Chapitre 42

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Moi : Je suis en bas

Moi : Clem ?

Moi : ??

Cela faisait dix minutes que j'étais en bas de chez Clémence, et elle ne me répondait pas à mes textos. Peut-être que je devrais l'appeler, mais je détestais vraiment le téléphone… Je me décidais à le faire après vingt minutes d’attente. J’entendis une petite voix toute endormie :

_ Allo … ?

_ Clem ? Ça va ?

_ Hm…. ? Oui et toi Alix ?

Je me retins de rire.

_ Ça va. Tu dormais ? Je suis en bas de chez toi depuis vingt minutes.

_ Hein ? Je…

Un petit silence, puis j'entendis des bruits de vêtements.

_ Oh, mince, désolée, j’ai fait une sieste. J’arrive.

Elle raccrocha, et quelques minutes après, arriva en bas de son immeuble. Elle avait mis un sweat à capuche et un short, et ses cheveux étaient tout emmêlés.

_ Eh bien, je vois que quelqu’un a fait une grosse sieste ?

_ Rigole pas… J’ai passé la nuit à lire, je rattrapais juste mon sommeil en retard.

Je souris, et en arrivant chez elle, fut émerveillée comme d’habitude. C'était vraiment un super bel appartement. Comme à chaque fois, Polochon s'approcha de moi pour que je le caresse.

_ T’as qu'à poser ton sac dans ma chambre, je vais prendre une douche rapide pour me réveiller.

_ Tu veux que je t’accompagne sous la douche ?

_ Hein ?

Elle semblait tellement perturbée de ma phrase qu’elle lâcha son téléphone par-terre. Il tomba pile sur son pied nu, et elle étouffa un juron.

_ Oups, pardon. Ça va ?

_ Ça va. Je vais à la douche, toi arrête de dire des bêtises.

Et elle s'enferma dans la salle de bain. Mais même si elle s'était dépêchée, j’avais bien vu la couleur de ses oreilles. Elles étaient toutes rouges… A savoir si c'était de gêne, ou d'autre choses… ?

***

Quand Clémence sortit de la douche, on s'installa sur le canapé pour regarder la télévision. Les rares fois où j’allais chez elle quand ses parents n'étaient pas là, on avait un deal : je choisissais le film et elle choisissait le repas qu’on commandait. Ce soir, on allait donc regarder La planète au trésor, et on allait manger des empanadas. Ça m'allait parfaitement.

La soirée fut donc très douce. Clémence était à côté de moi, son chat entre nous, et je me sentais réellement à ma place. J’avais beau avoir apprécié la soirée d'hier, avec autant de monde et avec Tania, rien n'égalait une soirée avec ma meilleure amie. J'étais d’ailleurs très étonnée qu’elle ne me pose aucune question sur la veille. Pendant qu’on attendait notre commande de bouffe, on avait parlé de la journée et je lui avais raconté l’essai de Manon, mais c'était tout. À la fin du film, histoire de lancer le sujet, je tentais :

_ Tu as fais quoi du coup toi, hier soir ?

_ Pas grand chose. J’ai lu toute la nuit et je me suis endormie à 5h du matin.  Puis ce matin j'ai révisé l’exam de lundi, et cet aprem sieste.

_ Ah oui, c'est vrai qu’on a un contrôle lundi.

Je pensais qu’elle allait me demander “Et toi ?” ou un truc du genre, mais non. Elle regarda l’heure.

_ 22h. Tu veux regarder un autre film ou on dort ?

J’avais envie de passer du temps avec, mais mon corps me trahit en laissant échapper un énorme bâillement.

_ Je crois qu'une certaine personne est fatiguée…

_ Oui, c'est que j’ai peu dormi cette nuit…

Bon, elle allait réagir là, non ?? Il y avait beaucoup de sous-entendus, quand même. Je la vis me regarder, son visage ne montrant aucune émotion.

_ Tant mieux si tu t’es amusée. Allons au lit.

Elle se leva, mais je lui attrapai la main.

_ Tu n'as pas envie de savoir comment s'est passée ma soirée ?

Elle se retourna, le regard très froid.

_ Pourquoi aurais-je envie de savoir ce que t'as fait avec cette fille cette nuit ?

Je me levai à mon tour, surprise de ce ton glacial.

_ Quand tu as des rendez-vous, toi tu me les racontes.

_ Oui, et d'ailleurs tu détestes ça, ça se voit. Alors, je ne te raconte plus, et tu ne me racontes pas. C'est mieux comme ça.

Ok, c'était une réaction vraiment bizarre. Elle s'éloigna, et je me dépêchai de me mettre devant elle pour la bloquer.

_ Pourquoi ?

_ Pourquoi quoi ?

_ Pourquoi tu ne veux pas savoir ? Tu n'aimes pas me savoir avec une autre fille ?

Ses joues rougirent.

_ Ça n’a rien à voir. Tu fais ce que tu veux et tu sors avec qui tu veux.

_ J'ai quand même l'impression que ça te gêne que je passe du temps avec Tania. Sinon tu ne réagirais pas comme ça.

_ N'importe quoi, c'est juste que je suis fatiguée et bougonne, ça arrive.

En effet, ce n'était pas la première fois qu'elle était aussi froide par manque de sommeil, oui. Mais c'était la première fois que ça arrivait car je parlais d’un de mes rencards. Ce n'était de toute évidence pas car il s’agissait de deux filles, ma meilleure amie n'était pas homophobe, je le savais. Il y avait donc autre chose, et il fallait que je creuse.

_ Pourtant, la provoquais-je, toi qui adore me raconter quand c'est croustillant, tu aimerais.

Cette fois, Clémence me regarda droit dans les yeux, étonnée.

_ Comment ça ?

_ On s'est embrassées.

Je vis les yeux de Clémence s'écarquiller un peu, et elle ouvrit légèrement la bouche. Elle semblait vraiment choquée. Et elle ne disait plus rien. Comme ce silence était gênant, et même si j’avais envie de tester ses réactions, j’ajoutais :

_ Mais ça nous a surtout fait comprendre qu'il n'y a aucune alchimie entre nous. On a décidé de juste être amies.

Cette fois, Clémence se gratta la tête, chose qu’elle faisait quand elle était très, très gênée.

_ Ho… Je suis désolée pour toi.

_ Ce n’est pas grave, je préfère les choses comme ça. Elle ne me plaisait pas forcément, finalement.

_ D'accord…

Comme elle ne bougeait pas, je m’approchais d’elle et lui caressai doucement la joue.

_ Qu'est-ce qu’il y a, Clémence ? Tu sembles étrange.

_ Je… rien… Je suis perdue.

_ A quel propos ?

_ Rien… Je crois que je suis juste fatiguée et stressée pour lundi.

Je lui caressai encore la joue, et déposai un baiser sur sa joue. De toute évidence, la conversation était close, du moins pour aujourd'hui….

_ D'accord, allons au lit.

Le lit de Clémence était super grand. Même si nous étions à côté, il y avait assez de place pour ne pas se coller. Et ça m’allait, car après avoir vu Clémence aussi démunie, j'avais juste envie de la prendre dans mes bras. Finalement, épuisée, je m’endormis très vite.

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Trop heureuse de vos réactions en voyant Laura au chapitre précédent ! Merci. ❤️

Mon seule secret (histoire lesbienne) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant