Chapitre 29 - Lena

969 73 8
                                    

DIX ANS PLUS TÔT.

Il me faut quelques secondes avant de réaliser ce qui est en train de se passer.

Cooper vient de sortir de la salle de bal, entraînant Jenni avec lui.

Et moi, je suis là, figée, soudain submergée par un millier d'émotions contradictoires.

Après toutes ces années, j'ai enfin trouvé le courage de faire face à mes sentiments, ceux que j'ai cachés pendant si longtemps.

Je n'ai pas rêvé... Il y a avait bien ce petit truc en plus, entre nous, ce soir. Je l'ai vu dans son regard à lui aussi. Il en avait autant envie que moi. Alors, comment en est-on arrivés là ?

J'essuie la larme qui perle sur ma joue et tente de reprendre mes esprits.

Est-ce que Cooper couche vraiment avec Jenni ?

Il y avait tant de mépris dans son regard. Tant de haine...

Je sais qu'elle ne m'a jamais porté dans son cœur, et c'est d'ailleurs réciproque. Mais là...

Pourquoi est-ce qu'il est parti avec elle ? Pourquoi est ce qu'il n'est pas simplement resté près de moi, pour m'expliquer ce qui se passe ?

J'ai l'impression qu'il vient de m'arracher le cœur et qu'il prend un malin plaisir à le piétiner. C'est atroce.

Alors je quitte précipitamment la salle à mon tour. Il est hors de question que je reste plantée là alors que tout le monde autour de moi semble se régaler du spectacle.

En franchissant les portes, j'inspire une grande bouffée d'air frais. Ça ne résout rien, mais ça m'aide à me sentir mieux.

Je suis tellement triste et tellement déçue.

Je me doute bien que Cooper a une vie en dehors de moi, je veux dire... il a dix-neuf ans et les filles passent leur temps à lui tourner autour. Mais le fait que ce soit Jenni, la fille que je déteste le plus au monde, ça fait vraiment mal.

J'essaie de me calmer. Profondément, je reprends une grande bouffée d'air frais, et j'observe ce qui se passe autour de moi.

Et c'est là que je les vois... Alors que je pensais ne pas pouvoir me sentir plus mal.

Cooper est adossé contre le mur et Jenni pose sa tête contre son torse.

Est-ce qu'il la tient dans ses bras ? Je rêve !

— Va au diable, Cooper ! murmuré-je, comme pour me convaincre que c'est ce que je veux au plus haut point. Et c'est le cas. Du moins, à cet instant précis.

Je ne peux pas croire qu'il n'ait jamais rien vu de mon attirance.

Est-ce que ça ne comptait vraiment pas pour lui au point de coucher avec la première pétasse venue ?

Mais à quoi est-ce que je m'attendais au juste ?

Je viens d'échanger mon tout premier baiser. Avec mon meilleur ami. Et il a déjà tout gâché, alors que j'attendais ce moment depuis une éternité.

************************

Je suis de retour chez moi. J'ai grimpé l'escalier à toute vitesse, refusant de raconter à mes parents ce qui vient de se passer, et claquant la porte de ma chambre pour me retrouver seule, au plus vite.

Je n'ai pas laissé les larmes me submerger.

J'étais tellement surprise lorsque j'ai vu Jenni dans ses bras que la tristesse que j'éprouvais a disparu en un clin d'œil pour laisser place à la colère.

Alors j'ai réuni mes affaires et je suis partie sans demander mon reste.

Mais maintenant que je suis chez moi, loin de tout ce tumulte, je peux enfin me laisser aller.

Et c'est ce que je fais. Une première larme glisse le long de ma joue, puis une seconde. Et bientôt, il y a en a tant que je ne peux plus les compter.

Je les laisse couler, emportant avec elles un peu de la peine que je ressens.

Je regrette tellement de l'avoir embrassé. J'aurais dû savoir que ce n'était pas réciproque.

— Ma puce, qu'est ce qui s'est passé ?

De l'autre côté de la porte, ma mère tente de connaitre les raisons de mon retour précipité

— Je ne veux pas en parler !

— Est-ce que quelqu'un t'a fait du mal ?

— Non, maman. Pas physiquement.

— Cooper...

— Je ne veux pas en parler maman, s'il te plaît, va t'en.

J'entends ma mère qui souffle longuement. Pas parce qu'elle est en colère contre moi, mais parce qu'elle est totalement impuissante et que je sais que ça lui brise le cœur.

— Très bien ma puce. Je serais dans le salon, si tu veux en parler. Même si tu ne veux pas, d'ailleurs. On n'est pas obligées de discuter, d'accord ? Tu peux juste descendre et me rejoindre, on s'installera devant la télé et on mangera un tas de cochonneries, OK ?

— Merci, maman, dis-je en sanglotant tristement.

J'entends ses pas s'éloigner et redescendre l'escalier puis je me retrouve à nouveau seule.

Un rapide coup d'œil à mon téléphone m'indique que Cooper a essayé de m'appeler. Huit fois. Il y a aussi un certain nombre de messages me demandant de le laisser s'expliquer. Mais je ne peux pas. Pas comme ça. Pas maintenant.

J'ai besoin de digérer ce qui vient de se passer.

Alors je fais le choix de l'éteindre, parce que je ne suis pas prête à entendre quoique ce soit de sa part. Et encore moins prête à le revoir.

Après de longues minutes de sanglot, je rejoins ma mère, qui m'attend sur le canapé, comme promis.

Sans dire un mot, je m'installe auprès d'elle et elle me prend dans ses bras où mes larmes reprennent de plus belle.

Je l'ignore à ce moment-là, mais je passerais les dix prochaines années sans revoir mon meilleur ami.

Ça a toujours été toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant