Hermione sortit sa baguette, referma le bagage d'un sort et arracha l'écharpe à Zabini. Il retint son poignet. La force qu'il y mit était à la hauteur de la claque qu'il venait de recevoir et elle grimaça de douleur. Aveuglée par sa colère, elle avait oublié qu'ils pouvaient s'en prendre à elle, eux aussi.
— Si tu crois que je vais me laisser frapper une Sang-de-Bourbe...
Draco fit irruption à son tour dans le wagon et cette fois, ce fut un poing qui s'écrasa dans la joue intacte de Zabini, puis il le repoussa en arrière. Goyle lui empoigna aussitôt l'épaule, faisant pression comme pour le mettre à genoux, et quand Hermione voulut intervenir, Pansy lui agrippa les cheveux, la tirant en arrière.
— Ça, vous allez le payer cher, dit Zabini, le visage écarlate autant à cause des coups qui décoraient ses deux joues que de l'humiliation.
— Ça je ne crois pas, non, répliqua la voix de Ron dans le couloir.
Harry, Neville et Luna se tenaient avec lui, leurs baguettes levées. La pression sur son crâne s'atténua quand Pansy libéra ses cheveux et Hermione en profita pour ramasser la valise. Elle frappa la main de Goyle qui relâcha Draco de mauvaise grâce et ils descendirent ensemble du train. Draco conserva une certaine distance et la distance se creusait chaque fois qu'un groupe d'élèves murmurait ou les fixait un peu trop longtemps. Elle se creusa tant que Draco s'arrêta à une diligence alors qu'ils continuaient d'avancer. Hermione le vit monter.
— Qu'est-ce qu'on fait ? demanda Ron.
— Je ne sais pas, répondit-elle, la gorge serrée. Je pense qu'il a besoin de temps.
« La dernière volonté de ton père est que tu oublies la Sang-de-Bourbe. » Crabbe disait la vérité, la culpabilité de Draco était inscrite sur son visage. Portait-il ça en silence depuis deux mois ? Comment son père avait-il pu lui imposer une dernière volonté aussi cruelle ?
Draco ne rejoignit pas la Grande Salle pour le festin de la rentrée. Dans son dortoir, Hermione s'assit devant son parchemin, la chaleur de Pattenrond appuyé contre sa cuisse et celle d'Orron niché dans son cou. Leur présence adoucissait un peu sa peine. Lentement, pour ne pas les perturber, elle traça son message pour Draco.
« Tu as raté le dîner. Je me disais que tu aurais peut-être voulu savoir ce qu'il s'y est passé. Slughorn ne sera pas notre professeur de défense contre les forces du Mal tu sais ? Ce sera le professeur Rogue. »
Les mots s'effacèrent et aucun ne vint lui répondre. Elle lutta jusqu'à ce que la fatigue commence à l'emporter. Tentant de ne pas l'imaginer seul, écrasé par son fardeau bien trop lourd, elle griffonna quelques mots avant de poser son visage dans son oreiller, récupérant Pattenrond et Orron dans ses bras. À côté d'elle, ses mots s'attardèrent un instant avant de s'effacer.
« J'aurais aimé pouvoir être là pour toi. »
Elle aurait aimé que son message l'atteigne, mais il devait certainement dormir depuis un moment déjà.
.*.
Un privilège de préfet était de connaître le mot de passe de leur salle commune avant tous les autres. Une fois dans le hall du château, Draco se détacha du flux d'élèves se dirigeant dans la Grande Salle et s'enfonça dans les cachots. Assit sur ses couvertures, il tira les baldaquins autour de lui. Les yeux ouverts, il attendit. Le temps semblait suspendu, comme figé dans du cristal. Pourtant il lui semblait qu'un instant seulement s'était écoulé quand les autres Serpentards entrèrent. Un an plus tôt, ils étaient tous à ses pieds et à présent, il sentait le stress l'envahir à leur simple présence.
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Dans tes pensées
Fanfiction[Dramione] Déjà le théâtre de la Coupe de Feu, la quatrième année d'Hermione et de Draco est bouleversée par un second événement, un accident à cause duquel ils se retrouvent prisonniers des pensées de l'autre. C'est une malédiction pour Draco qui n...