ALTHEASortie de force de la salle du trône, je me laissais mener sans résistance vers la prison de Darius, submergée par un mélange de choc, de trahison et d'incrédulité.
Comment Aurelian, pour qui j'avais tant risqué, avait-il pu nous trahir ainsi ? Mes pensées se tournaient également vers mon père, emprisonné, son sort incertain me hantant à chaque pas. Était-il déjà mort ? ou seulement emprisonné ?
Les gardes me jetèrent sans ménagement dans une cellule sombre. Mon regard s'ajusta lentement à la pénombre, et là, dans un coin, une silhouette éveilla en moi une peur glaciale. Le corps était mutilé, les yeux bandés, maculés de sang séché, et des filets de sang s'échappaient de ses oreilles. L'horreur se fit plus profonde en découvrant les pieds, privés de leurs orteils.
Mon père !
La réalisation me frappa comme un coup de poignard. C'était lui, là, devant moi, réduit à cet état inhumain. Un cri d'effroi sortit du profond de mes entrailles et je dut mettre ma main devant ma bouche pour l'arrêter. Mon cœur se serra, des sanglots montaient dans ma gorge, tandis que je m'approchais avec hésitation, tremblante.
— Père ? ma voix tremblait, empreinte d'une peur et d'une tendresse déchirante. C'est moi, Althea.
Je me penchai vers lui, les larmes brouillant ma vue, impuissante face à sa souffrance et à notre situation désespérée. Dans le cachot humide et sombre, loin des jeux de pouvoir qui avaient détruit notre famille et notre patrie, je réalisai la profondeur de notre chute. La douleur de voir mon père, un homme jadis fort et fier, réduit à un état si pitoyable, alimentait la flamme de la vengeance qui commençait à brûler en moi.
— Je te retrouverai, Aurelian, murmurais-je. Pour toutes les trahisons, pour chaque larme versée, tu paieras. Je te tuerai de mes propres mains, je te le promets.
Dans le silence oppressant de la cellule, mes appels se perdaient dans le vide :
— Père ? C'est moi ! Althea...
Ma voix, tremblante d'émotion, tentait désespérément de percer les ténèbres qui l'entouraient. Mon Père restait immobile, sa silhouette brisée et torturée se détachant dans la pénombre. Je m'approchai doucement, posant ma main sur la sienne. Il réagit soudain, son corps sursautant, se dérobant à mon contact comme effrayé.
— Ce n'est que moi Père... Je suis bien là Althea... Père... sanglotai-je mes mots se noyant dans un flot de larmes.
La terreur dans ses mouvements me brisait le cœur. Retiré en lui-même, il semblait perdu dans un monde de douleur et de confusion. La cruauté de ses tortionnaires avait laissé des marques indélébiles, transformant son esprit en un champ de bataille. Il continua à reculer, à trembler comme s'il avait peur de moi. Il regardait frénétiquement dans la pièce, et le voir comme ça me déchirait.
— S'il vous plaît Père... C'est moi ! Althea ! Père !
Lorsqu'il me repoussa brusquement et se mit à donner des coups de pied dans le vide, mon cœur se figea dans ma poitrine. La scène devant moi était déchirante. Comment avait-on pu réduire mon père à cet état, mutilé, à peine humain dans ses réactions ? La cruauté de ses geôliers semblait ne connaître aucune borne. Il émettait des grognements, des geignements déchirants, comme s'il avait été privé de sa voix, de son ouïe, de tout ce qui le rendait humain.
Terrifiée, je couvris ma bouche de mes mains, me retenant de crier face à l'horreur de la situation. C'est alors que je me souvins du pendentif , celui que ma mère m'avait confié, celui qui liait mon père à moi, un symbole de notre connexion perdue et retrouvée. Avec des mains tremblantes, je détachai le pendentif de mon cou et le déposai doucement dans la paume de mon père.
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ASCENSION Tome 1 : Les voies du pouvoir
FantasyDans un monde cruel et impitoyable, une jeune fille kidnappée, et réduit à l'esclavage décide de prendre son destin en main. Elle se retrouve au cœur d'une toile d'intrigues, cachant sa véritable identité. Alors que les tragédies la poursuivent, ell...