Chapitre 44 - Intrusion

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Dobby retransplana presque aussitôt, la laissant seule. Hermione tira sa baguette et embrassa les ombres du regard. Un croissant de lune jetait une faible lumière par les fenêtres, faisant briller la surface du bureau et le couvre-lit vert et argent qu'elle contourna. À l'affût du moindre bruit, elle s'avança au milieu du petit salon où elle et Draco avaient travaillé sur les antidotes. Son parfum flottait partout autour d'elle, mais lui n'était pas là. Hermione approcha de la porte de la chambre et abaissa la poignée centimètre par centimètre. Par la fente, elle découvrit un couloir éclairé, mais désert, lui aussi. Elle referma la porte sans bruit et s'y adossa, le cœur au bord des lèvres, sa baguette serrée contre elle. Si des Mangemorts rôdaient, quelle chance avait-elle d'atteindre Draco sans se faire repérer dans un manoir qu'elle ne connaissait pas et sans avoir la moindre idée d'où il se trouvait ?

Dans un murmure, elle se jeta un sortilège de Désillusion qui lui donna la sensation qu'on cassait un œuf froid au sommet de ses cheveux. Elle tendit sa main devant elle, l'observant prendre la couleur et la texture de la tapisserie.

En frissonnant, Hermione se glissa dans le couloir. La première étape serait de repérer l'endroit où les mages noirs s'étaient rassemblés. Elle procéda étage par étage. Malgré la douceur du soir d'été, les sueurs froides que lui donnait sa recherche finirent par la glacer. Elle venait d'aboutir sur un cul-de-sac quand une cacophonie de pas et voix monta des paliers inférieurs.

Le temps qu'elle parvienne à redescendre, la foule de Mangemorts s'était dissipée. Dans le hall, un des battants d'une double porte était resté entrouvert. Des personnes parlaient de l'autre côté. Elle s'en approcha sur la pointe des pieds. Par l'interstice, elle découvrit une salle sinistre. Une longue table entourée de chaises aux dossiers ouvragés trônait sur un tapis brun et vert, devant une cheminée éteinte. Les immenses lustres au-dessus illuminaient Lucius et Narcissa. Ils parlaient à quelqu'un qu'elle ne pouvait pas voir. Draco ? En se décalant, l'énorme serpent qui ondulait au sol la figea. Elle releva les yeux vers la silhouette au visage et aux mains blafardes qui se trouvait juste au-dessus. La terreur qui s'empara d'elle l'empêcha de faire le moindre geste. Si elle s'attardait trop, il était certainement capable de sentir sa présence. Sans oser respirer, s'attendant chaque seconde à ce que ses iris rouges se verrouillent sur elle, Hermione se décala pour vérifier le reste du salon. Draco ne semblait pas y être. La tête commençait à lui tourner lorsqu'elle recula d'un pas, puis d'un autre. En remontant les escaliers, elle ne parvint pas à regarder derrière elle, s'attendant à chaque marche à ce qu'une main la tire en arrière, et ne parvint à respirer qu'à l'étage supérieur, sa poitrine se soulevant à toute vitesse. Elle n'avait qu'une envie ; se réfugier dans les appartements de Draco. Arrivée devant la porte, son cœur rata un battement. De la lumière filtrait autour de l'encadrement.

Était-il là ? Était-il seul ?

Voldemort était en bas avec ses parents... Elle colla son oreille contre la porte. Si quelqu'un était avec lui, il était rudement silencieux. Par prudence, elle donna un unique coup contre le bois et se plaqua contre le mur, toujours masquée par le sortilège de Désillusion. Après d'interminables secondes, la poignée s'abaissa et Draco apparut sur le seuil, l'air aux aguets, mais pas blessé. Un soulagement immense l'envahit. Quand il repéra son camouflage, elle l'étreignit sans réfléchir. Ses épaules dans ses bras, sa chaleur... Il n'avait pas disparu.

Une force l'envoya valser à l'intérieur des appartements. Elle cogna un coin du bureau avant d'avoir pu réagir et la douleur se propagea dans sa hanche. Pliée en deux, frottant son futur bleu, elle annula le sortilège. Draco claqua la porte.

— Qu'est-ce que tu crois que tu fais ici ?

Toute sa joie s'évapora.

— Tu ne répondais plus, se défendit-elle.

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