Chapitre 31 - Inacceptable

279 24 4
                                    

L'aube diffusait une lumière grise à travers la pièce et un instant, elle crut que la silhouette qui la toisait dans l'encadrement de la porte faisait partie de son rêve. Réaliser que Lucius Malfoy se tenait bel et bien là acheva de la réveiller et elle regretta de ne pas avoir continué à faire semblant de dormir. Il était beaucoup trop tard pour ça ; il la fixait droit dans les yeux, son regard la transperçant comme une lame d'acier.

L'estomac noué, elle pressa le dos de Draco. Elle aurait voulu enlever son bracelet, mais n'osait pas faire un geste. Draco était-il réveillé ? Le sentir remuer la rassura à peine. Dans le silence, il se redressa lentement.

S'il n'avait pas été endormi sur ses genoux, peut-être que sa présence dans sa chambre n'aurait pas été aussi grave.

Si.

Si ça l'aurait été.

Là, c'était seulement pire.

— On travaillait sur nos potions, dit Draco en pointant la table où fumaient les chaudrons.

Avec l'impression que l'on comprimait sa poitrine, Hermione se redressa dans le fauteuil.

— On les a préparées une bonne partie de la nuit, ajouta Draco. Rien de p...

— Je peux savoir ce que tu essaies de faire avec ces explications, Draco ?

Un silence s'installa. Lucius traversa la pièce vers eux. Vers elle. Hermione poussa un cri de douleur lorsqu'il l'empoigna par les cheveux et l'arracha au canapé. Sans un mot, il l'entraina hors des appartements et continua de la tirer à travers le manoir. Le lien avec Draco se rétablit, silencieux. Arrivé aux marches qui menaient à sa tour, Lucius la jeta au bas de l'escalier. Un des rebords lui scia l'avant-bras et elle évita de justesse de se casser les dents contre le marbre. Une main sur la rambarde, à demi relevée, elle l'affronta.

— Je connais les intrigantes dans ton genre, dit Lucius d'un ton bas. Draco est un Sang-Pur, tu t'imagines pouvoir gagner une légitimité comme sorcière à ses côtés ou profiter de sa fortune ? Au mieux, tu seras un divertissement qu'il jettera quand il sera lassé.

Lucius se pencha vers elle.

— Tu n'auras jamais ta place dans notre monde. Reste loin de mon fils.

Dans un mouvement de cape, il l'abandonna là. Hermione ne recommença à respirer librement que lorsqu'il eut totalement disparu. Elle rajusta un peu ses cheveux, ignorant les tiraillements de son crâne, et se remit debout avec prudence. Elle entrait dans la chambre quand Draco coupa la connexion.

Elle referma la porte avec inquiétude. Si Draco avait remis sa chevalière, c'était qu'il était arrivé à la même conclusion qu'elle : c'était son tour. Et il ne voulait pas le partager avec elle.

.*.

La journée passa sans qu'il ne lui donne de nouvelle et elle décida de ne pas toucher à son propre bracelet. Vers midi, un domestique lui tendit un plateau-repas et le même scénario se répéta le soir venu.

Le soleil se couchait quand la connexion avec Draco se rétablit soudain. Hermione était assise en tailleur sur le lit, entourée de ses notes de cours. Devant elle, sa valise faisait office de table pour son encrier, sa plume et un rouleau de parchemin. Comme Draco ne disait rien, elle poursuivit sa dissertation. Le soleil couchant rendait son écriture très serrée de plus en plus difficile à lire.

« Granger. »

« Je t'écoute. »

De nouveau, des secondes s'écoulèrent, sa plume suspendue au-dessus du parchemin.

« Ce qui s'est passé... »

Il s'interrompit puis changea complètement d'approche.

« À quoi tu penses ? »

« Aux sortilèges de Transfert. C'est un sujet qui sera aux BUSE, je préfère le maîtriser le plus tôt possible. »

Un sujet aux abords simples, mais qui devenait labyrinthique lorsqu'il fallait en coucher toutes les subtilités sur parchemin.

« Je sais ce que mon père t'a dit. »

« Et tu l'approuves ? »

« Honnêtement Granger, je n'en sais rien. Je ne dis pas qu'il faut aller jusqu'à se marier avec des nés-moldus, mais on ne peut pas nier que tu es une sorcière, il suffit de te regarder un peu pour s'en rendre compte. Tes résultats sont presque meilleurs que les miens. »

« Ils sont meilleurs. C'est un fait. »

« Uniquement parce que je ne travaille pas autant que toi. De toute façon ça ne change rien à mon point. »

« Très bien alors. »

Elle relut la dernière phrase de sa dissertation.

« Je t'imaginais plus remontée que ça. » reprit enfin Draco.

« Contre ton père, pas contre toi. »

« Ah. Eh bien ravi de l'entendre parce qu'une des potions a pris une couleur douteuse. »

Travailler à distance sur les potions était frustrant. Draco ne pouvait que lui décrire et même les yeux fermés, en employant toute sa force de concentration, difficile d'être certaine de ce qu'il voyait. Heureusement, ses devoirs l'aidaient à évacuer sa frustration.

Lorsqu'il coupa enfin la connexion mentale pour la laisser prendre un peu de repos, elle s'enfonça dans ses oreillers. La perspective de demeurer enfermée entre ces quatre murs pour une semaine entière n'était pas brillante.

Tout n'était pas entièrement négatif cependant, car la scène de ce matin signifiait au moins une chose ; Lucius Malfoy avait peur d'elle. De son influence sur son fils. Et il avait bien raison de la craindre. Draco était intelligent, il finirait par se rendre compte à quel point les idéaux de supériorité qu'on lui avait inculqués étaient éculés.

Tu es une sorcière, il suffit de te regarder pratiquer la magie pour s'en rendre compte.

Ce changement la fit sourire, mais sous la surface, elle sentait comme un pincement au coeur. Bien sûr il ne mêlerait jamais son précieux sang à celui d'une née-moldue, certaines idées étaient trop profondément ancrées, mais au moins il ne parlait plus de Sang-de-bourbe.

𓆩༻ ───── ☾✧☽ ───── ༺𓆪

Tout n'est pas rose mais on a déjà fait du chemin par rapport au début. Il fut un temps où Draco s'essuyait après l'avoir touchée, maintenant ça dort la tête sur ses genoux, pas de problème. Lucius, il a bien raison de s'inquiéter haha

Dans tes penséesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant