Chapitre 24 - En toute confidence

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En descendant dans le salon, Hermione trouva son père occupé à démonter le canapé. Avec son aide et celle de sa mère, ils déménagèrent le bureau et une commode de la pièce de travail puis y montèrent le canapé, après l'avoir hissé dans l'escalier. En sueur, Hermione posa les draps propres en petite pile sur un des accoudoirs.

Elle n'avait plus qu'une envie : s'avachir dans son lit. Sauf que Draco y était, assis sur le couvre-lit bleu, lisant le livre qu'elle avait laissé sur sa table de chevet.

— Tout est prêt, dit-elle en lui reprenant son livre. Tu peux y aller.

— Une rose ? Qui voudrait d'un cadeau qu'on peut ramasser au bord de la route ?

— Certainement pas quelqu'un d'aussi superficiel que toi. Et c'est une très belle histoire, si tu prenais la peine de la connaître.

— C'est ce que je faisais avant que tu me l'arraches des mains.

Elle pointa le couloir, le livre de contes serré contre elle. C'était un cadeau de ses parents. Hors de question qu'il le lui abîme. La porte se referma derrière lui. Enfin seule, elle reposa le livre en soupirant. Même lorsqu'elle remontait le temps pour assister à plusieurs cours en parallèle, son esprit n'était pas aussi chargé. Par sa fenêtre, un croissant de lune déposait un voile calme sur la chambre. Ce décor si familier... Son estomac remua à l'idée que Draco Malfoy s'y trouvait, à quelques pas seulement.

Elle approcha du bureau et ouvrit la cage du Vivet. Un œil plein de reproches émergea de la boule de plumes.

— Désolée de t'avoir laissé enfermé aussi longtemps, murmura-t-elle en lui tendant sa main. C'était un gros voyage.

Le Vivet consentit à tendre une serre vers elle puis se laissa rouler dans le creux de sa paume où il se blottit.

— Tu m'as conduite dans une drôle de situation, murmura-t-elle en s'asseyant sur le lit.

Jamais elle n'aurait cru que ses sentiments pour Ron vacilleraient. Qu'ils vacilleraient pour Malfoy. Elle préférait encore ne plus aimer personne.

Elle se réveilla le lendemain avec le Vivet endormi sur sa poitrine. Elle caressa la boule dorée en bâillant et la tête du Vivet réapparut. Il claqua son long bec et lissa ses plumes.

Une fois habillée, elle toqua à la porte du bureau. Un Draco en veste, sous-pull et pantalon noirs la rejoignit. Après un déjeuner rapide, ils s'installèrent dans le salon pour avancer sur leurs dernières pistes. Ils finirent par se concentrer sur les antidotes.

— Il faudrait établir un calendrier de fabrication. Comme ça on pourrait déterminer lesquelles lancer en parallèle en fonction des étapes qu'elles ont.

— Il nous faut aussi la liste des ingrédients, ajouta Draco.

Ses parents revinrent avec des sacs de courses pleins et elle se leva pour les aider pendant que Draco continuait de reporter les ingrédients.

— Merci ma chérie, dit sa mère en lui tendant de la farine et des boîtes de biscuits. Je vois que vous êtes bien occupés. Tu auras quand même le temps de venir avec moi après manger ? J'ai une petite course à faire, ce ne sera pas long.

Hermione acquiesça en poussant la farine en haut du placard, mais ne put s'empêcher un coup d'œil vers sa mère. Elle ne la dérangeait jamais lorsqu'elle travaillait, encore moins pour de « petites courses ». Ses soupçons se renforcèrent lorsque sa mère quitta leur maison avec uniquement son sac à main. Elles tournaient dans la rue quand sa mère lança :

— Alors... ce garçon ?

Évidemment.

— Maman...

— Tu sais que ton père et moi te faisons entièrement confiance. Tu dois avoir des raisons de l'inviter, nous le savons, nous souhaiterions juste de les connaître.

Elles remontèrent les jardins fleuris jusqu'au parc derrière le clocher. Les arbres familiers déployaient leurs nouvelles feuilles autour d'une allée de dalles carrées. Hermione s'engagea sous leur ombrage et une douleur sourde la fit reculer.

— Je ne peux pas. Désolée, je ne peux pas m'éloigner plus.

— De quoi est-ce que tu parles ?

Hermione avisa un banc près du clocher.

— Je ne peux pas m'éloigner de lui, dit-elle enfin.

Les premiers mots entraînèrent tous les autres en cascade et elle se retrouva à noyer sa mère sous les événements des derniers mois, ceux liés au Vivet, mais aussi le bal et l'attitude de Ron. Sa mère semblait un peu perdue quand elle s'arrêta enfin pour prendre son souffle, mais cela ne l'empêcha pas de la questionner sur les dangers, les incertitudes et les solutions qu'ils avaient trouvés.

Lorsque le silence revint, le seul point qu'Hermione avait passé sous silence était ses sentiments. Le temps que sa mère encaisse, elle contempla les peupliers du parc, le groupe de mamies qui s'y promenait, les parterres de fleurs.

— Je vois, dit finalement sa mère. Je te fais confiance pour prendre les bonnes décisions, par exemple de prévenir vos professeurs ou des sorciers qualifiés, même si ce garçon s'y oppose. Pour la tranquillité d'esprit de ton père, il faut que je te le demande, quelle est la nature de votre relation exactement ?

— Franchement, ce n'est même pas un ami. Enfin, tu vois qui est sa famille non ?

— Les préjugés sont souvent nourris par l'ignorance, peut-être que ton contact lui a été bénéfique ?

— Je ne suis pas sûre. Avec lui je ne suis sûre de rien.

Sa mère tapota pensivement son sac.

— Il a besoin de voir notre monde.

— Ce n'est pas pour ça qu'on est ici. On est là pour travailler, c'est tout.

Un son de cloche emplit le parc, sonnant quinze heures. Hermione se leva.

— En parlant de travailler, il serait temps de rentrer.

Sa mère défroissa sa longue jupe puis la suivit.

— Et donc... c'est lui qui t'a fait rougir comme ça hier soir ? À moi tu peux tout dire.

Hermione grimaça. Comme si c'était vrai, tout ce qu'elle dirait irait droit dans les oreilles de son père.

— Il a fait un commentaire déplacé, c'est tout. Franchement, maman, ça ne sert à rien de vous inquiéter.

Elle baissa la voix en franchissant le muret de leur terrain. Draco portait un soin tout particulier à son apparence, aux regards qu'on lui portait, à la pureté de sa lignée, à sa richesse. Elle contourna la maison pour entrer par la cuisine.

— Je suis vraiment à l'opposé de tout ce qui est important pour lui. La beauté, le...

Alors qu'elle s'apprêtait à dire « statut », elle remarqua le regard gris qui la fixait depuis l'autre côté de la cuisine.

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Ça parle de lui, alors ça l'intéresse. Forcément.

Après il a pas de preuves..

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