Chapitre 33 - Cooper

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Lorsque nous franchissons la porte de son appartement, je sens Lena un peu nerveuse.

Je pense vraiment qu'elle a envie de renouveler l'expérience d'hier soir. Et bordel, moi aussi. L'érection qui m'agite depuis qu'elle a posé sa tête sur mes genoux cet après-midi peut en témoigner.

Mais je ne veux pas précipiter les choses.

Même si je n'ai plus que quelques jours à passer ici et que j'aimerais profiter de tout mon temps libre avec elle.

— Tu veux boire quelque chose ? J'ai du merlot, si tu aimes ça.

J'ai déjà entendu que Connor parlait du fait que c'était son vin préféré.

— Ça me semble très bien.

Elle m'offre un sourire timide en posant sur le plan de travail deux verres à pied, qu'elle remplit.

Je la vois fouiller dans ses placards à la recherche de quelque chose pour accompagner l'alcool et finir par en sortir une petite assiette de biscuits.

Je lève mon verre en sa direction, pour trinquer et elle en fait autant.

Aucun de nous ne parle. Il n'y a pas besoin de mots pour savourer la saveur symbolique de cet instant.

On se retrouve enfin, après toutes ces années.

******************

— Est-ce que ça fonctionne ?

Installée sur le canapé, Lena acquiesce.

— Oui, ça marche.

Je me redresse de derrière la télévision, ayant fini les branchements nécessaires et m'installe auprès d'elle tandis que le film démarre.

C'est ce que nous faisions, plus jeune, lors de la plupart de nos soirées en tête à tête. On s'installait devant la télévision, et on regardait de quoi passer le temps.

Je me souviens que j'attendais avec impatience les moments effrayants pour qu'elle vienne se blottir contre moi.

À l'époque, je n'avais pas su analyser ses réactions, je m'étais convaincu qu'il n'y avait rien, et j'étais passé à côté de quelque chose de magique.

Mais aujourd'hui, la vie m'offre une seconde chance que je ne suis pas prêt à laisser filer.

Et cette fois-ci, Lena vient se blottir contre moi sans que j'aie à attendre.

Elle glisse le long du canapé et j'ouvre grand mes bras pour l'y accueillir.

L'air est doux en cette fin de printemps, et les fenêtres ouvertes nous font parvenir le bruit des quelques personnes qui sont encore à l'extérieur à cette heure-ci.

Mais ici, dans son appartement, il n'y a qu'elle et moi.

Elle pose sa tête dans le creux de mon épaule et replie ses jambes sous elle.

Mais c'est quand sa main cherche la mienne que je me sens complètement déboussolé.

Je ne sais pas ce qui se passe, j'ai du mal à expliquer pourquoi elle me fait tant d'effet. Ce n'est pas physique. Enfin si, bien sûr qu'une partie de cette attirance est physique. Lena est sublime.

Mais si je devais passer la soirée avec elle dans mes bras sans pouvoir la toucher ensuite, ça me conviendrait.

J'aime le contact de sa peau douce et lisse contre moi. Et surtout, j'aime entendre sa respiration s'apaiser. On dirait qu'elle se sent bien, en sécurité. Et c'est sincèrement la sensation que j'espère lui procurer.

Je veux qu'elle sache qu'avec moi, quoiqu'il arrive, tout ira bien désormais.

Mais quand je pense au fait que dans quelques jours, je ne serais plus là, une partie de moi se brise. Je n'ai pas envie de quitter Lena. Pas le moins du monde.

Le bruit de la porte qui claque soudainement la fait sursauter et je me mets à rire lorsqu'elle se blottit davantage contre moi.

— Ce n'était qu'un courant d'air, la rassuré-je.

— Je sais ! J'ai juste été... surprise.

Le film touche à sa fin et je dois bien reconnaître que j'en ai apprécié chaque minute. Enfin, pas tant le film en lui-même, mais le fait que Lena soit restée collée contre moi, oui.

Je n'en ai pas envie, mais je finis par me lever pour aller éteindre l'ordinateur. Et lorsque je me retourne, je la trouve debout, juste derrière moi. Cette fois-ci, c'est moi qui sursaute, et ça la fait beaucoup rire.

— Et voilà, un partout, la balle au centre ! lance-t-elle fièrement.

Son rire est communicatif et je la saisis par le poignet pour la ramener contre moi.

Elle ne se débat pas et ses éclats de rire se calment lentement contre mon torse.

— Tu sais que vas devoir payer pour ça ?

— J'aimerais beaucoup savoir ce que tu vas faire.

Je laisse mes doigts glisser le long de son bras et elle frémit lorsque je pose ma bouche contre son cou.

— Je pensais à quelque chose de ce genre-là, soufflé-je contre sa peau.

Je ne veux rien lui imposer, mais j'ai tellement envie d'elle que je ne peux pas m'en empêcher.

Je viudrais juste m'assurer que c'est ce qu'elle veut, elle aussi.

Parce qu'hier soir, nous étions pris dans l'instant, et probablement aidés par l'alcool, on s'était enfin laissé aller.

Mais cette fois-ci, les choses sont différentes.

Le fait d'avoir parlé nous a apaisés, même si me rappeler à quel point je me comportais comme un connard quand j'avais dix-neuf ans n'a pas fait du bien à mon égo.

Mais pour autant, ça n'efface pas les dix années qu'elle vient de passer à me détester.

Je m'arrête pour m'assurer que nous sommes sur la même longueur d'onde.

— Lena, j'ai très envie de toi, mais... est-ce que c'est ce que tu veux, toi aussi ?

Elle relève la tête, les yeux pleins de désir et me sourit.

— Je ne sais pas où tout ça va nous mener, Coop. Mais j'en ai envie moi aussi.

Ça a toujours été toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant