Chapitre 8 - Cooper

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Les filles n'ont pas dit un mot pendant le trajet. Enfin, elles ne m'ont pas dit un mot à moi, mais n'ont cessé de chuchoter tout du long, depuis que nous avons quitté le bar.

Ce n'est pas moi qui devais aller les chercher, j'aurais dû veiller sur Charlie pendant que Carter s'en chargeait. Mais mon neveu a décidé de vomir le contenu de son repas juste au moment où mon frère allait prendre la route. Alors nous avons échangé nos places.

Je crois que cette idée lui plaisait bien. Il a dû penser que cela me donnerait une occasion de faire le premier pas auprès de ma meilleure amie.

Moi, je n'étais pas particulièrement pour.

Débarquer devant elle après toutes ces années, comme par magie, je savais que ça ne l'enchanterait pas...

Je sais qu'il la fait pour moi, pour me pousser à lui parler, alors je me suis laissé convaincre. Mais la situation a mal tourné, avec ce connard qui leur rôdait autour et j'ai dû intervenir.

J'aperçois Lena qui me jette des coups d'œil anxieux dans le rétroviseur.

Elle est encore plus belle que la dernière fois que je l'ai vu, toujours coiffée de ce même chignon désordonné qui lui va si bien.

Elle a l'air un peu fatiguée, mais Carter m'a dit qu'elle a beaucoup à faire ces derniers temps.

Sans compter qu'il est tard, qu'elle vient de faire une rencontre plutôt désagréable et... qu'elle me revoit pour la première fois en dix ans.

Est-ce que les choses tournent dans sa tête aussi vite que dans la mienne ? Merde, nos retrouvailles n'auraient pas dû se passer comme ça.

— Où est ce que tu habites ? lui demandé-je.

Ce sont les premiers mots que je lui adresse après une décennie de silence.

En réalité, je sais très bien où elle habite. 291 Maple Street. Deuxième étage, porte de gauche. Mais je ne vais pas la faire flipper en lui disant ça.

— 291 Maple Street, répond-elle

— Tu es sûre que ça va aller ? l'interroge Sofia.

— Oui, c'est bon, ne t'en fais pas, dit-elle. C'est maintenant qu'on devrait baiser comme des lapins, non ? demande-t-elle à Sofia en chuchotant, pensant être discrète.

Je ne suis pas tout à fait certain de ce que je viens d'entendre, mais j'ai peu de doutes, et l'effet que cela produit sur moi est immédiat, m'obligeant à me réajuster dans mon siège.

De quoi est-ce qu'elles parlent, bordel ?

Je prends la direction de son appartement et le trouve sans difficulté.

Normal, vu que je m'y suis rendu à plusieurs reprises ces trois dernières années. Putain, j'ai vraiment un problème !

Après quelques minutes de route, je dépose Lena devant chez elle.

Elle sort de la voiture sans un regard pour moi et Sofia monte pour l'accompagner tandis que je reste au pied de l'immeuble, à attendre le retour de ma belle-sœur, qui me rejoint quelques minutes plus tard.

Elle prend place sur le siège avant passager.

— Ça s'est bien passé, non ? Je veux dire, OK, ce sale con a gâché l'ambiance. Mais...

Je ne dis rien, mais je vois parfaitement où elle veut en venir.

— Elle ne m'a pas adressé la parole, lui dis-je.

— Coop, étant donnée la situation... Je ne vois pas ce qu'elle aurait pu dire.

Sofia a raison. Je viens de débarquer de nulle part après des années d'absence. Est-ce que je m'attendais à ce qu'elle me saute dans les bras ? Non. Mais peut-être qu'une infime partie de moi l'espérait.

Je ne sais pas quoi dire, je suis à la fois mal à l'aise et excité. Mon cerveau est un putain de champ de bataille.

— Merci. Pour tout à l'heure, reprend-elle face à mon silence.

— Je ne laisserais personne vous faire du mal, dis-je en lui souriant.

— Je dois reconnaître que c'était très impressionnant. Il faudrait que tu m'apprennes à faire ce truc avec le bras ! s'enthousiasme-t-elle.

J'éclate de rire. Ça fait du bien. Sofia a toujours eu un don pour faire retomber la pression.

Je l'ai vu faire à plusieurs reprises avec mon frère et cela fonctionne visiblement aussi très bien avec moi.

— Au fait... Pourquoi est-ce que Carter n'est pas venu ? me demande-t-elle.

— Charlie s'est vomi dessus juste au moment où il s'apprêtait à partir. Il y en avait partout, on aurait dit...

Sofia lève la main pour m'interrompre en riant.

— OK, Coleman, épargne-moi les détails, tu veux.

— Bien, Madame, dis-je en me garant dans l'allée de la maison que nous avons rejointe en un rien de temps.

— Salut, mon amour, lui dit Carter, allongé sur le canapé, qui ferme son ordinateur lorsqu'il nous voit arriver pour venir à notre rencontre.

Mon frère est un animal nocturne, il lui arrive souvent de travailler tard, tout comme moi. Sofia le rejoint et il la serre dans ses bras avant de l'embrasser.

— Ça a été ?

Cette question s'adresse visiblement autant à moi qu'à sa future épouse.

— Ne t'énerve pas, mais il y a eu... Un incident, lui dit-elle avant d'entamer le récit de ce qui s'est passé et de la façon dont ça s'est terminé.

— Merde, j'aurais dû venir vous chercher, je suis désolé, dit-il.

— Ne dis pas de bêtises, Cooper a assuré. Et puis, je crois pouvoir dire que je n'ai pas été la seule à apprécier son intervention, lance-t-elle avant de me faire un clin d'œil exagéré qui m'arrache un petit sourire.

— Carter, pitié, fais taire ta femme.

— Aucune chance ! dit-elle.

— Elle a raison, ajoute-t-il. Le principe d'un mariage qui dure c'est de toujours être d'accord avec sa femme.

— Vous n'êtes pas encore mariés ! lui fis-je remarquer.

— Je prends de l'avance, me répond-il.

Nous rions tous les trois et ça fait un bien fou. J'ai hâte que Connor arrive demain matin, et qu'on soit enfin tous ensemble.

— OK, puisque vous vous êtes ligués contre moi, je monte me coucher, leur dis-je.

— Bonne nuit, Cooper.

— Bonne nuit frangin.

Je leur fais signe avant de monter rejoindre ma chambre.

Il est près d'une heure du matin désormais et je n'ai absolument pas envie de dormir.

Toute l'adrénaline de la soirée se manifeste encore bien trop. J'ai enfin revu Lena, après toutes ces années passées à me cacher. Et elle est toujours aussi belle. Non, elle l'est bien plus. Et ce regard délicieux qui vous captive...

J'ai tout fait pour ne pas le croiser dans la voiture. Mais il m'a manqué.

Elle ne m'a pas adressé un mot, mais ça n'a pas d'importance, parce que je la reverrais bientôt, chez ses parents. Et à ce moment-là, j'irais lui parler.

Oui, il faut que je fasse quelque chose pour remédier à cette situation.

On ne peut plus rester comme ça.

Quelque chose s'est brisé dans notre relation il y a des années, mais je suis bien décidé à faire en sorte de le réparer. On a été amis. Meilleurs amis. Je dois bien être capable de lui rappeler ça.

Même si aujourd'hui j'espère bien plus.

Oui, toutes ces années, je les ai passés à avoir des sentiments qui me dépassaient, et que j'ai vainement essayé de faire taire.

Mais je dois me rendre à l'évidence, c'est impossible...

Ça a toujours été toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant