Chapitre 13

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Le lundi matin, on commençait à 10h avec un de mes cours travaux pratiques favoris : la communication visuelle. On travaillait sur les symboles, les couleurs, le sketchnoting et plein d'autres notions où l'information passait par l'image. J'adorais ça. Malheureusement, le professeur avait formé des groupes de quatre pour le travail du jour où il fallait dessiner une storyboard sur une expression française. Faire passer "Pierre qui roule n'amasse pas mousse" par l'image, ce n'était pas simple. Surtout que, eh, ça voulait dire quoi, cette expression, sérieusement ? Ça n'avait aucun sens…

Un peu plus loin, je voyais Clémence qui était toute discrète dans son groupe. Le sien avait pioché l'expression "Remettre l'église au centre du village". Et en voyant le visage de ma meilleure amie, je pouvais deviner sans mal ce qu'elle pensait : elle avait une tonne d'idées, mais elle n'allait pas oser s'imposer auprès des trois autres. Qui pourtant étaient cools, elle pourrait sans mal prendre la parole. Mais la franco-japonaise était ainsi : timide et réservée avec les autres, même si elle reste souriante et gentille. Alors qu'elle devient toute joyeuse et taquine après un ou deux verres d'alcool… Difficile à croire qu'elle était la même personne qui m'avait taquiné comme une folle ce week-end. Et pourtant, j'avais totalement conscience qu'elle s'autorisait à s'amuser ainsi avec moi car j'étais sa meilleure amie. Même en soirée avec d'autres bons amis, elle n'avait fait ce petit jeu de flirt. Au contraire, ce n'était pas trop son fort. Elle était taquine qu'avec moi et….

_ Waw il est trop beau ton tatouage Alix, je ne l'avais jamais remarqué !

Comme à chaque fois que quelqu'un me sortait de mes pensées, je me tournais vers la personne qui parlait, en essayant de comprendre exactement ce qu'elle avait dit. Leila était une fille sympa, je l'aimais bien. Je lui souris, en lui montrant un peu plus l'intérieur de mon bras. J'avais ce tatouage depuis maintenant quelques mois. Il représentait un rhinocéros avec un oiseau sur le dos. Il avait été fait avec une technique appelée le dotwork dans la majorité des zones, et quelques endroits étaient un peu plus appuyés tout en restant minimaliste.

_ Merci, dis-je avec un gros sourire. C'est mon cadeau de Noël dernier.

Leila me rendit mon sourire, et Gabriel, de notre groupe aussi, passa le doigt dessus. Je fis mine de ne pas être perturbée mais ce geste, mais c'était le cas. D'où il me touchait, celui-là ?

_ C'est vrai qu'il est très beau. Tu l'as fait à Toulouse ?

_ Yep. C'est Grenouille Tatoo qui me l'a fait, tu…

_ Oh, je connais ! J'ai fait le mien avec sa collègue !

Il tira sur son col pour laisser apparaître un tatouage effet aquarelle représentant le Joker dans le film Batman. En effet, c'était totalement le style de Nora.

_ Il est très bien fait aussi. J'aime beaucoup.

_ Merci. J'ai tellement douillé…

Je pouffai de rire quand la dernière du groupe, Coralie, fit une pichenette à Gabriel.

_ Fini les bavardages, on a plus qu'une heure et demi pour terminer et franchement, je comprends toujours pas l'expression…

Mes trois compères débattaient sur la signification de l'expression quand mon attention se porta, encore…., sur ma meilleure amie. Elle avait été intégrée à la conversation, ou peut-être qu'elle s'était imposée en se forçant, et semblait commencer à dessiner. Je ne pu m'empêcher de sourire, très fière d'elle. Elle était vraiment la meilleure, luttant sans cesse contre ses difficultés.

***

À la fin du cours, très déçue par mon 7/20, je voulais retrouver Clémence, mais je fus devancée par Quentin. Celui-ci s'approcha d'elle, un grand sourire aux lèvres.

_ Coucou ! C'était trop chouette votre idée de parodie des Convois de l'extrême qui doivent déplacer une église !

Clémence lui dit la bise pour le saluer, les joues légèrement rougies.

_ Oh, merci… Mais c'était un travail collectif. Et puis, c'est grâce à Diane qui est vraiment douée en dessin…

_ Eh, arrêtes de faire la modeste. J'étais juste derrière vous, j'ai entendu que c'est toi qui a proposé l'idée. Félicitations pour ton 18, en tout cas, c'est vraiment mérité.

Même si ça me coûtait de voir ça de loin, je souris malgré moi. Quentin était un gars vraiment gentil, et ça se sentait qu'il était sincère avec Clémence. J'avais eu un peu peur au début que ça ne soit qu'un énieme charo attiré par les charmes asiatiques de ma meilleure amie, mais de toute évidence, il l'appréciait vraiment. A contre cœur, je m'éloignai pour les laisser entre eux lorsque j'entendis derrière moi :

_ Alix ! Attends-nous !

Ah. Bon bah, c'était loupé pour éviter de tenir la chandelle. Ma meilleure amie me rattrapa, suivie de Quentin qui fit un peu la moue. Il me regarda tristement, avant de finalement sourire.

_ Salut Minipousse.

_ Hello.

Comme je m'y attendais, le chemin jusqu'au restaurant universitaire fut ennuyant. Quentin et Clémence parlaient d'une série à la mode que je n'avais pas vu. Je n'étais pas trop fan de séries, j'en regardais quelques uns mais vraiment très peu… Quentin se dirigea naturellement vers des gens du groupe, et même si ça ne m'enchantait pas, je fis de même.

Quand on disait être sociable, les gens faisaient directement l'amalgame avec les gens qui ne supportent pas la solitude. J'aimais beaucoup parler avec les gens, j'avais le contact facile avec tout le monde, même les inconnus, et j'adorais écouter les autres. J'étais une oreille attentive pour ceux qui veulent parler, une épaule solide pour ceux qui cherchent du réconfort, un bon public pour tout type d'humour… Mais ce n'est pas pour autant que j'aimais constamment être avec plein de gens. Mes moments de solitude ou seulement avec Clémence étaient importants pour moi.

Je décrochais de la conversation où chacun débattaient sur l'intérêt de certaines expressions françaises quand mon téléphone vibra. Une notification Instagram ?

Tania : Tu connais le groupe Vision of Atlantis ?

J'avais une bonne mémoire des gens, alors je me rappelai directement de la jeune femme rencontrée samedi à la gare. Nous n'avions pas échangé depuis et j'étais surprise qu'elle vienne vers moi.

Moi : Oui, c'est du très chouette symphonic métal. Il y a un petit air Nightwish, j'adore.

Tania : Cool, c'est dans mes recommandations Spotify. Je vais écouter ça dans le train !

Moi : Tu rentres de Foix ?

Tania : Ouais, j'ai cours demain !

Tout le long du repas, je discutais avec la jeune femme. J'appris qu'elle avait 24 ans, et qu'elle faisait des études en anglais. Ses parents habitaient à Foix et elle profitait du fait de ne pas avoir cours le lundi pour passer du temps avec eux.

_ Tu parles à Vic ?

Comme souvent, Clémence venait de se pencher sur moi pour regarder mon téléphone. Sentir sa peau frôler la mienne me fit frissonner.

_ Non, à Tania, tu sais, la fille du train.

_ Ah, oui, d'accord.

Elle ouvrit la bouche pour ajouter quelque chose mais Quentin lui attrapa la main, doucement.

_ Comme on n'a pas cours avant 15h, ça te dit d'aller réviser avec moi à la BU pour l'exam de jeudi ?

Clémence se tourna vers moi comme pour me demander mon avis, et j'haussai les épaules. Elle accepta alors, et ils s'en allèrent. En les regardant partir, Coralie jaugea :

_ Ils vont bien ensemble, ces deux-là ! Je me demande quand ils sortiront ensemble !

Chacun proposa une date, sauf moi. Imaginer le temps que mettrait Clémence avant d'accepter les avances de Quentin était trop douloureux. Être amoureuse de sa meilleure amie, c'était vraiment horrible. Mon téléphone vibra encore.

Tania : J'arrive vers 15h, cet aprem. Ça te dit qu'on se voit pour parler musique, si tu es dispo ?

Mon seule secret (histoire lesbienne) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant