Chapitre 68 - Une salle non commune

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Dans le couloir des cachots où ils attendaient que Draco revienne avec ses affaires, Hermione observait les torches brûler en tentant d'afficher l'expression la plus naturelle possible. Draco lui avait demandé de l'aider à monter ses affaires et elle était certaine que cette invitation ne s'étendait ni à Harry ni à Ron. Elle était aussi certaine qu'ils le savaient très bien.

Pourtant tous deux étaient restés.

Les instants seule avec Draco lui manquaient. Le Terrier plein à craquer, le manoir des Blacks où les chambres étaient toujours partagées ne leur avait offert que peu de libertés. Mais si Harry et Ron les accompagnaient, elle savait qu'elle n'oserait pas s'attarder dans la Salle sur Demande. Sa conscience lui criait déjà que les cours venaient à peine de reprendre, que n'était pas le moment de déserter son dortoir, sans compter ce qu'en penseraient Ron et Harry.

Le mur de pierre qui masquait la salle commune de Serpentard s'ouvrit enfin sur Draco.

— Vous êtes encore là, vous deux, dit-il d'un ton poli. Il ne fallait pas...

— Quand même, tu es blessé, répondit Ron. On ne pouvait pas t'abandonner à ton sort.

— Il faut bien qu'on t'aide à déplacer tes affaires jusqu'au septième étage, ajouta Harry avec un coup d'œil pour la valide enchantée qui flottait sans efforts à côté de Draco.

— C'est certain, répliqua Draco.

Hermione les suivit à travers le long chemin d'escaliers jusqu'au septième étage en tentant d'étouffer sa déception. Puisque c'était Draco qui allait habiter la Salle sur Demande, ils le laissèrent dicter ce qu'il voulait et découvrirent la grande pièce qu'elle lui avait confectionnée. Sur l'un des murs, Draco écarta un rideau dont le tissu couler comme une cascade d'argent liquide et isolait une chambre. Le large bureau au centre de la pièce baignait dans la lumière d'une lampe à pied, comme pour les inciter à s'asseoir et réviser. Derrière, deux canapés de cuirs entouraient un tapis et un perchoir doré était posé à côté. Une chaleur envahit le visage d'Hermione lorsqu'elle remarqua le panier avec une petite couverture calé sous le perchoir. Un panier parfait pour un chat.

Qu'est-ce que Draco était allé demander exactement ?!

Hermione se décala aussitôt à l'opposé du panier en espérant que ni Harry ni Ron ne le remarquerait. De retour de derrière le rideau argenté sans sa valise, Draco les observa tour à tour.

— Je vois que tu es bien installé, dit Ron. On peut te laisser alors.

— Me laisser ? Alors que je suis blessé ?

— Quoi tu veux que je te borde ?

— J'apprécie ta sollicitude, Weasley, mais ma petite-amie peut s'en charger.

Hermione ouvrit la bouche, les joues en feu. Ron et Harry étaient déjà à la porte et tous les trois la fixaient. Qu'elle hésite constituait déjà un aveu en soi, alors elle prit son courage à deux mains.

— On doit parler. Je vais rester... un instant.

Ce n'était pas tout à fait faux, pas tout à fait vrai non plus. Draco ricana quand elle rajouta « un instant ».

— Bon Ron, on va y aller, intervint Harry avant que celui-ci puisse protester.

Il l'entraina avec lui et la Salle sur Demande redevint silencieuse. Hermione triturait ses mains, nerveuse.

— Je voulais vraiment parler. À propos de ton père, de ce qu'il a dit avant de...

— J'aurais préféré entendre autre chose, la coupa Draco d'un ton sec, mais il n'aura pas d'autres derniers mots. Autre chose ?

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