Chapitre 54 - Pour prouver

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Descendre dans la salle commune de Serpentard suivi par un Harry Potter sous cape d'invisibilité ne faisait définitivement pas partie de ses plans pour le week-end. Le balafré et la belette allaient lui payer ça. Et plus encore pour ce qui allait suivre.

Draco frôla la laine de son écharpe où les couleurs de sa famille s'entrecroisaient. La présence invisible sur ses pas le crispait. Rassemblant son sang-froid, il entra l'espace commun qui baignait dans la lumière verte du lac. Pansy, Blaise, Daphné, Crabbe et Goyle étaient installés autour d'une table, à jouer aux cartes.

— De retour de ta petite balade ? lança Pansy sans relever les yeux de sa main.

— Je vous rejoins dans un instant, répondit Draco en retirant sa cape.

Il passa devant la table et descendit au dortoir pour récupérer un livre et déposer l'écharpe. Le discret bruit d'une semelle sur les marches de pierre alors qu'il s'enfonçait le hérissa. À la seconde où ils se retrouvèrent seuls dans le dortoir, Potter retira sa le haut de sa cape d'invisibilité.

— Et qu'est-ce que je suis censé voir ?

— À quel point point c'est agréable quand tu la fermes ? proposa Draco en ouvrant le tiroir de sa commode d'un geste tellement sec qu'elle émit un craquement.

Il dénoua son écharpe et la plia à l'intérieur d'un de ses pulls.

— Remets ta cape, lança-t-il en claquant le tiroir et en récupérant un livre au hasard.

Lorsqu'il s'installa à leur table, Blaise lui sourit. La malice dans ses yeux le mit sur la défensive.

— Elle a été productive ta petite sortie. Tu sors sans écharpe, tu reviens avec une nouvelle écharpe. C'est tricoté main ?

— Tu devrais faire plus attention, ajouta Pansy en jouant au-dessus de ses cartes, autrement tout le monde va finir par s'en douter.

Draco ouvrit son livre d'un air ennuyé, mais sa colère faillit en froisser une page. Il fallait qu'il se maîtrise, mais si cette peste lui parlait comme ça, Potter était assez stupide pour en tirer les mauvaises conclusions ; à savoir que les Serpentards participaient à tromper Hermione.

— C'est toi qui devrais faire un peu plus attention à qui tu adresses tes menaces, Pansy.

Daphné eut un reniflement.

— Je n'ai pas entendu de menaces, Draco. Toi en revanche, on dirait que quelque chose cloche.

Draco retint l'envie de crisper son poing contre la table. C'était toujours vague. Est-ce que Potter allait passer à côté des piques pour ne retenir que leur inquiétude feinte ? Il risquait surtout de comprendre ce qu'il s'attendait à comprendre. Il n'avait pas le choix, il devait les pousser un peu ou tout ça n'aurait servi à rien.

— Si tu veux que tes petits travers restent entre nous, il va falloir que tu te montres un peu plus respectueux, ajouta Pansy d'un ton mielleux.

— Mes travers tu dis ? J'ignore toujours quelles informations vous pensez avoir me concernant, mais votre tactique est ridicule. Vous n'avez pas d'ascendant sur moi, et même si c'était le cas, vous ne pouvez pas l'utiliser sans le perdre.

— Ah tu crois ? dit Pansy. C'est dommage, mais tu as raison. Si garder ces informations secrètes ne nous apporte rien, autant les divulguer alors ; ton changement d'attitude, tes petites vacances avec la Sang-de-Bourbe, ton étrange absence au bal, le polynectar et cet élève inconnu qui était avec... mais oui, Granger de nouveau.

Draco soutint son regard, une sueur froide roulant dans son dos. Bon, elle avait dit exactement ce qu'il voulait. Son plan avait même un peu trop bien fonctionné. Et elle n'avait pas fini de parler.

Dans tes penséesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant