Mon seule secret (histoire lesbienne)

Chapitre 35

Comme souvent, c'était un cours de quatre heures et le professeur avait jugé bon d'enlever la pause. J'étais en train de me demander si le monde des études supérieurs me correspondait, lorsque la voix de Quentin attira mon attention. Depuis l'autre bout de la salle, il me salua et s’en alla rapidement. Je terminai donc de ranger mes affaires, et me hâtai de rejoindre Clémence qui était encore à sa place.

_ Quentin ne mange pas avec nous ?

_ Nop, il profite de l'après-midi libre pour manger avec des amis à lui d'une autre fac. Mais les autres sont déjà partis au resto u, on a qu’à les rejoindre.

J'acquiesçai, et on marcha tranquillement jusqu’au restaurant du CROUS en regardant sur le site ce qu’il y avait à manger aujourd'hui.

***

Je détestais la bibliothèque universitaire. En réalité, je détestais réviser. Au lycée, j’avais facilement de bonnes notes juste en écoutant les cours. J’avais en effet une très bonne mémoire auditive, et Clémence avait tendance à dire que cela venait de mon côté HPI. Mais personnellement, je m’en fichais. Je faisais juste le stricte minimum pour avoir la moyenne, et ça me suffisait. Depuis la fac, que ce soit l'année dernière ou cette année en information-communication, c'était plus difficile, car je n'écoutais pas vraiment en cours. Je devrais donc peut-être réviser avec Clémence, mais je n'y arrivais pas. Ça ne m'intéressait pas et je préférais gribouiller sur mon cahier ou jouer sur mon ordinateur. Justement, j'étais en train de faire de fameux S que je faisais déjà en primaire sur une page. Pourquoi ce symbole était rentré dans les coutumes des dessins de cahiers, au juste ?

_ Tu ne révises pas, demanda-t-elle en chuchotant pour ne pas gêner les autres ?

_ Nop, m’en fiche de… Heu, de quoi au juste ?

Je tournai son ordinateur vers moi, assise à sa gauche, pour voir l'écran. “Analyse des données de communication dans les réseaux de bibliothèque des grandes métropoles”. J’avais beau apprécié la partie communication et emprunté des livres à la BU, ça, je m'en foutais. Je fis la moue.

_ Je confirme, je m’en fiche.

Clémence me regarda tristement. Ah… Elle me connaissait vraiment trop bien. Aussitôt, je réagis :

_ Eh, oh, ne me regarde pas comme ça. Si je rate mon année, je serais la seule fautive et ça ne me dérangerait pas.

_ Oui mais, on ne serait plus dans la même classe…

_ Oh, c'est pas grave ça. Tu seras toujours avec Quentin et les autres, c'est cool déjà !

Ma meilleure amie fit la moue à son tour, peu convaincue. C'était adorable, comment elle s'inquiétait pour moi et comment elle voulait rester à mes côtés. Je lui pris donc la main, et chuchotai en souriant :

_ On se voit quasiment tous les jours, de toute manière, ce serait juste pour les cours.

Elle fixa nos mains l’une sur l'autre un moment, avant de murmurer :

_ On se voit beaucoup moins, maintenant…

J’aurais pu la taquiner en lui demandant si je lui manquais, mais en voyant son regard aussi triste, je n'avais pas le cœur à rire. Moi aussi, elle me manquait…

_ C’est vrai qu’on fait moins de sorties entre meilleures amies, on devrait se rattraper.

Clémence releva la tête, et me sourit tendrement, avant de nouveau baisser la tête. Elle observa ma main, et caressa doucement la bague sur mon pouce.

_ Mais maintenant, on va encore moins se voir, non ?

_ Comment ça ?

_ Eh bien… maintenant que tu commences à faire des rencards… Tu vas finir par trouver une copine, et t'éloigner de moi, non ?