L'enfant prodigue -Tome 2-

62.

"Alors Elena, où en sommes nous dans ce traitement ?"

Réajustant ma position sur le canapé, je leva le regard sur la grande brune devant moi. Elle ecrit sur son cahier avant de s'arreter subitement en attente de ma réponse. Quand elle croisa mon regard, je me depecha de répondre.

"Hum je viens de finir ma deuxieme semaine de rayons.

-Tu en as 8 ?

-Oui.

-Et l'appétit ? Il est revenu ?"

J'hocha doucement la tete pour mentir. Je ne mange pas plus qu'avant. N'en déplaise aux médecins...

C'est ma deuxième séance avec elle. Je n'étais pas très chaude à entamer une thérapie mais mon oncologue m'a vivement encouragé et on a trouvé un terrain d'entente. Une séane par semaine pas plus...

"Donc il n'est pas revenu... je note... Dit-elle en griffonant son cahier.

-Si, j'ai dis que si.

-Tu as hoché la tete. Ce n'est pas une réponse.

-Ça l'est pour moi.

-Es-tu stressée ?

-Non.

-Contrariée ?

-Non...

-Parles moi de l'accident de ton père ?

-Il va bien, c'est tout ce qui compte non ?"

Je pinça les lèvres en jouant avec la bague de fiancaille de maman. Ne croisant pas le regard de la psy, je pris une grande inspiration. Quand une jambe surgit dans mon champ de vision, je m'efforça de ne pas tourner la tete. Bucky est assis à ma droite et je ne dois pas le regarder. Valérie est bien plus perspicace que mon ancienne psy. Elle le verrait tout de suite.

"Je sais qu'il va bien. Je te demande ce que tu as ressenti, comment tu l'as vécu.

-J'ai eu peur ouais.. fis-je en ignorant la jambe de Bucky qui remuait.

-Peur de quoi ?

-De le perdre. Je ne voulais pas revivre ce que j'ai vécu avec maman.

-Comment tu as vécu la perte de ta maman ?

-J'étais en colère et debile. Je m'en prenais à tout le monde parce que je n'arrivais pas à comprendre pourquoi c'était elle qui était morte.

-Tu aurais préféré que ce soit quelqu'un d'autre ?

-N'importe qui... Soufflais-je."

Je dis ça sans réfléchir. Je ne pensais pas a papa comme elle doit sans doute le croire... J'aime mon père et je ne voudrais pas le perdre mais ma mère c'était la personne la plus importante dans ma vie. J'ai regretté chaque jour son absence. J'avais besoin d'elle et de sa douceur pour grandir.

"Quelle était ta relation avec ta mère ?

-C'était mon modèle. Je ne voyais que par elle à l'époque.

-Et ton père ?

-Il est parti de la maison quand j'avais 13 ans, on a passé trois années séparés. Il ne donnait pas de nouvelles.

-Ça  t'a manqué ?

-Je voulais qu'il revienne pour s'occuper de maman. J'étais terrifiée, j'avais besoin qu'un adulte prenne en main les choses.