CHAPITRE 13 - Moment de répit

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ALTHEA


Je m'éveillai lentement, bercée par la douceur des draps en soie qui enveloppaient mon corps. Allongée dans un grand lit à baldaquin, je me sentais enveloppée dans un cocon de confort, une sensation que je n'avais jamais expérimentée auparavant.

La pénombre commençait à envahir la pièce, me laissant deviner que ma sieste avait duré plusieurs heures. Un sentiment de quiétude m'envahissait, contrastant fortement avec les tumultes récents de ma vie. Le dernier souvenir qui me vint à l'esprit est que je m'étais écroulé de fatigue et ivre morte dans les bras de Léandre.

Tournant la tête vers la droite, j'aperçus une fenêtre entrouverte donnant sur une terrasse ou mes hommes et ceux de Léandre se détendaient. Ils buvaient et mangeaient. Le son de leurs rires et de leurs discussion joyeuses et pleines de taquineries les uns envers les autres s'infiltrait dans la chambre ; apportant une touche de légèreté dans l'air. C'était réconfortant d'entendre ces éclats de joie, un répit bien mérité pour des hommes qui avaient tant souffert.

Une mélodie envoutante et mélancolique captura mon attention. Intriguée, je tournai la tête vers la gauche et redressai légèrement la tête pour mieux entendre. La musique provenait du salon adjacent ou je pus apercevoir Léandre qui jouait du piano. Un magnifique piano à queue qui capturait la lumière tamisée de la pièce. Léandre, était vêtu d'une élégante robe de chambre en soie brodée de fils d'or. Il était complétement absorbé par sa musique. Je restai là, silencieuse, hypnotisée par la grâce de ses mouvements et la beauté de la mélodie qu'il créait. Chaque note résonnait avec intensité, éveillant des émotions en moi. Sa musique était un mélange de passion, tristesse, et d'une beauté indescriptible, capturant l'essence même de l'instant présent. Il était vraiment doué. Je restai ainsi des heures à le contempler jouer.

Il se retourna brusquement, et, prise au dépourvu, je fis semblant de m'étirer, comme si je venais tout juste de me réveiller. Je sentis que mes gestes étaient exagérés, dans une tentative maladroite de dissimuler le fait que je l'avais observé.

— ­Viens dîner avec moi si tu es réveillé, m'invita-il.

Je m'avançai vers son petit salon et découvris une table dressée de mets qui semblaient délicieux et de diverses boissons. Il prit place et je m'installai en face de lui.

— Vous ne semblez pas appartenir au même monde que nous, les voyous, lui dis-je.

— Et d'où pensez-vous que je vienne ?

— Vous devez être issu d'une famille riche, habitué à vivre dans l'insouciance et l'amusement et à dépenser sans compter.

— Ne soyez pas si catégorique. Dites-moi, savez-vous jouer du piano ? Aimeriez-vous apprendre ?

— Non merci. Quelle utilité y a-t-il à savoir jouer du piano ?

— Vous seriez surpris de savoir combien de femmes sont séduites pas les hommes sachant jouer du piano. Je vous propose un marché : je vous apprends à jouer du piano si vous m'apprenez à maîtriser vos flèches spéciales. Vous êtes le seul à les utiliser avec une telle dextérité. Qu'en dites-vous ?

Avant même que je puisse répondre, il se leva et m'attira vers son piano. Je ne pouvais m'empêcher d'admirer la profondeur de ses yeux vert malachite, d'une beauté que je n'avais jamais vue auparavant.

Alors qu'il se plaçait derrière moi, ses mains guidèrent doucement les miennes sur les touches du piano.

— Tu as les mains douces pour un archer, me dit-il.

Sa présence tout contre mon dos était à la fois intimidante et étrangement réconfortante. Je sentais son souffle chaud caresser mon oreille alors qu'il murmurait les instructions, chaque mot vibrant d'une proximité troublante.

— Placez vos doigts ici... Oui, exactement comme ça.

Sa voix était douce. Ses mains enveloppaient les miennes avec une aisance naturelle, les faisant glisser sur le clavier dans un mouvement fluide. Je sentais une chaleur inattendue monter en moi, une sorte de désir que je n'avais jamais connu auparavant. Le simple contact de ses mains sur les miennes, son corps si près du mien, sa voix chuchotant des instructions, tout cela éveillait en moi des sensations nouvelles et troublante. Un frisson me parcourut l'échine jusqu'à la pointe de mes pieds.

Je me trouvais déchirée entre la concentration nécessaire pour suivre ses instructions et la distraction provoquée par sa proximité. Son parfum, un mélange subtil et masculin, imprégnait mes sens. Il y avait quelque chose de presque hypnotique sur la manière dont il m'enseignait. Ses doigts dansaient sensuellement sur l'ivoire et l'ébène.

Je luttai pour garder mon esprit focalisé sur la musique, mais une part de moi était irrémédiablement attirée par lui, par cet homme qui, quelques heures auparavant, était un adversaire dans un duel intense. Maintenant, il était là, partageant son art avec moi, éveillant en moi des désirs que je n'avais jamais osé explorer.

ASCENSION Tome 1 : Les voies du pouvoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant