressait depuis plusieurs jours pour l'examen de ce matin, et qu’elle manquait cruellement de sommeil ? D’un coup, je réalisais. Pourquoi ce contrôle l'avait autant perturbé ?

_ Dis moi… ce matin… c'était un gros coefficient ?

_ Yep, c'était la moitié de la note finale de cette matière. Pourquoi ?

_ Ha…. J'espère avoir la moyenne…

J’avais révisé ce matin en prenant mon petit dej, mais ce n'était certainement pas suffisant. Bon, la matière était relativement simple, ça allait sûrement le faire. Comme à chaque fois qu’on évoquait les cours, Clémence me regarda tristement. Je savais, qu’elle savait. Que je n'aimais pas et que je songeais à peut-etre abandonner les études. Mais elle avait les mêmes inquiétudes que moi : et pour la bourse ? Et qu'est-ce que j’allais devenir ? Qu’est-ce que j’allais faire ? Allais-je un jour trouver une orientation qui me plaît ? La vie d'adulte, c'était effrayant. Mais je me devais de rassurer ma meilleure amie. Je lui caressai alors le bras pendant qu'on s’asseyait dans la salle de classe.

_ T’inquiètes pas pour moi. Quoi qu’il arrive, ça ira.

Une fois assise, elle se tourna vers moi et me demanda, en chuchotant :

_ Comment tu peux être certaine que tout ira bien ?

Je m'approchais alors d'elle, et répondis le plus bas possible :

_ Tant que tu es à mes côtés, je sais que je pourrais tout surmonter.

Clémence rougit, et l'arrivée du professeur nous obligea à nous taire. Pourtant, Clémence attrapa une feuille, la plaça entre nous et nota quelque chose dessus.

“Ne dis pas de bêtises comme ça.”

Je pris alors mon stylo.

“Je n'ai pas dit de bêtises.”

“Même si je suis là, ce sera difficile d'arrêter tes études.”

“Ouais je sais. Mais quand tu es près de moi, je suis heureuse, donc je sais que ça ira.

Elle regarda la feuille, et me fit une tête peut convaincue. Je continuais alors :

“Je t’assure. Tu me donnes de la force et je sais que tant que tu es là avec moi, je pourrais tout supporter.”

Clémence sourit tendrement. Elle me caressa la main, puis se concentra sur le cours. En relisant la feuille, je rougis malgré moi. Elle devait sûrement le prendre comme des déclarations de meilleure amie un peu trop sentimentale… Mais clairement, dans ces quelques phrases, on pouvait lire tout mon amour pour elle. Mon téléphone vibra, me sortant de mes pensées.

Vic : Hello la meilleure barista-serveuse du monde. Juste pour t’annoncer qu’on a pris notre décision avec Camille, et nous allons donc accueillir Mathias à partir de vendredi. Il sera en formation avec moi pendant deux jours. Pourras-tu prendre le relais dimanche, s’il te plaît ? On en parle jeudi, si tu veux.

Moi : Salut la meilleure responsable du monde. Pas de souci je m'en occupe. À jeudi !

Chouette, j’avais hâte.

Mon seule secret (histoire lesbienne) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant