Chapitre 22 - Tu as remarqué ?

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Les jours précédant les vacances de printemps, Malfoy et elle limitèrent leurs interactions à la pensée. Comme ils ne trouvaient rien, les Serpentards avaient fini par se désintéresser de son mystérieux cavalier, mais ils préféraient garder profil bas. Sauf que l'antidote ne progressait pas et si les bijoux les isolaient, cela ne réglait pas l'autre problème majeur : s'éloigner demeurait impossible au-delà d'une certaine distance.

— Tout va bien Hermione ? demanda soudain Ron.

Elle releva la tête de son manuel. Un inconfort rampait sous sa peau et elle ne parvenait pas à déterminer si c'était physique ou simplement dû au stress.

— Oui. Tout va bien.

Elle se perdit un instant dans les flammes de la cheminée. Elle aurait été bien incapable d'expliquer ce qui n'allait pas. Après un instant, elle décrocha le bracelet.

— Tu vas parler à Malfoy ?

Ron et Harry l'observaient. Le bracelet dans sa paume, elle hésita, mais ne voulait pas les inquiéter plus.

— Je ne me sens pas très bien. Je veux juste savoir si c'est aussi son cas.

Le bracelet glissa sur son manuel. Dès que le bijou ne fut plus en contact avec sa peau, le lien se rétablit. Ce fut Draco qui parla en premier.

« Toi aussi ? »

« Malfoy, la sensation me fait penser à... »

« Je sais. C'est la même en moins fort. Je vais à la Salle sur Demande. »

Elle remit le bracelet. Il venait de confirmer ses craintes. Ron et Harry attendaient sa conclusion et elle ne voulait pas mentir, mais elle avait gardé pour elle que les effets de la potion se dégradaient avec le temps. Harry avait suffisamment à gérer avec le tournoi et Ron serait incapable de le lui cacher, s'il s'inquiétait trop.

— Tout va bien ce n'est que moi, dit-elle en se levant. Je vais chercher un livre à la bibliothèque et je monterai me coucher. Ne tardez pas trop tous les deux.

En franchissant le portrait de la Grosse Dame, elle sentit le mal-être diminuer. Il avait complètement disparu une fois devant la Salle sur Demande. Elle s'attarda devant la tapisserie, elle avait comme... hâte d'entrer ? Elle poussa la porte. Le Vivet Doré dormait, perché sur une fausse branche en hauteur, ses plumes ébouriffées lui donnant l'air d'une grosse balle cotonneuse. Dessous, Draco était adossé contre la table. Il portait la robe vert et argent de son équipe de Quidditch et son balai était posé derrière lui.

— Même le terrain est déjà trop loin ? demanda-t-elle.

— Si ça continue comme ça, on ne pourra bientôt plus le cacher. Si nos salles de cours... si nos salles communes deviennent trop distantes...

— Si ça arrive il faudra bien en parler à un professeur.

— On approcherait déjà d'une solution si on avait du temps à consacrer à ça ensemble.

— Si tu disparais trop souvent, les Serpentards vont s'en rendre compte.

— Ils restent au château pendant les vacances de printemps.

Hermione croisa les bras, levant un regard incertain vers le Vivet.

— Il faut qu'on rentre chez nous pour les vacances, insista Draco.

Elle reposa les yeux sur lui, le cœur battant.

— Tu veux qu'on aille chez moi... ?

— Non, chez moi. Il y a tout le matériel de potion dont on peut avoir besoin.

— On ne peut pas aller chez tes parents, répliqua Hermione, presque sûre qu'il se fichait d'elle à présent. Tu les vois laisser entrer une Sang-de-Bourbe chez eux ?

— Je leur dirai qu'on m'a forcé à travailler avec toi pour un devoir ou quelque chose dans ce goût-là.

— J'ai à peine croisé tes parents et ça me suffit pour savoir que c'est une mauvaise idée. Ce serait bien plus simple d'aller chez moi.

— Chez toi, on ne pourra pas faire nos potions, répondit-il, on ne peut plus sérieusement.

L'idée de passer plusieurs jours chez les Malfoy n'avait franchement rien de réjouissant, pourtant une pointe de curiosité la tentait d'accepter. Mais ça ne pouvait pas suffire. Si elle acceptait, ce devait être pour les potions et l'espoir de briser enfin l'effet du Vivet, pas par curiosité.

— Ce n'est pas si simple ! Si... si à la limite on empruntait des livres à la bibliothèque et qu'on passait la première partie des vacances chez moi, d'accord. On aurait le temps de trier les informations et de tout mettre en application chez toi, mais deux semaines entières avec tes parents, c'est...

— Très bien.

Un vertige la saisit.

— Très bien ? répéta-t-elle, anxieuse.

Elle n'était ni sûre de sa décision ni sûre de l'avoir prise pour les bonnes raisons. En remontant dans la salle commune pour faire sa valise et écrire à ses parents, son malaise empira et elle n'avait presque pas dormi lorsqu'elle salua Ron et Harry qui déjeunaient dans la Grande Salle le lendemain.

— Je vous laisse Pattenrond pour les vacances. Ce serait trop compliqué avec...

Elle désigna le tissu qui cachait la cage ronde posée sur sa valise.

Ne pas leur avoir parlé des effets secondaires de la potion était la bonne décision. Ils en auraient naturellement déduit qu'elle ne quittait pas le château seule et c'était une conversation qu'elle préférait éviter.

L'air frais du matin d'avril avait couvert le parc de rosée. Après y avoir traîné sa valise, Hermione s'installa dans une diligence.

À son arrivée, la gare de Pré-au-Lard était déserte. Par la fenêtre du wagon, elle observa les rares élèves à monter dans le train. Quand il s'ébranla, elle retira le tissu de la cage du Vivet. Le train serpenta un moment entre les maisons et les boutiques du village puis accéléra par les prairies verdoyantes. Au détour d'un bosquet, le soleil illumina le wagon, réchauffant son visage.

La porte de son compartiment s'ouvrit soudain et Draco s'installa face à elle.

— On a presque le train à nous seuls, dit-il. En même temps, qui partirait du château alors que le monde ne parle que du Tournoi.

— C'est tout de même risqué pour toi d'être ici.

Draco fit descendre les stores du compartiment d'un coup de baguette.

— Voilà. Plus de risques.

Après tout Draco était assez grand pour prendre ses propres décisions. Hermione retourna son attention vers le paysage. Dehors, un troupeau de moutons paissaient dans un pré, à l'ombre d'un grand arbre.

Le voyage passa dans un silence confortable et ils finirent par sortir les livres empruntés à la bibliothèque et leurs plumes. Seulement quand le jour déclina et que le train entra dans Londres, ils commencèrent à ranger le fouillis étalé sur les banquettes.

— Au fait, Granger, tu as remarqué ? dit Draco en roulant un parchemin.

Dans quelques heures, ils seraient ensemble, chez elle. Elle se contenta d'un « Hmm ? » distrait en refermant son encrier.

— Tu as commencé à m'appeler « Draco » dans ta tête.

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De bonnes vacances en perspectives :D

Prochain chapitre « Vie à la moldue », à vendredi ! 

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