Chapitre 39 - Cooper

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— Non, vous leur dites qu'ils n'ont qu'à signer ce papier ou l'accord ne tient plus. Je me contrefous de ce qu'ils en pensent, John, ils n'avaient qu'à y réfléchir avant de se lancer dans cette affaire sordide.

De légers coups sur la porte attirent mon attention.

— Je dois vous laisser, mais faites en sorte qu'ils signent. Peu importe le montant.

Il est tôt. Je suis arrivé au bureau alors qu'il faisait encore nuit.

Je n'arrivais de toute façon pas à dormir, alors autant me rendre utile.

— Cooper ! Qu'est-ce que vous faites ici ? Vous avez vu l'heure qu'il est ?

— Je suis content de vous revoir moi aussi, Donna.

Elle lève les yeux au ciel et je suis prêt à me faire gronder comme un gosse qui vient de casser un carreau en jouant au foot.

— Oh, je vous en prie, vous savez très bien que je suis heureuse que vous soyez rentré, mais, sérieusement, hier encore vous étiez à New York, et aujourd'hui, alors que le jour se lève à peine, vous êtes déjà de retour au bureau.

— J'étais en vacances les dix derniers jours, j'ai eu tout le temps nécessaire pour me reposer, ne vous en faites pas. Et puis vous savez très bien que j'ai une audience que je ne peux pas louper cet après-midi.

Donna est un peu plus âgée que moi, la trentaine à peine entamée. C'est une jolie brune pleine d'envie et de bonne volonté malgré un départ compliqué dans la vie. Aujourd'hui jeune maman d'une petite fille de quelques mois, elle force d'autant plus mon admiration.

Même si son côté maternel a tendance à s'étendre un peu en ce qui concerne ma vie, ce qui me fait sourire.

— Je sais bien qu'il est inutile d'argumenter avec vous.

Elle arbore un léger sourire, qui trahit le fait qu'elle soit heureuse de mon retour, malgré tout.

— Comment était le mariage ?

— Super, répondis-je.

— Juste super ? C'était tout de même le mariage de votre frère ainé !

— C'était une très belle cérémonie, au bord du lac, un temps magnifique, on a eu beaucoup de chance.

Elle hoche la tête.

— Vous avez invité Lise à vous accompagner ?

Je souris. Donna est mon assistante, mais c'est aussi une véritable fouineuse et, pour une raison qui me dépasse, elle porte une attention toute particulière aux femmes que je fréquente.

— Non, Lise est très gentille, mais elle et moi... Ce n'est pas...

— Sérieux ?

— Quelque chose comme ça oui.

— Tant mieux, je ne l'aime pas beaucoup.

Sa franchise est l'une de ses principales qualités, même si elle n'est pas toujours politiquement correcte. Je préfère mille fois quelqu'un comme elle, qui dit ce qu'elle pense à ceux qui se cachent derrière un masque de bienséance.

Lise est avocate elle aussi.

Physiquement, c'est tout le contraire de Lena. Une grande blonde aux yeux bleus, pulpeuse et extrêmement sophistiquée.

C'est une femme brillante et il nous est arrivé de sortir quelques fois ensemble ces derniers temps, mais il n'y a jamais eu d'étincelles entre elle et moi. Pas comme avec Lena.

Lise vient d'une riche famille de Dallas. Elle n'a toujours connu que le luxe et c'est un style de vie qu'elle affectionne. Elle me rappelle Jenni à ce niveau-là et c'est une des raisons qui font que je n'accroche pas davantage avec elle. L'autre raison étant que j'ai toujours la tête ailleurs quand je fréquente une femme.

Et depuis ces quelques jours à Hillsborough, c'est encore pire.

J'ai l'impression d'avoir laissé une nouvelle partie de moi-même, là-bas.

Comme il y a dix ans.

Donna, qui est très douée pour analyser mes réactions, remarque que je semble me perdre dans mes pensées.

— Autre chose que je devrais savoir ? demande-t-elle, un discret sourire en coin, qui me laisse penser qu'elle a déjà compris une partie de ce qui se passe dans ma tête.

— Pas pour l'instant. On peut se voir à neuf heures pour débriefer ?

— Bien sûr, acquiesce-t-elle. Je vais prévenir les autres.

De nouveau seul dans mon bureau, je pose ma tête dans mes mains et essaie d'apaiser la tension qui l'a envahi.

Ma dernière soirée à Hillsborough, ainsi que la nuit qui a suivi ont été magiques et il m'a été très difficile de quitter Lena.

J'ai même sérieusement songé à ne pas prendre cet avion.

Je n'avais aucune envie de m'éloigner d'elle.

Pourtant, il a bien fallu se résoudre à l'évidence.

Elle et moi savions très bien que la distance géographique entre nous était là, depuis le début. Ce que nous n'avions pas prévu en revanche, c'était d'être emportés dans le tourbillon de sentiments auxquels nous avons dû faire face.

Mon cœur me dit que ma place est auprès d'elle. Même après seulement quelques jours de relation.

Mais j'ai ma vie ici désormais, et la sienne est là-bas.

Si ma relation avec mes parents est clairement dysfonctionnelle, celle de Lena avec les siens est parfaite. Je doute qu'elle puisse un jour partir et vivre loin d'eux. Et je ne ferais jamais le choix de lui imposer cela.

J'imagine que je pourrais prendre l'avion pour aller la voir aussi souvent que possible...

Il y a des couples pour qui cela fonctionne à distance. Pourquoi cela ne pourrait-il pas être notre cas ?

Non, c'est égoïste.

Elle mérite d'avoir quelqu'un auprès d'elle qui peut être là quotidiennement. Elle n'a pas besoin d'un homme qui ne pourrait lui accorder que de trop modestes journées de-ci de-là. Et pourtant...

Je ne désespère pas de trouver une solution. Il doit forcément y avoir quelque chose à faire. Je le lui ai dit.

Il y a une solution à chacun de nos problèmes, Lena.

Alors je vais faire en sorte de trouver lesquelles. Parce qu'après ces quelques jours passés à ses côtés, je suis sûr d'une chose. Je ne veux plus jamais la laisser s'éloigner de moi.

Ça a toujours été toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant