Ça a toujours été toi

Chapitre 15 - Lena

Ma rencontre avec Cooper m'a laissée fébrile.

Je suis de retour chez moi avec le cœur qui bat bien trop vite.

Il m'a dit exactement ce que je voulais entendre.

Ce que j'attendais depuis des années.

Je lui manque.

J'ai rêvé ces mots mille fois. Sans doute même davantage.

Et la vérité, c'est qu'il me manque aussi. Terriblement.

Évidemment, il a des choses à se reprocher, mais il en a conscience. Et je dois avouer que de mon côté, je n'ai jamais été non plus très ouverte à l'idée d'arranger la situation.

Alors il ne peut pas porter seul le poids de l'échec de notre relation.

Il m'aura fallu du temps pour admettre cette idée, mais je pense sincèrement que c'est ce qui va me permettre d'avancer.

Ceci dit, même si je suis prête à faire des efforts pour me réconcilier avec lui, il reste entre nous un problème de taille. Je suis attirée par lui. Vraiment.

Mais s'il nous a fallu dix ans pour nous permettre de nous parler à nouveau, je ne peux pas me permettre de tomber aussi vite dans mes bras.

Ça pourrait tout gâcher.

Et puis, je ne sais même pas si cette attirance est réciproque.

Ah, tout serait tellement plus simple s'il n'était pas si séduisant !

Sérieusement il ne faut pas être nette pour fantasmer sur ses biceps qui se contractent alors qu'on se dispute...

Pourtant, c'est exactement ce qui s'est passé tout à l'heure.

Mais qu'est-ce qui ne va pas chez moi ?

Le mariage est dans quelques jours, il faut juste que je tienne bon et ensuite, il repartira à Dallas.

Et moi, je pourrais mettre à nouveau sous cloche mes sentiments qui ne cessent de réapparaitre, les traitres.

Oui, juste quelques jours de plus. Je devrais pouvoir y arriver.

Il m'a fait promettre de ne plus me montrer hostile à sa présence et je m'y suis engagée. Cette bataille entre nous m'épuise et je refuse de la mener plus longtemps.

Je ne sais pas si les choses reviendront un jour à la normale. J'en doute. Mais avec les années, j'aime à penser que j'ai acquis un peu de sagesse, que je suis moins impulsive, et davantage capable d'agir comme une adulte.

Alors je vais essayer.

— Tu ne crois pas qu'on devrait la resserrer un peu ici ? me demande Sofia en désignant le haut de sa hanche gauche.

— Mmmh, peut-être un peu, dis-je après m'être levée pour voir de plus près. Qu'est-ce que vous en pensez ? demandé-je à la couturière.

Dans sa robe de mariée, elle va être absolument époustouflante.

— Oui, vous avez raison, acquiesce-t-elle. Mais Sofia, arrêtez de faire si attention de votre poids, vous allez finir par perdre un os, dit-elle.

— Je confirme ! renchéris-je.

Nous éclatons de rire, toutes les trois.

Il n'y a rien de tel qu'un essayage de robe de mariée pour détendre l'atmosphère.

— Eh, je reviens de loin ! J'avais pris beaucoup de poids pour Charlie !

— N'importe quoi, je t'ai vue enceinte, tu étais superbe et tu l'es toujours aujourd'hui.

— Je suis vraiment heureuse de t'avoir à mes côtés, me dit-elle en venant me prendre dans ses bras.

— Et moi je suis ravie d'être là ! dis-je en lui rendant son étreinte.

— Trop d'émotions pour moi ! dit-elle en essuyant une larme qui perle au coin de son œil.

Je ris en reculant pour laisser la couturière reprendre son travail.

— Imagine ce que ça va être lorsque tu vas te retrouver devant Carter !

— Ne m'en parle pas, cet homme m'en fait littéralement voir de toutes les couleurs, dit-elle en levant les yeux au ciel.

— C'est un Coleman, dis-je simplement.

— Oui, ça sans aucun doute !

— Je crois que nous sommes prêtes, intervient la couturière en mettant en place les dernières épingles avant de tourner une ultime fois autour de Sofia pour vérifier que tout est en place.

— Vraiment ? demande la future mariée.

— Vraiment, oui. Je vous fais les dernières retouches et je vous dépose la robe demain soir comme prévu. Vous serez magnifique.

Un large sourire illumine le visage de Sofia.

— Merci pour tout, lui dit-elle.

— Je vous en prie, ce fut un plaisir pour moi de travailler avec vous. Cette robe est une pépite et vous êtes une cliente exceptionnelle.

Nous lui disons au revoir après que Sofia ait retiré sa robe dans la cabine d'essayage et je patiente sur le parking le temps qu'elle règle quelques détails.

Et lorsqu'elle me rejoint et que nous entamons le chemin jusqu'à la voiture, je décide de lui raconter ce qui s'est passé hier soir.

— J'ai vu Cooper, dis-je soudainement.

— Sérieusement ? Quand ça ? demande-t-elle les yeux écarquillés.

— Hier soir, je suis tombée sur lui en allant au bord du lac.

— Vous vous êtes parlé ?

— Oui, un peu. J'ai été un peu prise de court, mais on a pu discuter.

— Par discuter, tu veux dire plus de deux mots consécutifs ? me taquine-t-elle.

— C'est en effet ce que je veux dire, acquiescé-je en riant.

— Et alors ? Raconte-moi ! Tu ne peux pas me dire un truc pareil et ne pas l'expliciter ensuite.

— Tu me sembles bien impatiente, jeune fille !

— Et bien, il se trouve que j'ai récemment développé une véritable passion pour ta vie amoureuse. Et j'adorerais t'avoir comme belle-sœur !

— On n'en est pas là, lui dis-je.

— Question de temps, ma chérie. Question de temps !

— Tu as l'air bien sûr de toi !

— Oh, je le suis. Il suffit de vous regarder tous les deux pour savoir que vous vous plaisez. Cooper est une tête de pioche, mais il est clairement fou de toi. Et toi, tu l'es tout autant.

— Ouais, ça se pourrait bien, confessé-je.

— De toute évidence ! dit-elle en riant avant de saisir mon bras.

— Qu'est-ce que tu fais ?

Elle désigne du doigt le bar le plus proche.

— J'ai envie d'un café dit-elle. Et j'avoue que j'ai aussi très envie d'entendre tout ce que lui et toi vous êtes dit alors...

— OK, je capitule !

Parler avec elle me fait du bien. Elle est la seule à qui je peux me confier à ce sujet. Évidemment il y a aussi ma mère, mais je ne me vois pas lui raconter à quel point j'ai envie de finir nue avec Cooper. Alors qu'à Sofia... Oui !

Elle m'aide à mettre de l'ordre dans mes idées.

Je sais qu'elle apprécierait de nous voir finir ensemble.

Et le fait est que... moi aussi.