Mon seule secret (histoire lesbienne)

Chapitre 31

Assise dans le train, je regardais Clémence qui dormait en face de moi. On avait eu la chance de trouver deux places face à face, ce qui était rare quand on rentrait de chez mes parents le dimanche soir. Mes yeux glissèrent sur ses lèvres. Est-ce que j'avais bien fait de proposer ce baiser ? Après la phase d’euphorie car j'étais vraiment heureuse d’avoir pu embrasser celle que j’aime, des pensées très sombres m'avaient gagnées. Est-ce que je n’avais pas profité de la gentillesse de Clémence ? Sans compter qu’elle était pompette, avais-je le droit de proposer une telle chose ? Et puis, malgré ce qu’elle avait dit en rigolant, était-ce normal d’embrasser sa meilleure amie pour “tester” ? Je m’en voulais énormément, et je ne savais pas trop quoi penser de tout ça. Clémence, elle, était égale à elle-même et n’avait pas trop changé de comportement. Mais je sentais qu’elle me regardait moins dans les yeux et qu’elle était légèrement moins tactile. J'avais vraiment peur d'avoir tout gâché.

Pour me changer les idées, j’attrapais mon téléphone et fut surprise d’avoir une notification. Un message… de Mathias ?

Mathias : Yo la démone, j'espère que tu vas bien. Dis-moi, c'est bien toi qui travaille au café Boisé ? Je viens de voir une offre étudiante qui me plaît beaucoup, et je voulais savoir si tu pouvais me parler un peu de l'ambiance.

Je clignais des yeux plusieurs fois. On recrutait ? Depuis quand ? Et surtout… Mathias était étudiant ?? J'étais persuadé qu’il avait plus de trente ans. Enfin, cela ne veut rien dire mais…. Ça m’étonnait. Je pris le temps de lui parler de la structure et des missions, ce qui m’occupa tout le long du trajet. Travailler avec un copain du Cornu serait une drôle de coïncidence, mais très agréable !

En arrivant à Toulouse, j’attendis que les gens pressés se lèvent et partent avant de m'installer à côté de ma meilleure amie. Je lui caressais doucement la joue, comme souvent quand je la réveillais.

_ Allez, la princesse aux bois dormants, on est arrivés.

Clémence ouvrit les yeux très lentement, en retirant ses écouteurs.

_ Ok….

Toute groggy de sommeil, elle se leva, attrapa son sac à dos et l'énorme sac rempli de légumes de la part de ma famille, et se dirigea vers la sortie. Je la suivais en retenant mon rire. Trop mignonne. J’adorais vraiment ses différents aspects. Celui-ci, quand elle faisait l'enfant immature, était adorable.

_ T'arriveras à rentrer chez toi en un morceau ou faut que je t'accompagne ?

_ Non, t'inquiètes. Tu ne vas pas faire un aller-retour avec cette poche énorme. 

C’est vrai que ma mère avait aussi insisté pour que je prenne quelques restes de boeuf bourguignon, des légumes et des œufs. J'étais contente de ça, mais c'était lourd, dans le train et dans le métro… Sans compter qu'on devait faire le changement de la ligne A vers ligne B.

_ Certaine ?

_ Yep, arrête de faire ton chevalier servant, on en a déjà parlé !

Je rigolais, me souvenant bien de cette conversation. Souhaitant la taquiner, je m’autorisai à dire :

_ Pas ma faute si je t'ai toujours vu comme ma princesse à protéger, hein ?

Aussitôt, Clémence se figea et rougit. Wow. C'était quoi cette réaction ? J'avais envie de creuser, mais la jolie voix du métro annonça mon arrêt.

_ Bon, du coup, j’y vais. On s'écrit ?

_ Oui, bien sûr. À demain, Alix…

_ À demain !

Merde. Elle avait encore évité mon regard. Mais ce rougissement… Il était vraiment trop intriguant ! En marchant, je ne pouvais m'empêcher d’y penser. Est-ce que c'était normal d'embrasser sa meilleure amie ? Certainement que non. Et est-ce normal de vouloir tout le temps la taquiner ? Sûrement que non. Mais bon sang… Je n'arrivais pas à m’en empêcher….

Enfin chez-moi, je rangeai tout rapidement, pris une douche et m’effondrai sur mon lit. Bon, il fallait que je me change les idées. Que j'arrête de penser non-stop à Clémence. J’attapai mon téléphone, et ouvris l'appli de rencontre. Quoi de mieux que discuter avec des inconnues pour oublier le magnifique visage rougi de ma meilleure amie…. ?

…

…

Bon, bah, ça ne marchait pas. J'étais sur mon téléphone depuis quatre heures, j’avais matché avec sept filles, et aucune ne m’avait fait oublier le baiser avec Clémence, et sa réaction à ma taquinerie de tout à l’heure. J’avais juste envie de l'embêter encore plus, de creuser les choses, de voir… Et en même temps, qu’est-ce que j’avais peur. Sérieusement, aimer sa meilleure amie, c'était de la merde. Mon téléphone vibra au même moment. Une photo….de Clémence, avec devant elle un gratin.

Clem : Mes parents remercient les tiens pour les légumes ! On vient de passer trois heures à cuisiner avec mon père. Et toi ça va, tu es bien rentrée ?

Moi : Chouette !

Moi : Ouais, ça va. Je suis sur l’appli de rencontre, je papote avec des madames, mais rien de bien fou.

Autant être honnête. Maintenant que j’avais fait mon coming-out, je pouvais lui raconter ça, non ?

Clem : Oh, ok. Comment ça rien de bien fou ?

Zut, comment je pouvais dire ça ?

Moi : Pas trop mon genre.

Clem : Ah, d'accord. Et c'est quoi ton genre ?

“Toi.”

Moi : Je ne sais pas trop, je suis en train de le découvrir. Mais pas elles, malheureusement. On verra avec d'autres, j'ai le temps.

Après ce message, aucune réponse. Il faut dire qu’il était 21h. Sûrement qu’elle mangeait et qu’elle allait bientôt dormir…. C’est justement une heure après que Clémence m’envoya :

Clem : Désolée, je mangeais. J'espère que tu trouveras la fille qui te correspond alors. Je vais au lit, à demain en cours. Ne sois pas en retard !

Je souris malgré moi. La fille qui me correspond, hein ?

Moi : Merci. À demain. Fais de beaux rêves.
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Et voilà enfin un chapitre ! Faut dire que je refais des insomnies ces derniers temps.
Je tiens vraiment à m'excuser pour le temps d'attente entre les chapitres. Ma vie est quelque peu perturbée depuis un moment, et je crois que je vais commencer à retrouver une stabilité seulement maintenant. Mais je vais vraiment faire de mon mieux pour continuer l'histoire, et surtout pour la terminer correctement. Du coup, ça sera le dernier chapitre avec les interrogations d'Alix, et on va passer sur des chapitres bien plus courts (je pense) mais plus intenses (j'espère).

Comme vous l'avez compris, je reste sur le point de vue d'Alix. J'avais écrit une dizaine de chapitres avec Clémence et finalement, je n'accroche pas. J'adore le personnage d'Alix et j'ai l'impression qu'elle commence seulement maintenant à se révéler. Alors je ne veux pas l'abandonner !

Bref, je ne sais pas quand sera le prochain chapitre, je vous présente mes excuses pour l'attente et j'espère que ce petit chapitre vous plaira quand même après tout ce temps, même s'il est plutôt mou.

À bientôt, des bisous et merci à tous ceux qui me suivent et qui m'attendent