Chapitre 6 - Pour les Sang-Pur

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Son mal-être de la veille persista les jours qui suivirent. Après le dîner, Hermione prétendait monter à la bibliothèque et quand Ron et Harry prenaient la direction de la salle commune, elle déviait vers la tour d'astronomie pour s'occuper du Vivet.

Le Vivet poussa une note aiguë à son arrivée et sautilla entre les pieds des chaises empilées sur la table. Hermione sourit et lui servit un peu de nectar qu'il accueillit en chantant. Son bec picora la perle sucrée. Lorsqu'il eut vidé le dé à coudre, elle frotta son dos du bout du doigt avant de s'installer devant le chaudron bouillonnant qui contenait sa première tentative d'antidote.

Elle en touilla la surface de sa baguette. Le liquide frémissant se parait peu à peu du gris acier décrit dans l'ouvrage qu'elle tenait. Encore un ou deux jours de repos et ils pourraient passer à la seconde étape.

La porte de la salle s'ouvrit.

— Bonne nouvelle ça, répondit Malfoy à ses réflexions. Tiens.

Il déposa un parchemin devant elle qui listait la préparation exacte de sa potion ratée. Les estimations sur les quantités de chaque ingrédient, les temps de pause, le nombre des tours étaient indiquées entre crochets.

— Eh bien, dit Hermione en le repliant, ça confirme mon hypothèse.

Elle fit glisser De la confection des potions vers lui, ouvert à la page de l'antidote. Les Vivets partageaient une sorte de conscience collective. Toutes les potions contenant ces plumes avaient pour point commun de rajouter une collection d'ingrédients « barrière », afin de garder les esprits séparés les uns des autres malgré le lien.

— Je vois. Et il existe un moyen de rajouter une barrière ?

— Je n'ai rien trouvé, mais si l'antidote ne fonctionne pas, on peut toujours essayer.

Dans son esprit, la voix de Malfoy ajouta : « Tant que je ne joue pas le cobaye. »

— Si on en est là, c'est de ta responsabilité, Malfoy, répliqua-t-elle en lui collant l'ouvrage de potions entre les mains.

Il prit le relai sur la préparation pendant qu'elle tirait une nouvelle chaise à côté de lui et ressortait ses notes sur les droits des elfes. Depuis leur excursion dans la forêt interdite, elle les avait négligés. Ce sujet demeurait néanmoins urgent. Elle ouvrit son encrier et y plongea sa plume. Elle prenait des notes sur les projets de loi existants et avortés quand une présence se pencha par-dessus son épaule. Malfoy ricana.

— Tu écris vraiment sur les droits des elfes ?

Hermione releva sa plume et pivota vers lui.

— Quelqu'un doit le faire. Ne pas vivre dans des conditions saines, c'est source de stress et d'inquiétudes tu ne crois pas ?

Il plissa les yeux.

— Je crois surtout que tu ne devrais pas te mêler de ce que tu ne comprends pas.

— Oh, mais je n'ai pas besoin de le vivre directement pour en ressentir les conséquences.

Malfoy attrapa le dossier de sa chaise, se penchant vers elle en une menace silencieuse.

— Je vais être plus clair : reste à ta place Granger.

Hermione lui jeta un regard noir.

— Tu espères m'intimider ? Si ça peut te rassurer, je n'ai pas grand-chose à faire de tes problèmes de toute façon. Quitte à investir du temps, je préfère que ce soit pour les elfes de maison que pour toi.

Sur ses mots, elle retourna à ses notes et manqua d'écraser la pointe de sa plume contre le parchemin. Une secousse agita la chaise lorsqu'il la relâcha. Parfait. Elle n'avait plus envie d'entendre parler de lui, de ses regards hautains et de ses commentaires désagréables.

Elle écrivait quand le Vivet approcha sa main en sautillant. Hermione frotta sa petite tête du bout du doigt et sa colère retomba comme une flamme qu'on souffle. Avec un soupir, elle lança un coup d'œil à Malfoy, penché sur le chaudron. Après avoir bataillé contre sa fierté, elle lança :

— Est-ce qu'on peut faire une trêve ?

Avant qu'il ne puisse rétorquer, elle ajouta :

— Je sais ; mes parents sont des moldus, c'est un déshonneur pour le monde sorcier, tu m'en vois désolée.

— Tu ne l'es pas.

— Non, mais je vais tâcher d'être honnête avec toi, sinon nous n'irons nulle part et j'ai besoin que nous allions au moins jusqu'à l'antidote. Et toi aussi.

Il s'appuya contre la table, attendant la suite. Sachant qu'elle n'aurait pas mieux, Hermione poursuivit :

— Il y a bien des points où nous tombons d'accord, par exemple concernant les cours d'Hagrid. Je l'aime beaucoup, mais les créatures qu'il enseigne sont dangereuses. Je pense aussi qu'on ferait mieux de se débarrasser de ces Scroutts. Tout comme ce serait une bonne chose de retrouver de vrais cours de soin aux créatures magiques... de temps en temps.

— Tiens donc. Au risque de te surprendre, il existe une solution à tous tes problèmes ; il suffit que ce gros imbécile soit suspendu.

— Hagrid est mon ami, répliqua sèchement Hermione.

— Ton ami n'a rien à faire dans le corps enseignant.

Ils s'isolèrent dans un silence irrité, mais arrêter là serait une défaite.

— Très bien. Oui, je l'admets, dit-elle d'un ton brusque. Pour le moment Hagrid... le programme d'Hagrid n'est pas adapté. Je sais que tu n'es pas intervenu par pure bonté d'âme... peu importe, merci d'être intervenu.

Malfoy renifla.

— Ne te donne pas trop d'importance. J'ai senti ta douleur quand il ta piqué, je n'avais pas l'intention de subir une explosion parce que tu étais incapable de te concentrer. Toi, tu n'avais aucune raison d'intervenir.

— Aux dernières nouvelles, quand tu angoisses, ça m'affecte aussi.

— Je n'angoisse pas, Granger. Tu es sûre que tu ne confonds pas avec toi ? Pourquoi ce sujet t'intéresse tant de toute façon ?

— Eh bien j'étais curieuse.

« Compréhensible. »

— Enfin, tu n'as pas envie d'expliquer ce qui te fait si peur chez Crabbe et Goyle, je le respecte.

Sur ses mots, elle reprit sa plume. Une frustration s'insinua dans son esprit. Retenant un sourire, elle annota un paragraphe concernant les droits des elfes.

— Personne n'a peur de Crabbe et Goyle. À part les premières années.

Elle se contenta d'un « hm hm » et il lui arracha sa plume des mains.

— Tu ignores tout des enjeux. Je suis l'héritier de la famille Malfoy, le seul descendant des Black restant.

— Sirius...

— A été renié. Le cercle des familles de Sang-Pur est un privilège extrêmement restreint. C'est aussi un jeu de pouvoir où chacun est observé de près. La chute de l'un renforce l'influence de ceux qui restent. Si qui que ce soit ici soupçonne que nous faisons ami-ami, toi et moi, tu peux être sûre que mes parents en seront informés dans l'heure.

Il reposa sa plume sur le bureau et ne prononça plus un mot jusqu'à ce qu'ils quittent la Salle sur Demande, y laissant le chaudron et le Vivet endormi. Les couloirs du château étaient anormalement silencieux. En atteignant les escaliers magiques, ils marquèrent un arrêt. Que la tour d'astronomie soit vide en dehors des heures de cours s'expliquait encore, mais pas les escaliers.

— Les délégations de Durmstrang et Beauxbâtons arrivent aujourd'hui ! s'exclama Malfoy.

— Oh non.

Vu l'heure, ils étaient même déjà arrivés. Peut-être se trouvaient-ils même déjà attablés autour des plats fumants de la Grande Salle ? Si c'était le cas, il n'y avait que deux absents.

Malfoy et elle.

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Je prépare petit chapitre en plus pour Noël :D À  dimanche !  

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