Draco cessa de marcher de long en large pour se concentrer. Comme il l'avait fait des milliers de fois déjà, il se concentra sur sa voix intérieure, priant pour ne pas se tromper.
« Tu m'entends ? »
Le soulagement d'Hermione l'envahit bien avant que sa réponse ne l'atteigne :
« Draco ! Tu es là, tu es en vie ! Oh je suis tellement, tellement heureuse ! »
Sa voix lui parvenait, lointaine, mais de plus en plus précise, et avec elle, une joie sans nom. Elle parlait à toute vitesse.
« J'ai eu tellement peur ! Harry et Ron ? »
« Ils sont vivants. »
Ses jambes menaçaient de le lâcher, alors il s'adossa à un mur, les yeux fermés pour se concentrer sur sa présence. Il pouvait sentir la distance infinie qui les séparait. Il lui résuma tout ce qui s'était passé et comme il le pensait, Hermione avait déjà compris pour le parchemin. Le message qu'elle y avait inscrit se destinait à Voldemort.
« Il n'a pas réussi à tuer Potter. »
« Parce que Harry était un Horcruxe. »
Draco rouvrit les yeux, interdit. Les silhouettes de Ron et Harry étaient toujours tournées vers lui dans la pénombre. Harry, un Horcruxe ? Hermione reprit, plus hésitante :
« Et d'après le professeur Rogue, Dumbledore avait une théorie. En prenant le sang de Harry pour retrouver son corps, il a gardé une partie de la protection de sa mère en vie. En lui. »
Une phrase de la prophétie lui revint : aucun ne peut vivre tant que l'autre survit. C'était... une explication à laquelle il ne s'attendait pas.
« Je ne m'y attendais pas non plus » admit Hermione.
« Et le diadème ? Il est détruit ? »
« Oui, le professeur Rogue m'y a aidée. Helena Serdaigle aussi. Je suis désolée, je ne peux rien te dire de plus. Il faut que tes réactions soient sincères si on veut une chance de tromper Tu-Sais-Qui. »
« Qu'est-ce que je dois faire ? »
« Le convaincre que ce qu'il lui manque pour briser la protection d'Harry, c'est une baguette plus puissante. La baguette de Sureau. »
« La baguette de Sureau ? Comme dans le conte des trois frères ? La relique de la mort ? »
« Ce n'est pas juste un conte. Dumbledore... il l'a en sa possession. Si Voldemort la veut, il va falloir qu'il revienne au château. »
Draco écarquilla les yeux dans le vide. Devait-il prévenir Harry et Ron que le lien avait été rétabli ? Derrière la porte se trouvait peut-être un Mangemort chargé de rapporter chacun de leurs échanges à Voldemort. Il baissa les yeux vers sa chevalière et envisagea un instant de la leur lancer. Même un Wisily aurait compris l'indice. Mais était-ce le meilleur plan ?
Non, certainement pas. Draco se leva et tambourina à la porte.
— Ouvrez cette foutue porte ! Ce n'est pas parce que je ne peux pas tuer un Weasley que je ne peux pas être utile !
— Non, mais qu'est-ce que tu fous ? s'exclama Ron.
— Ça ne sert à rien que je meure avec vous, répliqua Draco.
— Oh alors tu retournes ta veste ? cracha-t-il en se dirigeant droit sur lui.
— Quoi, tu t'imagines que je vais gentiment mourir avec vous ? Pourquoi ? Pour que vos cadavres se sentent moins seuls ? Par bonté d'âme ?
Un coup fit vibrer le métal de la porte, ramenant le silence dans la pièce. La voix du père de Goyle lança :
— Le Seigneur des Ténèbres n'a plus rien à faire de toi. Tu l'as déjà suffisamment déçu.
— De moi peut-être, mais de la baguette de Sureau ? Je sais qui l'a en sa possession.
Une douleur à sa tempe le sonna et il renvoya son poing dans le nez de Ron qui émit un « crac » inquiétant. La porte s'ouvrit dans un déclic et le père de Goyle saisit son col, projetant Ron contre les pavés. Il le tira hors de la pièce en l'étranglant à moitié, verrouilla, puis le conduisit à travers un dédale de couloirs sans fenêtres dont la pierre rappelait les anciens châteaux. Draco observa chaque peinture, chaque vase, chaque tapis devant lesquels ils passaient, jusqu'à repérer un morceau de gravure à moitié caché par un rideau : un morceau de heaume.
D'après le design, il devait se trouver dans un domaine des Nott.
En passant devant un miroir, il découvrit l'hématome dessiné sur le coin de son nez par le coup de Ron. Ça l'arrangeait. Qu'il se soit brouillé avec eux rendrait son revirement plus crédible, mais son instinct lui soufflait que Ron avait été bien rapide à s'énerver.
Il n'eut pas le temps d'y réfléchir plus ; le père de Goyle le jeta dans un salon bien plus petit que celui qu'il venait de quitter. Draco se rattrapa à un coin de table qui lui écorcha la main. Au moins, il ne s'était pas étalé devant Bellatrix, Voldemort, Rodolphus et un autre Mangemort qu'il reconnut comme Antonin Dolohov, un des meilleurs duellistes de Voldemort.
De toute façon, il n'avait pas l'intention de se battre.
Peut-être était-ce le feu qui ronflait dans la cheminée, les tapis épais où les murs couverts de lourdes tapisseries, en tout cas Draco étouffait déjà.
— Le gosse a parlé d'une baguette, commença Goyle.
— De la baguette de Sureau, précisa Draco en lui jetant un regard noir.
Il se dégagea pour faire face à Voldemort.
— Si une baguette est assez puissante pour détruire la protection de Potter, c'est elle, et je sais comment vous pouvez l'obtenir.
Les iris écarlates de Voldemort se réduisent à deux fentes.
— Éclaire-nous donc, Draco.
— Dumbledore l'a en sa possession.
— Dumbledore, répéta Voldemort avec un rictus. Tu vois Draco, ce qui me surprend, c'est que tu sembles croire que cette information va suffire à ce que je t'épargne.
Son cœur s'emballa quand les longs doigts blafards de Voldemort se refermèrent sur sa baguette et Hermione lui renvoya une terreur identique.
« Draco ? »
Il marchait sur une glace très fine, il n'avait pas droit au moindre faux pas.
— Cette information ne suffira peut-être pas, mais je suis le mieux placé pour vous la rapporter, dit-il en gardant la tête légèrement baissée.
— Mieux que n'importe lequel de tes petits camarades qui se trouvent encore à Poudlard ?
— Aucun d'eux ne réussira à arracher sa baguette au vieux fou.
Un bruit de parchemin froissé lui fit relever les yeux. Voldemort tenait sa copie de leur parchemin.
— Et si nous demandions à ta petite-amie de le voler pour toi ?
— Elle ne le fera pas. Vous tenez Potter et Weasley, elle ne prendra pas le risque. Moi oui.
Voldemort se leva de son fauteuil et vint tourner autour de lui. Sa baguette frôla son épaule, sa nuque. Il demeura parfaitement immobile, redoutant le sortilège de mort pouvait jaillir à tout instant.
— Vous avez sûrement d'autres moyens d'obtenir cette baguette, dit Draco dans un murmure, mais je suis le plus rapide.
— Tends ton bras, dit enfin Voldemort en se plaçant devant lui.
Draco n'en attendait pas moins. Sous Serment Inviolable, il jura de retourner à Poudlard pour lui voler la baguette de Sureau et de la lui remettre. Puis Voldemort claqua des doigts et Goyle attrapa sa chemise par l'épaule. Il le poussa dehors, sur un perron composé de marches en pierre, et les doubles portes se refermèrent dans son dos. La brise froide de septembre le fit frissonner. Sous une lune pleine, il descendit les marches sur un chemin de gravier qui se perdaient dans un jardin envahi de hautes herbes. Une fois entré dans une espèce de forêt broussailleuse, il osa appeler Dobby.
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Dans tes pensées
Fanfiction[Dramione] Déjà le théâtre de la Coupe de Feu, la quatrième année d'Hermione et de Draco est bouleversée par un second événement, un accident à cause duquel ils se retrouvent prisonniers des pensées de l'autre. C'est une malédiction pour Draco qui n...