Chapitre 40 - C'est Draco maintenant

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Arrêtée au milieu de l'escalier descendant à la cuisine, Hermione écoutait monter les voix et le sang battre à ses oreilles. Ils avaient bravé l'interdit de Dumbledore et à présent, Harry se trouvait dans le repère secret de l'Ordre du Phénix. Ce même secret dans lequel Draco Malfoy était entré, lui aussi. Avoir enfreint autant de règles l'empêchait de faire face aux membres de l'Ordre. Avant qu'elle ne soit parvenue à bouger, un Harry furieux la contourna et fit irruption dans la cuisine, ce qui provoqua un concert d'exclamations. Hermione remonta d'une marche, le cœur au bord des lèvres, avant de se retourner vers Draco.

— Il faut que tu rentres, murmura-t-elle à toute vitesse. Tu n'as pas idée d'où tu te trouves. Je...

— Au manoir des Black, répondit Draco, ce qu'elle ignora.

— Je ne peux pas te garantir qu'ils te laisseront repartir si facilement, ta famille est trop proche de Tu-Sais-Qui.

Des bruits de pas en bas firent marteler son cœur et elle remonta encore, posant les mains sur la poitrine de Draco pour l'obliger à la suivre hors de vue. Il refusa de bouger.

— Explique-moi ce qui se passe ici.

— Draco...

— Tu sais de quelle famille vient ma mère ?

— Ce n'est vraiment pas le moment, répliqua-t-elle d'un ton bas en le poussant un peu plus fort.

Il lui céda une marche, mais si quelqu'un décidait de sortir de la cuisine maintenant, ils restaient parfaitement visibles. Hermione leva soudain la tête, alertée par un mouvement dans la semi-pénombre. À travers le lustre qui masquait l'escalier massif donnant à l'étage, la silhouette de Ron descendait.

— Elle est née dans la famille Black.

Ron croisa son regard et s'arrêta net. S'écarter de Draco la ramènerait vers la cuisine, alors elle tenta une nouvelle fois de le repousser hors de l'escalier. Le nom de Black la percuta.

— Quoi ?

— Exactement. J'ai parfaitement le droit d'être ici.

Elle jeta un coup d'œil inquiet vers Ron et Draco suivit son regard. En bas, des voix s'élevèrent avec plus de force et Hermione reprit à toute vitesse.

— Draco, la résistance contre Tu-Sais-Qui s'organise ici. Tu ne peux pas rester. Dobby...

Draco se pencha vers elle et sa chaussure dérapa sur le bord de la marche quand elle tenta de remettre un peu de distance. Il posa une main sur sa taille et elle s'accrocha à son bras par réflexe, l'autre main contre le mur de pierre brute. Un instant, elle oublia l'Ordre, l'arrivée de Harry et ce qu'ils risquaient tous les trois pour ne plus voir que lui.

— Tu crois que ça ressemble à quoi, du point de vue de Weasley ? murmura-t-il près de ses lèvres.

Elle balbutia avec colère et lui broya le bras, ce qui le fit rire. L'instant d'après, il se tournait vers Dobby et tous deux disparaissaient dans un « crac ». Hermione remonta le reste des marches, la bouche sèche et le cœur battant. Le rideau devant le tableau de la mère de Sirius frémissait, mais le transplanage ne l'avait pas fait hurler, heureusement.

Lentement, elle pivota vers l'escalier. Ron était resté dans sa posture figée, la main sur la rampe, un pied en arrière. Il se remit lentement en marche. Peut-être était-ce l'obscurité, mais son teint semblait un peu pâle.

— Est-ce... c'était Malfoy ?

— Oui, il... c'est une longue histoire. Harry est en bas.

— Oh.

À ce moment, une vive lumière et du bruit envahirent l'escalier. Molly monta vers eux comme un taureau chargeant sa cible.

— Qu'est-ce que vous avez encore manigancé tous les trois ?

— Mais rien, protesta Ron avant qu'Hermione n'ait pu ouvrir la bouche. Harry est là ?

— Il dit que c'est cet elfe qui l'a amené. Montez tous les deux. Il vous rejoindra plus tard.

En haut, alors qu'ils attendaient Harry dans une des chambres à l'odeur de moisi, le silence se fit plus dense. Pour le dissiper, elle lui expliqua brièvement que Harry avait été attaqué et Ron acquiesça. Il regardait partout sauf dans sa direction ; passant du vieux papier peint qui se décollait par endroit aux motifs vert et argent qui se décoloraient sur les coins, là où l'humidité attaquait le plus. Tant mieux, s'il ne mentionnait pas de lui-même ce qu'il venait de voir entre elle et Draco, elle n'allait certainement pas lui tendre la perche. La porte pivota enfin sur Harry et Hermione se tendit un instant. Son expression était sombre, mais il ne semblait plus vouloir leur crier dessus.

— L'un de vous deux a une idée de pourquoi Dumbledore tenait tant à me garder à l'écart ? lança-t-il aussitôt.

Hermione secoua la tête d'un air désolé.

— En tout cas, content que tu sois enfin là, vieux, dit Ron d'un ton un peu trop léger pour que ce soit naturel. J'étais en train de mourir d'ennui au milieu des seaux de savon et des éponges.

— C'est toujours mieux que de mourir au milieu de Détraqueurs, je suppose.

Ron haussa les épaules.

— Attends d'avoir fait une semaine de nettoyage et on verra si tu n'as pas envie de retourner les affronter. Comment tu es arrivé ici d'ailleurs ? C'est Dobby ?

— C'est surtout Hermione et Malfoy.

Ron perdit son espèce de faux sourire et se tourna finalement vers elle.

— Vous avez quelque chose à officialiser ?

— Officialiser ? répéta-t-elle, le cœur battant.

— Oh arrête. Je vous ai vu dans l'escalier. Tu le sais très bien !

Le bout de ses oreilles prenait peu à peu une nuance très rouge. Hermione secoua la tête.

— Franchement Ron, tu t'imagines sérieusement que je puisse...

— Je n'ai pas besoin d'imaginer, j'ai vu.

— Je te dis qu'il n'y a rien eu. Il a juste fait semblant.

— C'est ça oui ! Depuis le bal tu passes tout ton temps avec lui, il est venu chez toi, tu as même passé tes vacances chez lui...

— Parce qu'on avait un antidote à fabriquer, s'exclama Hermione.

— C'est ce dont j'essayais de me convaincre, mais vous êtes libérés de ça et il est toujours là, à te bécoter dans les escaliers !

Derrière ses lunettes, Harry fit les yeux ronds. Elle sentit son visage s'échauffer.

— Ron ! Ce n'est pas ce qui s'est passé ! Draco ne faisait que te faire marc...

— Ah parce que c'est Draco maintenant ?

Hermione referma la bouche avec colère. Si Ron tenait tant à se convaincre que Draco et elle étaient ensemble, grand bien lui fasse. Il ne l'écoutait pas, elle n'allait pas perdre son temps.

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