Chapitre 12 - Retrouvailles

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Arrêtée au milieu des escaliers de la Tour de l'Horloge, Hermione se rongeait les ongles.

— Est-ce qu'on peut vraiment faire ça ?

Trois marches en dessous d'elle, Malfoy pointait sa baguette vers son visage, ce qui n'était pas la vision la plus rassurante.

— Fais-moi un peu confiance, dit-il.

— Très drôle.

— Tu m'as bien accepté comme cavalier.

Hermione laissa retomber son bras. Le Dentesaugmento la frappa sans prévenir et ses dents se mirent à pousser. Un pincement l'obligea à avancer ses dents pour le pas sectionner sa lèvre. Elle planqua sa bouche derrière sa main. Elles atteignaient déjà son menton.

— Dépêche-toi de monter.

Hermione abandonna les sacs de Pré-au-Lard avec lui et se précipita à l'infirmerie. L'anxiété prenait le pas sur la honte et par chance un seul élève se trouvait là, somnolant dans un lit en tenue de Quidditch noire et jaune.

Elle n'avait pas fait trois pas que Madame Pomfresh se hâtait vers elle, stoppant l'allongement de ses dents d'un coup de baguette.

— Par la barbe de Merlin, que vous est-il arrivé ?

Voyant qu'elle peinait à articuler, Madame Pomfresh l'installa sur un des lits et lui mit un miroir dans les mains.

— Arrêtez-moi quand vos dents auront retrouvé leur taille normale.

Hermione acquiesça et leva le miroir à hauteur de son visage. Après des années à batailler avec ses parents, enfin... Lentement, très lentement, ses dents commencèrent à raccourcir, remontant au-dessus de son menton, sa lèvre inférieure, reprenant leur aspect un peu allongé qu'elle connaissait bien. Elle attendit encore un peu qu'elles s'alignent avec les autres, puis fit signe à Madame Pomfresh.

— Vérifiez une dernière fois.

Hermione fit un sourire timide au miroir et son cœur bondit.

— Tout est bon, répondit-elle du ton le plus détaché possible.

— Bien. Et j'espère que vous ne trempez pas dans des duels ou des activités dangereuses. Venant de vous, ce serait une attitude bien décevante.

En redescendant, Hermione voyait encore son reflet dans le miroir. Cette simple pensée l'emplissait de joie. Les moqueries lui importaient peu, pourtant elle sentait comme un poids en moins. Tout ça grâce...

— À Draco, le Magnifique, termina le Draco en question.

Il exécuta une grande révérence qui la fit secouer la tête. Elle n'arrivait pas à arrêter de sourire.

— C'est ça oui. Merci pour votre aide, Draco, le Magnifique. Pour ça et pour tout le reste, ajouta-t-elle en ramassant les paquets.

Il rajusta son écharpe avec un signe de tête et disparut dans les marches. Comme un brin de satisfaction se mêla à sa joie à elle. Par prudence, elle laissa passer encore plusieurs minutes avant de regagner la tour des Gryffondors.

Dans un des canapés, Ron leva la tête de son livre sur les Canons de Chudley, manquant la passe que deux poursuiveurs s'échangeaient sur la double page. Son regard tomba sur les sacs qu'elle portait.

— Tu as fait quoi toute la journée ?

— Je te l'ai dit non ? Je me préparais pour le bal.

— Seule ? Parce que Seamus est passé devant chez Gaichiffon et il dit qu'il t'a vue avec un Serdaigle. C'était qui ?

— Je monte réviser.

— Allez, dis-moi !

Hermione souffla quand la porte du dortoir des filles se referma derrière elle. Les lits étaient vides. Elle déposa ses paquets entre le sien et sa table de chevet, sortit un livre de cours et s'endormit dessus.

.*.

« Granger... debout... heure... Granger... permet... retard ? GRANGER ! »

Hermione releva la tête en panique, une page collée contre sa joue, et mit un temps à réaliser qu'elle était en sécurité dans son lit.

Et un second temps encore pour réaliser qu'elle était dans son lit.

— Oh non. Non non non.

Les cours commençaient dans moins de dix minutes. Elle entra dans la salle de bain, grimaça devant ses cheveux, donna deux, trois coups de brosse à dents, jeta ses vêtements sales et sauta dans des propres puis attrapa son sac et piétina derrière le portait de la grosse dame.

Elle arriva à bout de souffle en cours d'histoire de la magie. Les élèves déjà installés tournèrent la tête à son entrée, mais le professeur Binns poursuivit son monologue sans rien remarquer. Elle s'installa à côté de Harry et sortit ses notes.

— Tout va bien ?

— Oui, hier a dû m'épuiser plus que je ne le pensais.

— Tu parles de ton rendez-vous ? dit Harry avec un sourire en coin.

Elle se mordit la lèvre pour ne pas rire.

— Ne sois pas idiot, répliqua-t-elle en lui donnant un petit coup de coude. Oh, Harry, il y a quelque chose dont je devais absolument te parler.

Elle se pencha vers lui et baissa encore la voix :

— La dernière fois que je suis descendue dans les cuisines...

— Hermione, tu n'es quand même pas allée là-bas militer pour la sale ? dit-il d'un air soupçonneux.

— Non, rien à voir avec la S.A.L.E., il y a quelqu'un qu'il faut que tu voies. Venez avec moi ce midi.

Ce qu'elle n'attendait pas, en emmenant Harry revoir Dobby, c'était que Malfoy le relèverait aussitôt.

« Dobby ? Comment ça, Dobby ? Il y a un elfe nommé Dobby dans les cuisines ? »

Hermione se retrancha dans le silence, occupant son esprit avec les retrouvailles entre Harry et Dobby, Dobby qui expliquait les difficultés pour un elfe de maison demandant un salaire de trouver du travail et Ron qui piquait des biscuits dans les différents plateaux apportés par les elfes.

« Bien. Dans ce cas je constaterai par moi-même. »

Elle pâlit.

« Harry et Ron sont encore là. Tu ne peux pas débouler comme ça. Ils vont se poser des questions ! »

« Comme quoi ? « Tiens, Malfoy est descendu aux cuisines en même temps que nous, je me demande s'il n'entretient pas un lien télépathique avec Hermione ? » De toute façon Granger, si tu ne veux pas que je vienne, tu n'as qu'à répondre à ma question. »

« Très bien. Oui. Oui votre ancien elfe de maison travaille aux cuisines de Poudlard, mais laisse-le tranquille. »

Elle patienta nerveusement, les bras croisés.

« Malfoy ? »

Les plateaux de biscuits secs et de tasses de thé continuaient de défiler autour d'elle.

« Je te préviens, Malfoy, tu n'as pas intérêt à venir. »

Rien. Pourtant elle le sentait fulminer, sentait sa présence près de la sienne. Elle écarquilla légèrement les yeux. D'une certaine façon, elle percevait... comme s'il se rapprochait, comme s'il se faisait plus consistent, plus net ?

D'abord les émotions, maintenant ça. La potion continuait d'évoluer ? Ou rêvait-elle ?

Avec une pointe d'angoisse, elle porta son regard au dos du tableau cachant l'entrée des cuisines. L'intuition que Malfoy se trouvait juste de l'autre côté s'intensifia, et le cadre pivota. Avant même que le tableau ne la révèle à ses yeux, le regard de Malfoy était déjà braqué sur elle.

Dans tes penséesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant