Chapitre 30 - Pansy ne s'en plaint pas

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Depuis le palier, Hermione apercevait le bout d'un petit salon. C'est entrant qu'elle découvrit la pièce attenante, légèrement surélevée où trônait un lit et comprit qu'il s'agissait de sa chambre. Les rideaux du baldaquin étaient d'un vert émeraude brodé de fils d'argent. D'ailleurs la décoration entière avait été pensée aux couleurs de Serpentard.

— Avant ou après que tu sois appelé par le Choixpeau ? demanda-t-elle.

— Quelle importance ? Je serai et j'ai toujours été un Serpentard.

Hermione remit son bracelet.

— Et je peux savoir pourquoi tu m'amènes ici ? demanda-t-elle en fixant l'attache.

En guise de réponse, il ouvrit une commode en bois massif et en sortit un chaudron en étain.

— C'est le dernier chaudron auto-mélangeur, dit Draco, je ne l'ai jamais emmené à Poudlard, le professeur Rogue n'est pas un amateur de ce genre de chaudrons. Il dit que ça rend paresseux et négligent.

Il en sortit quatre autres.

— Pourquoi tu en as cinq ? demanda Hermione en levant un sourcil.

— Ce sont les anciens modèles. Débarrasse la table.

Elle repoussa les plumes, l'encrier et empila les ouvrages dans ses bras. Ils traitaient de sujets allant des potions aux artefacts magiques anciens, en passant par des romans écrits par des sorciers.

— Tu lis ?

— Ça m'arrive, dit-il en sortant sa baguette. La plupart du temps mes lectures sont scolaires.

Hermione poussa un petit cri quand il tapota la table de sa baguette et qu'elle doubla de largeur.

— Faire de la magie en dehors de l'école est interdit !

Avec un petit sourire supérieur, Draco disposa les chaudrons et alluma des feux magiques.

— L'avantage d'avoir un père qui travaille au Ministère, c'est que je connais toutes leurs procédures, poursuivit-il en répartissant les ingrédients d'un sac devant eux. C'est la Trace qui leur sert à repérer les actes de magie chez les sorciers de premier cycle...

— Où tu as eu tous ces ingrédients ?

— Aussi omnisciente soit la Trace, elle a une faille : elle détecte la magie, pas le lanceur. Ce qui veut dire que dans une famille de sorcier...

— Ne me dis pas que tu as envoyé Dobby les chercher ?!

Il éminça une racine de gingembre en quelques coups nets.

— Non, bien entendu.

— Bon. De toute façon, repéré par la Trace ou pas, tu enfreins la loi.

— Je n'ai pas « envoyé » Dobby, je lui ai poliment demandé de me les acheter. Je lui ai même fourni les Gallions.

Malfoy.

La tête de son scarabée sauta.

— Je préfère Draco.

— Ce sera Draco quand tu n'agiras plus comme un enfant pourri gâté.

Il s'accouda à la table, penché vers elle.

— Je lui ai même dit « s'il te plait ».

— Oh, vraiment ?

— Non, peut-être pas, mais j'ai été cordial. Vois ça comme ma contribution pour la S.A.L.E.

Hermione le repoussa de son côté de la table et déposa la poudre de scarabée à la surface frémissante d'un chaudron. Draco fit de même avec des feuilles de mandragore hachées. Déjà, les premières couleurs peignaient les futures potions. Une fois les ingrédients préparés et enfermés dans des bocaux, Hermione s'installa dans le canapé avec un manuel de potions avancées pendant que Draco finissait de les étiqueter et de les classer.

— Alors, que penses-tu de mes appartements ?

Hermione claqua sa langue pour lui signifier de se taire. Le paragraphe traitait de calculs complexes intégrant le type de feu, sa température, son diamètre et donnait une formule pour ajuster les temps donnés par les manuels.

— Je parie qu'on pourrait y loger tous les Weasley.

Elle tourna la page. L'auteur affirmait que cela faisait une différence significative dans la préparation des potions, même des plus triviales.

— Ce doit être à peu près la taille de leur taudis, n'est-ce pas ?

C'était aussi la première fois qu'elle lisait cette théorie, ce qui aiguisait sa méfiance, d'autant que dans un autre ouvrage... Elle sursauta. Draco s'était laissé tomber à côté d'elle sur le canapé et sa tête venait d'apparaître sous les pages, sur ses genoux.

— Je peux savoir ce que tu fais ?

— Quoi ? Pansy ne se plaint pas, elle, quand je fais... aïe.

Il tendit la main vers la tranche du livre avec laquelle elle l'avait frappé en frottant son front de l'autre. Elle le maintint hors de portée sans cesser de lire. Ou du moins sans cesser de prétendre. Le poids sur ses cuisses l'obligea à relire les formules plusieurs fois.

Pansy.

Pourquoi éprouvait-il le besoin d'évoquer cette teigne tout à coup ?

Elle revint aux formules avec agacement.

Qu'importait ce qu'appréciait Pansy, ça ne lui donnait pas le droit de s'installer contre ses genoux comme si... comme s'ils étaient un heureux petit couple. Voilà, c'était exactement ce qu'elle devait lui répondre.

Elle ouvrit la bouche.

De longues secondes étaient déjà passées sans qu'elle ne proteste, le faire maintenant risquait surtout de lui faire perdre toute crédibilité. Si elle voulait le tenir à distance, elle aurait besoin de sa crédibilité. Pour ne pas avoir à l'affronter, elle replongea dans le livre.

Elle replongea si bien que ce fut un souffle profond qui la ramena à la réalité, une cinquantaine de pages plus tard.

Hermione se redressa légèrement et déposa le livre sur l'accoudoir de cuir. La tête légèrement tournée vers elle, Draco avait fermé les yeux. Sa poitrine se soulevait avec lenteur. Il dormait. Encore.

Elle prit un instant pour intégrer cette situation irréelle.

Elle se trouvait au manoir des Malfoy, dans les appartements de Draco qui dormait, la tête sur ses genoux. Elle se perdit dans les charbons éteints de la cheminée, mais aucune tête n'y apparut pour lui porter conseil. Alors, du bout des doigts, elle effleura son épaule. Ses sourcils frémirent, mais il ne se réveilla pas. Et au fond, elle n'avait pas vraiment envie qu'il se réveille.

Ce qui était exactement ce qu'il voulait ; qu'elle tombe amoureuse de lui. Et elle avait fait l'erreur de lui confier qu'elle ne ressentait plus la même chose pour Ron.

Cette pensée éveilla une angoisse que la présence de Draco eut tôt fait d'endormir. Elle-même bâilla. La brume de fatigue se faisait de plus en plus épaisse, étouffant toutes les autres sensations jusqu'à ce qu'elle glisse dans le sommeil, une fois, deux fois... Un profond malaise lui fit rouvrir les yeux.

L'aube diffusait une lumière grise à travers la pièce et un instant, elle crut que la silhouette qui la toisait dans l'encadrement de la porte faisait partie de son rêve.

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C'est vrai ça, Pansy ne s'en plaint pas. Et c'est vrai que Pansy et Hermione sont hyper semblables en plus. Totalement valable, comme argument.

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