Chapitre 92 - Le feu

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LYKOS

Assis autour du feu de camp improvisé, je laissais mon regard se perdre dans les flammes, tandis que mes compagnons s'efforçaient de dévorer leur maigre repas. Le silence pesant était ponctué uniquement par le crépitement du bois et les murmures du vent dans les feuilles. Chacun semblait plongé dans ses pensées, mais la rage et la détermination brûlaient dans tous les regards.

—   Nous ne pouvons pas les laisser souffrir ainsi plus longtemps, lança Emeric avec une fureur contenue, ses poings serrés trahissant son désir de combattre. Ces scènes d'humiliations... C'est insupportable.

Ivar, toujours pragmatique malgré la tension, ajouta :

—   Nous devons établir un plan, et vite. Peut-être que l'Empereur Aurelian...

Je le coupai, sceptique :

—   L'Empereur Aurelian ? Après tout ce qu'il a fait ? Tu lui fais encore confiance ?

Ivar soutint mon regard, la conviction claire dans ses yeux.

—   Mais c'est terrible ! Ils vont finir par les tuer, il faut qu'on les sortent de là. A quatre cela ne sera pas suffisant, et puis j'ai vu comment il se comportait avec Alden quand il pensait que personne ne regardait. Il se morfond. Il a trahi, certes, mais je suis persuadé qu'il regrette sincèrement. Peut-être qu'il cherche déjà un moyen de se racheter et nous devrions en profiter.

—   C'est risqué, mais Ivar a raison, intervint Tomas, si l'Empereur est disposé à aider, nous serions fous de ne pas explorer cette voie.

Emeric acquiesça lentement, voyant là une lueur d'espoir :

—   C'est notre meilleure chance. Cela pourrait nous donner l'avantage dont nous avons besoin pour infiltrer leur camp et libérer Sa Majesté et Alden.

Finalement convaincu, je soupirai et regardai mes compagnons, unis dans leur résolution malgré les incertitudes.

—   Très bien, Ivar, tentons le coup. Mais reste sur tes gardes. Nous ne pouvons pas nous permettre un autre échec.

Puis pendant que chacun finissait son maigre repas en réfléchissant, j'eus une idée :

—   Je pense que j'ai un plan, repris-je. Et si on créait une diversion en mettant le feu à une tente éloignée, celle du tribut par exemple ? Cela pourrait attirer leur attention et donnerait le temps à l'un d'entre nous de pénétrer discrètement dans la tente du Prince Aurelian pendant que le camp s'active à maîtriser les flammes. Nous pourrions alors le convaincre de libérer Sa Majesté et Alden.

Tomas acquiesça d'un signe de tête, l'air résolu :

—   On peut toujours essayer !

Ivar, jamais à court de courage, ajouta avec un brin d'ironie dans la voix :

—   Et au pire, on ne risque que la mort !

Le plan était risqué, mais désespéré. L'audace de notre entreprise pourrait soit nous coûter cher, soit nous offrir une chance de renverser la situation. La tension était palpable, mais l'espoir de sauver nos compagnons nous donnait la force de persévérer.

Après notre rapide repas, l'air de la nuit fraîchissait, mais nos esprits étaient embrasés par la détermination. Chacun connaissait son rôle dans le plan que nous avions conçu. Emeric et Tomas avaient pour mission de dérober un bateau Drevanien amarré non loin de là. C'était une embarcation sophistiquée, équipée d'une hélice sous-marine et d'un guidon complexe qui permettait de diriger et d'activer l'hélice pour une progression rapide et silencieuse, bien plus efficace que nos traditionnelles barques à rames.

ASCENSION Tome 1 : Les voies du pouvoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant