Chapitre 20

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Allongée sur mon canapé-lit, je scrollais sur une énième application. J’avais envoyé un message à Tania pour demander si la soirée était toujours d'actualité, mais elle m’avait répondu qu’elle était finalement chez sa famille à Foix ce week-end, et que j’étais quand même la bienvenue à la coloc si je voulais. Mais sans elle, je ne me sentais pas trop de m'incruster. J'étais donc là, à m'ennuyer sans trouver la force de sortir ou, du moins, de faire quelque chose. Mon esprit flanchait souvent, imaginant la fille que j’aime en rendez-vous avec un garçon sympa. Et c'était tellement douloureux… Je fixai la vidéo d'un panda quand une notification en haut de l'écran attira mon attention.

JB : Toujours pas envie de venir ?

De quoi parlait-il ?

Moi : Tu te trompes de destinataire ?

JB : Nop, pas du tout ! Je t'en ai parlé, il y a une soirée spéciale à la boîte LGBT, et j'ai envie que tu viennes.

J’ouvris la bouche, puis la refermai aussitôt. J’avais eu envie de soupirer et d'écrire que je ne voulais pas me rendre en boîte de nuit, mais après tout, pourquoi pas y jeter un oeil ? Je n'étais pas obligée de rester longtemps.

Moi : … J’arrive dans 20 minutes.

JB : Ho woooow trop bien ! Je vais annoncer que la plus sublime des metalleuses de Toulouse arrive !

Je lui envoyai un smiley de doigt d'honneur et enfilai un pull à l’effigie de System of a Down par-dessus mon t-shirt Halestorm, avant de mettre mes chaussures et de partir.

En arrivant devant la boîte, je fus d'abord surprise par le bâtiment. Grand, gris et fade, donnant presque l’impression d'être délabré. Pourtant, il y avait plusieurs personnes assises devant, sur un petit muret, et le parking pas loin était assez rempli. Je remarquai enfin le petit drapeau arc-en-ciel au-dessus de la porte. Un lieu secret et agréable, d'après JB et ma tatoueuse.

Moi : Suis là

JB : je t’attend dedans, viens

J'obéis à mon ami et une fois à l'intérieur, j’eus soudain très chaud. L’air était lourd, il y avait plein de monde et beaucoup de bruit. La musique n'était pas terrible - du moins pas à mon goût - et je ne me sentais déjà pas à ma place. C'est alors qu’un jeune homme roux, sûrement la trentaine, me salua :

_ Hello ! Bienvenue à notre soirée spéciale célibataire ! Tu es là pour trouver l'amour, pour t'amuser un soir, ou juste pour regarder ?

Je regardais les trois bracelets de couleurs différentes sans trop savoir quoi dire, mais JB arriva en attrapant le bracelet noire.

_ Cette jeune femme a besoin de s'amuser, Fab !

_ Très bien, amusez vous bien, alors !

Puis sans attendre, le dénommé Fab m’attacha le bracelet noir, et JB attrapa ma main pour me guider jusqu’au bar. Là, il commanda plusieurs shooters, et lorsqu'il m’en tendit un, je souris.

_ Désolée JB, je ne bois pas.

Alors que je m'attendais à un énième jugement stupide, le blondinet ramena le verre vers lui.

_ Ah, désolé, je ne savais pas. Je bois ça, du coup. Tu veux quoi ?

_ Un sirop de menthe, c'est très bien.

Il commanda pour moi, et je remarquais au même moment son bracelet noir aussi.

_ Que veut dire exactement “s’amuser un soir” ?

_ Beh … Plan cul.

En entendant ça, je devins toute rouge.

_ Pardon ?!

_ En réalité, trouver des coups d’un soir ici est assez facile, pas besoin d’un bracelet. Mais c’est pour différencier ceux qui veulent vraiment trouver l'amour. Eux, ils ont un bracelet rouge.

Je regardais autour de moi, et en effet, il y avait beaucoup de gens avec des bracelets rouges. Certains avaient un ruban vert au poignet, sûrement ceux qui voulaient juste regarder ou qui étaient déjà pris.

_ Donc tu cherches un coup d’un soir ?

_ Affirmatif ! Je suis en couple libre, et baiser avec un inconnu ou une inconnue, ou les deux en même temps, j'adore ça !

Je le fixais, sceptique, avant de regarder à nouveau mon poignet.

_ T’es au courant que je ne vais pas coucher avec une inconnue ce soir, hein ?

_ Pourquoi pas ?

Je devins encore plus rouge. J’avais le souvenir que le sujet de ma virginité avait déjà été abordé, une fois, quand Jean-Baptiste était venu une après-midi au café. Devant réaliser, il déclara :

_ Tu sais, j’ai fait ma première fois avec un coup d’un soir et j’ai adoré.

_ Je ne pense pas être pareil, pour le coup.

_ Bon, je vais pas te forcer. Mais si on te drague, évite d’envoyer chier tout le monde, d’acc ?

_ Comme si on allait me draguer…

JB éclata de rire, et me tapota l'épaule.

_ Alix, t'es vraiment très canon. Je te parie 50 balles que tu vas avoir des prétendantes ce soir.

_ Pari tenu.

***

Bon, eh bien… Je devais 50 euros à JB. Plusieurs filles étaient venues me parler en l’espace de quelques dizaines de minutes. Ça avait un côté très flatteur, je n'avais jamais réalisé que je pouvais intéresser des gens. Enfin, des femmes, surtout… Mais j’avais malheureusement éconduit toutes ces demoiselles. Certaines étaient très jolies, mais je me sentais trop mal pour poursuivre une conversation. Le fait qu’il y ait plein de monde et beaucoup de bruit ne me dérangeait pas, mais tout me semblait étrange. Je ne me sentais pas du tout à ma place. Au bout d'une heure, c'en était vraiment trop pour moi. Je pris mon téléphone, tapai rapidement un message à JB, et sorti dehors.

En respirant l’air frais, je me sentais beaucoup mieux. Comment ces gens faisaient pour supporter cette ambiance ? C'était étouffant. Je pris mon téléphone, toujours allumé sur la conversation avec Jean-Baptiste.

Moi : c’est vraiment pas mon truc, j’y vais

JB : attend

JB : je sors

Justement, le blondinet passa la porte à ce moment. Il s'avança vers moi, l’air inquiet.

_ Ça ne va pas ?

_ Je suis désolée, j'apprécie beaucoup l’invitation, mais ce n’est vraiment pas mon truc, ce genre de boîte…

_ C'est quoi, ton truc, alors ?

Cette fois, je souris.

_ Tu veux que je te montre ?

_ Hein ?

_ Je t'ai suivie dans ton bar préféré, accompagne moi au mien.

Sans attendre sa réponse, je fis demi-tour en direction du métro. Je ne pensais pas qu’il allait me suivre, mais au bout de quelques instants, je sentis la présence du pâtissier à côté de moi.

_ T’as pas intérêt à m'amener dans un truc glauque.

_ Promis.

Mon seule secret (histoire lesbienne) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant