Chapitre 40 - Lena

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Cooper est parti très tôt hier matin.

Après la fête, nous sommes repartis chez moi et nous avons fait en sorte de savourer notre dernière nuit autant que possible.

Ce qui explique mes cernes au petit matin.

Je crois qu'aucun de nous deux ne voulait vraiment admettre qu'il était temps qu'on se sépare.

Ces derniers jours ont été une petite bulle de bonheur, un peu hors du temps.

J'ai encore du mal à croire que tout ce qui vient de se passer est réel.

Il aura fallu que Carter se marie pour que nous puissions enfin nous revoir et faire la paix. Et même bien plus.

Bien sûr il y a longtemps que Cooper me plaisait.

Physiquement, c'est le cas depuis des années.

Alors rien d'étonnant à ce que je l'ai trouvé aussi beau et attirant lorsqu'il a fait son retour dans ma vie.

Il fêtera ses trente ans dans quelques mois, et l'assurance qu'il a gagné avec les années lui va vraiment bien.

Nous avons longuement discuté cette nuit, également. Afin d'envisager la suite.

Je ne veux pas qu'il disparaisse à nouveau de ma vie. Et lui souhaite que je continue à faire partie de la sienne. Sauf que, désormais, il n'est plus question d'amitié.

J'espère vraiment avoir fait le bon choix...

Si les choses tournent mal...

Je le perdrais à nouveau et je ne suis pas certaine de pouvoir le supporter.

Mais nous n'en sommes pas là. Les choses ont été agréables entre nous.

Nous avons commencé à rattraper le temps perdu. Il nous en faudra encore pour poursuivre ça, mais c'est en bonne voie.

J'ai beaucoup appris sur ce qu'il avait fait les dernières années, la façon dont il avait évolué, et muri. C'est intéressant de voir comment les épreuves que nous avons vécues il y a des années ont forgé ce que nous sommes désormais.

Je m'allonge sur mon lit, dans les draps encore froissés par nos ébats de la veille. Je suis sur un petit nuage. Enfin, je l'étais, tant qu'il était auprès de moi. Maintenant, je ne sais pas trop...

On s'est promis de se revoir, de ne plus disparaître de la vie l'un de l'autre et pourtant...

Il est loin de moi. Je n'ai pas pu empêcher son départ.

De quel droit aurais-je pu faire ça de toute façon ? Cooper a toujours été un garçon intelligent. Il était déjà brillant au lycée et a fini major de sa promotion à la faculté de droit. Il était évident qu'il ferait une carrière exceptionnelle.

Je ne lui demanderais jamais de quitter ça pour moi.

Je sais qu'il ne me demandera pas de quitter Hillsborough non plus. Cet endroit a trop d'importance pour moi. Enfin, c'est surtout la présence de mes parents qui m'y retient.

J'attrape l'oreiller à côté de moi et le renifle. Il porte encore l'odeur du parfum de Cooper et je me revois, adolescente, faisant la même chose lorsque je me blottissais contre lui.

En dehors d'un message pour m'annoncer qu'il était bien arrivé, je n'ai pas eu de ses nouvelles.

J'essaie de ne pas me formaliser. Je sais qu'il a beaucoup de travail.

Même durant les deux dernières semaines, où il était pourtant censé être en congé, je ne l'ai pas vu s'arrêter complètement. J'imagine que c'est la vie que mènent les grands avocats.

Mais alors que je me relève pour aller me cuisiner un petit quelque chose pour ce soir, j'aperçois une pochette rouge posée sur la table. C'est étrange parce qu'elle ne m'appartient pas.

Peut-être que c'est Cooper qui l'a oublié ici lors de la nuit qu'il a passé ici.

Pourtant, elle me semble étrangement familière.

Je m'en approche et la saisis pour la regarder de plus près. Et je la reconnais.

Mon sourire s'élargit quand je commence à en feuilleter le contenu.

Il s'agit d'un herbier que j'avais débuté quand j'avais huit ans, alors que je commençais sérieusement à m'intéresser aux fleurs et aux plantes qui m'entouraient. À l'époque, je ne savais pas encore que j'en ferais un jour mon métier.

Cooper et moi avons passé de longues heures à le confectionner en nous promenant tout autour du lac.

Petite, j'y tenais beaucoup, mais il y a des années que je ne l'avais pas revu et je pensais l'avoir perdu.

La nostalgie émerge de chacune des pages, mais lorsque j'en atteins enfin la dernière, mon cœur s'accélère.

Il y a une petite lettre glissée dans la dernière pochette.

Je la saisis avant de l'ouvrir, les mains un peu tremblantes.

À l'intérieur, un billet d'avion aller-retour à destination de Dallas, dont les dates correspondent parfaitement à celles où je ferme la boutique juste avant l'été, soit dans un mois.

Juste en dessous, il y a une petite note : « en attendant la plage paradisiaque... »

Je le serre contre moi, émue d'une telle attention, puis j'attrape mon téléphone.

Tu es complètement fou ! dis-je lorsqu'il décroche.

J'en déduis que tu as trouvé mon cadeau.

Je laisse échapper un petit rire.

À l'instant, oui. Cooper, je ne sais pas quoi dire, c'est très généreux de ta part et ça me touche beaucoup.

Dis-moi juste que tu vas utiliser ce billet et que tu vas venir.

Je fais mine de réfléchir, mais j'avais déjà commencé moi-même à chercher des vols pour les vacances.

Bien sûr que oui !

Je ne pouvais pas entendre de meilleure nouvelle pour terminer cette journée, me dit-il, visiblement ravi.

Comment s'est passée ton audience ?

Pas très bien, mais ça n'a pas d'importance. La soirée s'annonce meilleure maintenant que je sais que tu vas me rejoindre. Je suis désolé de ne pas t'avoir appelé avant, j'ai eu beaucoup à faire.

Il ne peut pas me voir, mais je suis en train de sourire bêtement.

Coop... Depuis quand as-tu l'herbier ?

Tu l'avais laissé chez mes grands-parents l'été de tes onze ans, je l'avais rangé avec dans l'idée de te le rendre et puis j'avais fini par l'oublier. Avec les gars, on a fait un peu de tri et j'ai remis la main dessus.

C'est fou de l'avoir retrouvé après toutes ces années.

C'est vrai, mais tu vois, on dirait que le temps qui passe nous réussit au final.

Tu sembles bien sentimental tout à coup, lui fis-je remarquer.

Ne le dis à personne, j'ai une réputation à préserver.

Promis.

Nous poursuivons notre conversation de longues minutes, et la nuit est tombée lorsque je raccroche enfin.

J'aime la tournure que prend cette relation, même si c'est pour le moins inattendu.

Je prends mon agenda et je note la date de mon départ.

Je n'ai jamais eu aussi hâte de toute ma vie.

Ça a toujours été toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant