Chapitre 46 - Le lac au milieu de la forêt

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En traversant le mur de briques menant au Poudlard Express, la note d'impatience qu'Hermione avait ressentie pendant tout le trajet se fit plus intense. Elle ressortit sur la plateforme chargée de hululements, de parents pressant leurs enfants vers la locomotive écarlate qui crachait des panaches de vapeurs. Dans le brouillard confus, son regard se mit à dériver. Son inattention faillit la faire trébucher contre Sirius qui gambadait autour d'eux sous sa forme canine. Une attitude particulièrement imprudente pour un fugitif en fuite, pesta-t-elle mentalement. Elle se redressa pour croiser un regard gris.

À côté de Draco, la haute silhouette hautaine de Lucius Malfoy toisa un instant le gros chien noir avant de se poser sur elle. Avec un mélange d'inquiétude et de joie, elle se détourna. Après une courte lutte, elle osa relancer un regard en direction de Draco qu'elle avait seulement entraperçu. Il la regardait aussi.

Le cœur battant, elle le vit sortir un coin de parchemin de sa poche et reporta aussitôt son attention sur Sirius. Pendant qu'ils montaient leurs valises dans le train puis qu'elle rejoignait le compartiment des préfets avec Ron, elle dut cacher son sourire. Elle écouta attentivement les explications du Préfet et de la Préfète en chef concernant leurs missions durant le voyage et l'année à venir puis décida de faire une brève patrouille avant de rejoindre Harry dans le compartiment qu'il partageait avec Neville, Ginny et une fille de Serdaigle que Ginny leur présenta comme Luna Lovegood.

Des paysages campagnards filaient déjà par la fenêtre. Hermione s'installa contre, à côté de ladite Luna, son manuel d'arithmancie calé sur un genou et déplia son parchemin au bas de la page. Luna étant plongée dans un numéro questionnable du Chicaneur, Hermione sortit sa plume miniature et traça un point d'interrogation. Une main invisible lui répondit : « J'ai failli t'attendre. » Elle se mordit la lèvre pour retenir un sourire.

« Personne ne risque de te voir m'écrire ? »

« Pour ça, il faudrait que Goyle sache lire vite. J'ai de forts doutes. »

Hermione cacha son rire dans une toux, puis se racla deux fois la gorge.

« Qu'est-ce que tu voulais ? Je suppose que tu ne m'écris pas simplement pour te plaindre de Goyle ? »

« J'espère que tu ne comptes pas me laisser tout le trajet avec eux comme seule conversation. »

« Draco. »

« Mon père a vu le chien. Il a sous-entendu que c'était Sirius Black, mais je suppose qu'il n'est pas assez stupide pour se montrer à King's Cross ? »

« J'aimerais pouvoir te répondre oui. »

« C'est déplorable. En même temps, venant de quelqu'un qui a été envoyé à Gryffondor. »

Elle traça trois petits points par-dessus ses complaintes et il reprit :

« Très bien, très bien. Ce n'est pas de ça que je voulais te parler. Je réfléchissais à libérer Orron. Je ne peux pas me permettre de le ramener chez moi ni de l'avoir dans les pattes cette année et puisque l'antidote a fonctionné, il n'y a plus besoin de le retenir. »

Avec un pincement au cœur, Hermione regarda passer un troupeau de moutons. Dans un sens, Draco disait vrai. Ils l'avaient gardé captif au cas où le lien manifesterait des effets dans les semaines suivant l'antidote, mais puisque rien ne s'était produit depuis, ils n'avaient plus aucune raison de l'enfermer. En retrouvant le décor familier de la forêt interdite, Orron partirait sûrement retrouver les siens.

« J'irai ce soir après le dîner. »

Elle termina d'écrire et releva sa plume avec espoir. Viendrait-il ?

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