Chapitre 3 - Lena

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⎯ Madame McMiller ! m'exclamé-je en voyant l'adorable grand-mère qui se tient devant moi, habillée d'un charmant tailleur rouge.

Il n'y a pas un jour où je ne l'ai vue sans être apprêtée, en plus de vingt ans. Malgré son âge, elle prend toujours beaucoup de plaisir à prendre soin d'elle.

Je l'admire pour ça. Personnellement, je ne mets jamais longtemps pour me préparer et mon maquillage prend la poussière depuis plusieurs mois, mais ça ne me pose aucun problème.

⎯ Ma chère Lena, me dit-elle en souriant.

⎯ Comment allez-vous ce matin ?

⎯ Je vais bien.

Elle a perdu son mari il y a six mois, des suites d'une longue maladie. Chaque lundi matin, elle passe à la boutique où je lui prépare un bouquet de fleurs de saison, qu'elle va déposer sur sa tombe.

⎯ Je suis contente de l'entendre, vous avez l'air en forme.

Elle a eu une période vraiment difficile après le décès de Joseph, mais elle semble aller de mieux en mieux même s'il est évident qu'elle a perdu l'amour de sa vie, et qu'elle ne s'en remettra jamais totalement.

⎯ Je fais ce qu'il faut pour tenir le coup.

⎯ Je suis sûre que Joseph est fier de vous, là-haut.

Elle me sourit, comme si elle le pensait elle aussi.

⎯ Alors qu'avons-nous là ?

Je dévoile un bouquet de tulipes multicolores, sous les yeux stupéfaits de ma cliente.

⎯ Oh, des tulipes !

⎯ J'ai eu un peu de mal à les avoir, mais je sais que c'était les fleurs qu'il vous avait offertes pour votre première rencontre...

⎯ Tu t'en es souvenue ! Lena, c'est vraiment adorable de ta part, tu es un ange.

Les fleurs ne sont peut-être pas un produit de première nécessité, mais quand je vois le bonheur qu'elles sont capables de procurer, je suis très heureuse de faire ce métier.

⎯ Bien sûr, vous connaissez ma mémoire d'éléphant ! plaisanté-je.

Elle rit aux éclats, sachant pertinemment que je suis très tête en l'air. 

Ça fait du bien de la voir aussi joyeuse.

⎯ C'est ce que je vois, dit-elle en attrapant le bouquet qu'elle porte à son nez avant d'en renifler le parfum. Merci pour tout, Lena. Combien je te dois ?

⎯ Rien du tout.

⎯ Lena, je ne peux pas accepter, je...

⎯ Bien sûr que si, vous pouvez, aujourd'hui est un jour spécial, vous fêtez vos soixante ans de mariage, et Joseph a réparé tant de fois mon vélo quand papa n'était pas là que je peux bien faire ça pour vous.

Je vois que mes mots la touchent et elle se saisit de ma main.

⎯ Tu es quelqu'un de bien, j'espère qu'un jour tu trouveras un amour comme celui que j'ai vécu avec mon Joseph, me dit-elle 

⎯ J'aimerais ça, moi aussi, répondis-je en hochant la tête.

Elle attrape l'ensemble de fleurs et quitte ma boutique le sourire aux lèvres. C'est une journée qui commence bien.

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⎯ Pause repas ! me lance Sofia qui vient d'entrer.

⎯ Mais qu'est-ce que tu fais là ? Je croyais que tu avais un million de choses à faire !

⎯ C'est le cas.

Ça a toujours été toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant