L'enfant prodigue -Tome 2-

55.

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Theme song: The light Shall Never Fade - Piotr Wojtowicz

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Quand j'entra dans sa chambre, je balaya la pièce du regard.

Il est là. Il m'attends debout face à sa fenêtre. Une main dans la poche de son jogging, il tourna la tete vers moi. Je ferma la porte derrière moi et m'adossa contre la cloison. Le regardant une seconde, je vis la lune éclairer le coté droit de son visage. Il me sourit et je pinça les lèvres. Je savais que je le trouverais ici.

Je l'espérais...

J'avais besoin de le voir, de me sentir moins seule. C'est stupide quand on sait qu'il est la projection de ma propre conscience... Il se tourna complètement vers moi et croisa les bras sur sa poitrine.

"Poses moi ta question... Dit-il en baissant la tete.

-Pourquoi ce n'est pas maman que je vois ?

-Tu aurais préféré que ce soit elle qui te hante ?

-Tu ne me hante pas... Soufflais-je.

-Je t'empêches d'avancer.

-Tu m'aides à ne pas me couper de mes émotions.

-C'est ce que tu crois ?"

Je baissa la tête sur mes mains et tritura les manches de mon sweat. N'étant pas sure de moi, je me mordis l'intérieur de la joue.

"Tu meurs d'envie de redevenir la fille que tu étais avant. Celle qui a dit froidement à ces hommes d'incinérer sa propre mère.

-C'est pas vrai. Je me detestais.

-Mais c'était plus facile."

Je resta silencieuse un moment. Il a raison. Mon inconscient se sert de lui pour cracher sa vérité parce que je n'acceptes pas de l'entendre. Ses mots sont de plus en plus dure et son visage se déforme de colère.

"Maintenant que quelque chose se construit entre toi et ton père, tu es terrifiée qu'il s'en aille encore une fois. Tu as peur qu'il choisisse Pepper.

-Qu'il s'en aille alors...

-Thomas ne t'as pas choisi et ça te bouleverse.

-De quoi tu parles ?! Thomas n'a pas fait de choix.

-Il est surement avec Julie en ce moment non ?

-J'en ai rien a foutre.

-Il t'a embrassé, il a couché avec toi puis il a décidé de revenir à une relation platonique sans parler de ce qu'il s'était passé entre vous à sa copine.

-Et alors ?!

-Il va la demander en mariage.

-Je sais.

-Il ne t'as pas choisi Elena."

On se fixa dans les yeux une seconde. Il est fou de rage mais il se contient. Dans la pénombre ses yeux sont d'un noir profond. Inquiétant.

"Si tu ne te renfermes pas comme avant c'est parce qu'au fond de toi, tu crois qu'il pourrait revenir sur sa décision.

-J'en ai rien à faire Bucky. Je ne lui pardonnes pas ce qu'il a fait.

-Bien-sur que si tu lui a pardonné. Tu es désespérée...

-C'est pas vrai.

-Tu penses que personnes ne peux t'aimer sincèrement. C'est bien pour ça que tu as laissé cette histoire déraper avec Thomas ?! Parce que il a seulement émit l'idée que tu suffisais.

-Pourquoi tu...?

-Tu as cru naïvement qu'il t'aimait pour qui tu es et pas pour ton nom. Tu as cru que pour une fois quelqu'un te choisissais toi.

-Arrête Bucky..

-Mais tu n'a pas suffit Elena."

Il s'approcha de moi et je me figea en le voyant venir plus près. Quand son visage fut à quelque centimètres du miens, je vis ses pupilles bleu océans m'incendier.

"Comme toutes les filles qui manquent d'un père à la période de l'adolescence, tu as cherché une figure d'autorité n'importe ou. Quelqu'un qui s'intéressait à toi, qui te faisait croire que tu comptais. Tu es juste desespérée."

Arrachant les mots de la bouche de ma psychologue de l'époque, il serra les dents. La culpabilité est là. Je me croyais différente des ado de mon âge, je me croyais plus mature et moins naïve. Meurtri par la vie j'étais persuadée que j'avais tout vu. Me cachant derrière mon cancer, je me disais qu'au pire des cas, je serais morte avant d'en souffrir.

"Tu me laisse te tuer parce que tu n'as pas le courage de vivre.

-Non... je...

-Tu n'as même pas le courage d'en finir toi même. Tu attends sans rien faire. Tu t'en remets aux autres.

-C'est pas vrai, j'ai peur de mourir.

-Tu ne veux pas vivre pour autant Elena ! Quand ton premier oncologue t'as dis que la chimio ne fonctionnait pas, t'as ressenti un tel soulagement que tu t'es rendu compte que c'était plus facile comme ça. Pas de plan d'avenir, de stresse pour les examens ou ton choix de carriere. Pas besoin d'apprendre à vivre sans moi et ta mère. Pas besoin de faire semblant avec ton père et sa famille...

-Je...

-Ça t'arrange bien que ton père soit ton tuteur finalement ? Qu'il ait gagné le procès. T'as pas eu à choisir entre vivre ou mourir. Il l'a fait à ta place.

-Pas du tout...

-Pourquoi tu as demandé ton émancipation !

-Je voulais m'enfuir.

-Pourquoi tu es revenue alors ? Pourquoi tu t'es montrée à ce concert. Tu savais qu'il viendrait te chercher.

-Oui mais...

-Pourquoi tu ne voulais pas qu'il gagne ce procès Elena !

-Parce que j'aurais préféré qu'ils me laissent mourir la nuit où j'ai hurlé au milieu de ce putain de couloir ! Qu'ils ne s'acharnent pas à faire repartir mon coeur alors que je leurs suppliais de me laisser crever !"

Je plongea mes pupilles dans les siennes et il se détendit. Il plissa légèrement les yeux et se recula. Me libérant de l'espace, je songea à ses mots. Il a raison et je le sais. Je ne voulais juste pas l'entendre. Après plusieurs secondes de silence, il desserra la mâchoire.

"Il est minuit... Souffla t-il en me tournant le dos. Joyeux anniversaire Elena."