Chapitre 50

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_ Alix… réveille-toi…

Je sentais une main faire des papouilles sur mon bras, me tirant très doucement de mon profond sommeil. En voyant le visage de Clémence, qui était assise sur le bord du lit, une seule phrase me vint à l'esprit : “Je t’aime.”. Je voulais que cette vision soit celle de tous mes matins, pour toujours.

_ Il est quelle heure… ?

_ Midi et demi. Tu sembles tellement fatiguée que je t’ai laissé dormir.

_ Oh, merci…

Je me redressais en m'étirant, complètement groggy. J'étais encore morte de fatigue… Faut dire que j’enchainais les petites nuits depuis plusieurs semaines, et même si j’avais vingt ans, mon corps n'était pas surpuissant. Polochon sauta sur le lit, et vint se placer contre moi. Je le caressais, en entendant :

_ Mes parents sont partis chez des amis, ils te passent le bonjour.

_ Ah mince, tu leur diras pareil.

Je me rallongeais, crevée, et le petit chat s’installa sur moi.

_ Tu veux faire quoi cet aprem, demandais-je à ma meilleure amie ?

Elle haussa les épaules.

_ Je sais pas, j’ai envie de me reposer. Comme mes parents ne sont pas là, on peut regarder une série tranquille ?

_ D’acc, ça me va. Ça te dit de se refaire Wakfu ?

***

Appuyée contre une table, j'écoutais monsieur Dufer et madame Boivin se complimenter sur leurs tenues respectives. Ahlala, ils étaient trop mignons, ces petits vieux, à se draguer comme de jeunes tourtereaux. Mathias, qui était à sa troisième journée de travail, s’approcha poliment d’eux.

_ Bonjour monsieur, madame, je suis Mathias, le nouveau barista et serveur. Qu’est-ce que je vous sert ?

Le vieux presque-couple le salua, tous deux enchantés de voir une nouvelle tête ici, et donnèrent leur commande. De loin, j’observais le nouveau salarié, satisfaite. Il se débrouillait vraiment bien. Comme il y avait peu de clients et que Mathias gérait, je pris les petits escaliers à côté du comptoir pour arriver dans la cave où on rangeait le lait et les autres aliments. Au bout de dix minutes, même si je devais faire l'inventaire sur mon téléphone, j’ouvris l'application SMS.

Moi : Tu comptes passer cet aprem ?

Clem : Nop, j’ai un truc à faire. Je vais pas tarder à y aller justement. À demain Alix.

Quoi ? C'était une réponse bizarre, ça. Froide, sans donner de détails et en mettant clairement fin à la conversation…. Qu'est-ce qui se passait… ? J'allais creuser, quand j’entendis le bruit de la porte.

_ Bonjour !

_ Salut. Tiens, je te connais toi, non ?

En reconnaissant la voix, je me retins de rire. Mathias n'était pas réputé pour être physionomiste, au Cornu. Je doute qu’il se rappelle…

_ Hm… Tu ne serais pas l'ami d’Alix… ?

_ Ah mais si, c’est ça ! Tu es son sauveur de votre danse infernale. Math, c'est ça ?

_ Mathias, c'est pas loin. Et toi ? Alix ne nous a pas présenté.

Amusée, je repris ma tâche sans sortir, mettant de côté dans ma tête la réponse de Clémence. Je n'étais pas étonnée que JB se souvienne de Mathias, car pour le coup, il était très sociable. Mais vraiment, après plusieurs années à côtoyer souvent Mathias, c'était la première fois que je le voyais se rappeler de quelqu’un, et cela m'étonna grandement.

_ Jean-Baptiste, mais tu peux m'appeler JB comme tout le monde.

_ Pourtant, c'est un beau prénom Jean-Baptiste.

_ Bof, c'est surtout long et pompeux, je préfère JB.

Puis j'entendis un court silence, des bruits de pas… Le grand géant devait sûrement amener la commande aux clients déjà présents. Tranquillement, je continuais mon travail, notant sur mon téléphone la quantité de produits restants. La commande du réassort allait bientôt être faite, et Victoria souhaitait montrer comment ça marche à Mathias.

_ Et du coup…. Tu es le nouveau salarié, c'est ça ? Vic m'a interdit de venir la semaine dernière car elle faisait la journée test, si je ne me trompe pas.

_ C’est ça. J’ai commencé vendredi.

_ Oh, très bien. Je savais pas qu’Alix pistonnait des gens.

Je reconnaissais bien là JB :  la majeure partie du temps taquin, et très provocateur.

_ Elle ne m’a pas pistonné, j’ai travaillé dur pour…

_ Eh, Mathias, je déconne. Tu vas devoir t’habituer à mon humour, je passe tous les dimanches pour la commande de pâtisserie de la semaine.

_ Ah…. d’accord. J’ai hâte de m’y habituer, alors.

Dis donc… C'était qu’une impression, où le courant passait bien, entre les deux ? Je secouais la tête, dubitative. Pas possible, JB était en couple avec son taré et Mathias était… Hétéro ? En réalité, on n’avait jamais parlé de ses expériences amoureuses et je ne l'avais jamais vu proche de quelqu’un. Peut-être que… ?

_ Alix, il y a JB pour les gâteaux !

_ Ah ! J’arrive !

Appelée par le devoir, j’abandonnais mon inventaire - et mes délires - et remontais. En me voyant, JB sourit. Il était juste en face de Mathias, et en le voyant, je me retins de rire. Je l’avais toujours trouvé grand, car il faisait 1m80, mais à côté de Mathias et ses 2m, il était finalement très petit !

_ Ah tu es là ! Je me demandais si ma partenaire préférée m'évitait.

_ Mais non, je préparais la liste pour le réassort. Et puis tu as été accueilli par notre superbe nouveau venu. C’est bien aussi, non ?

JB observa mon ami de la tête aux pieds, en souriant toujours.

_ En effet, c'est bien aussi. Surtout que tu n’as pas jugé bon de nous présenter, la dernière fois.

_ Rhooooo. JB, Mathias ; Mathias, JB. Voilà, c’est chose faite. On travaille ?

Le grand blond éclata de rire.

_ Mais quelle sale caractère ! J'espère que tu seras plus tendre avec moi, toi, Mathias !

Mathias le regarda, l'air sérieux mais avec un petit sourire en coin.

_ Qui sait… ?

Nom d’un petit bonhomme. Ils se taquinaient… ? Oulalala, les dimanches allaient devenir très, très, très intéressants.

Mon seule secret (histoire lesbienne) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant