Chapitre 2 - Un colocataire indésirable

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— Tu... commença-t-il, horrifié. Tu entends ce que je pense ?

Assis sur une branche de pin légèrement surélevée par rapport à la sienne, Malfoy s'était redressé du tronc qui lui servait de dossier. Il tenait encore la fiole qui brillait dans l'éclat de la lune. Tout son contenu avait disparu. Et lui était aussi livide qu'elle devait l'être.

— Qu'est-ce que tu as fabriqué ? demanda-t-elle.

À son expression horrifiée, il était clair que sa petite expérience avait pris une tournure que même lui n'attendait pas.

— Si tu as déjà la réponse, Granger, épargne-moi tes questions.

Dans le silence qui suivit, alors qu'elle s'appliquait à ne pas céder à la panique, un petit « tic tic » raisonna. Comme la pointe d'une plume sur du verre...

Ou le bruit d'un bec.

— Tu as capturé un Vivet ?!

Scandalisée, Hermione se redressa, tenue au tronc, et souleva la cape de Malfoy. Il se dégagea, manquant de la faire tomber de sa branche, mais elle avait eu le temps d'entrevoir la petite cage accrochée à sa ceinture. Un oiseau minuscule gisait à l'intérieur.

— Tu aurais préféré qu'il reste dans les toiles, Granger ? Je n'ai fait que le cueillir avant qu'il ne soit dévoré.

— Donne-moi cette cage !

— N'y compte même pas. On risque d'avoir besoin de lui pour préparer un antidote.

Hermione éclata d'un rire froid.

— « On » ? Tu ne crois quand même pas que je vais te laisser faire plus d'expériences ? Madame Pomfresh ou le professeur Rogue sauront parfaitement quoi faire.

— Et leur dire qu'il y a un lien magique qui me connecte à une Sang-de-Bourbe ? Dans tes rêves Granger. Je garde ce Vivet tant que je n'ai pas un antidote contre toi.

Difficile de dire ce qui lui donnait le plus envie d'étrangler Malfoy, sa stupidité ou son arrogance ?

Il ricana.

— C'est ça, Granger. Dis-moi, toi et ta grande intelligence, vous ferez quoi si mon père apprend ce qui vient de se passer ?

Ils se retranchèrent dans le silence. De temps à autre, un « tic tic » échauffait son sang. Soudain, une idée se forma dans son esprit.

— Tu sais quoi, Malfoy, puisque ça à l'air de te tenir à cœur, je peux réfléchir à ne pas en parler. Par contre j'ai des conditions.

— Je fais ça dans ton intérêt aussi, Granger.

— Je n'en ai rien à faire de ton père, Malfoy. Trois conditions.

— Une.

— Trois ou je vais voir madame Pomfresh à la seconde où on remet les pieds dans le château.

— Deux et tu ne me forces plus jamais à acheter ton silence.

Elle lui tendit la main et Malfoy plissa le nez, comme s'il évaluait la contamination. Il la serra finalement.

— Premièrement, si on a le moindre doute de pouvoir remettre le Vivet sur pattes, tu me laisseras l'apporter à Hagrid. Je ne lui dirai que le strict minimum. Puisqu'il pourrait être important pour l'antidote, tu n'as sûrement aucune objection ?

— Une objection à ce que ce gros balourd examine une créature aussi fragile ?

— Hagrid est peut-être un... un professeur inexpérimenté, mais il sait de quoi il parle ! Deuxièmement, tu ne t'en prends plus à Ron et Harry. Un mot, un geste contre eux, Malfoy, et tout Poudlard apprendra que tu partages ton esprit avec une Sang-de-bourbe.

L'expression de Malfoy se décomposa, comme si elle s'apprêtait à retirer tout amusement de ses futures années d'étude.

— Parce que c'est le cas, signala Malfoy avec une grimace.

« Mais entre ça et que tout Poudlard sache... »

Pour la deuxième fois, la voix de Malfoy raisonna dans son esprit. La sensation était extrêmement désagréable, et penser qu'il l'entendait aussi clairement... Elle frissonna.

— Il faut qu'on se débarrasse de ça au plus vite.

— Au moins un point où on est d'accord...

Il grinça des dents.

—Très bien, j'accepte tes conditions. Mais tu t'occupes du machin à plumes.

Il lui tendit la cage et Hermione s'empressa d'en sortir l'oiseau. Son petit corps rond tenait dans la paume de sa main, se soulevant rapidement. Elle caressa la petite tête. Il respirait, mais semblait trop faible pour réagir.

— Il a dû s'affaiblir dans la toile, dit Malfoy.

— Il faut vraiment que tu arrêtes d'écouter ce que je pense.

— Je ne demande que ça Granger.

Les ténèbres en dessous étaient redevenues immobiles, libérées de la nuée d'araignées. Hermione tendit sa baguette, éclairant l'enchevêtrement de terre et de racines parcourues d'une brume fantomatique. La voie était libre.

— Alors allons-y, dit Malfoy en descendant sur la branche inférieure.

Le Vivet au creux de son bras, Hermione se laissa glisser de branche en branche autour du tronc jusqu'à retrouver le sol sous ses pieds. Lorsqu'ils atteignirent le parc du château, la lune avait entamé sa redescente. Par chance, elle ne croisa ni Peeves ni Rusard et put réveiller la Grosse Dame.

Après avoir déposé le Vivet sur ses couvertures, elle fit couler une douche brûlante. Des toiles et des brindilles s'étaient emmêlées dans ses cheveux, les rendant encore plus indomptables que d'habitude.

« Je n'ai pas besoin de connaître tes soucis capillaires, Granger. J'essaie de dormir. »

Elle bondit vers la serviette et l'enroula autour de son buste, manquant de renverser le savon au passage. Alors que le tissu s'imbibait d'eau, Hermione laissa échapper un grognement agacé et ferma le robinet.

« C'est peut-être naturel pour toi de ne pas réfléchir, Malfoy, mais ce n'est pas le cas de tout le monde. »

Une fois en pyjama, elle métamorphosa un encrier en petite soucoupe et l'approcha du Vivet en espérant qu'il boive. Inquiète, elle lui confectionna un petit lit d'un chemisier et le déposa dans le tiroir de sa table de chevet.

— Tout ira bien, murmura-t-elle.

Elle l'espérait. Entre ses couvertures, elle observa le toit de son baldaquin en s'appliquant à ne pas penser. Son esprit bourdonnait. Comment savoir si la potion n'avait pas eu d'autres effets ? Si le Vivet survivrait avec juste leurs soins ? S'ils parviendraient à confectionner un antidote seuls, sans prendre de retard en cours ? Ils étaient encore inexpérimentés, et si leurs tentatives empiraient la situation ?

« GRANGER ! »

Elle inspira. Lorsqu'elle faisait le vide, seule subsistait une angoisse sourde. Après quelques minutes, quelque chose sembla s'éteindre, comme si on avait soudain coupé le bourdonnement d'une radio sans station.

« Malfoy... ? »

Aucune réponse. Elle se retourna sur son oreiller, les yeux brûlants de fatigue, mais tarda à s'endormir à son tour.

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Pour Hermione, quel pourrait être l'inconvénient numéro 1 à avoir Draco Malfoy H24 dans son esprit ? 

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