Chapitre 67 - Un guide Céleste

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ALTHEA

Le crépuscule enveloppait la forêt d'une teinte pourpre lorsque je décidai qu'il était temps de réveiller le Prince. Sa première réaction, après avoir émergé d'un sommeil agité, fut de se plaindre.

— Je suis affamé, gémit-il, frottant ses yeux encore emplis de sommeil.

— J'ai ramassé des champignons pendant que vous dormiez, lui dis-je en tendant une main pleine de ces délices forestiers.

— Encore des champignons ! J'en ai marre des champignons ! Tu ne pourrais pas essayer de chasser un lapin ? répliqua-t-il, son visage se tordant en une grimace de dégoût.

— Je croyais que vous n'aimiez pas ça ? Voulez-vous que je vous rappelle comment vous avez réagi la dernière fois que j'en ai chassé un ? lui rétorquai-je avec un sourire moqueur, me remémorant sa réaction plutôt dramatique face au lapin que j'avais précédemment préparé.

— Euh... peut-être pas alors. Mais quelque chose de différent, s'il te plaît ?

À peine avais-je le temps de répondre que mon attention fut détournée par un bruit presque imperceptible. Mon cœur s'accéléra, mes sens s'aiguisant au maximum. Ses yeux interrogateurs se posèrent sur moi, curieux et légèrement inquiets.

— Qu'est-ce qu'il se passe ? chuchota-t-il, remarquant le changement abrupt dans mon attitude.

Je lui fis signe de rester silencieux, mes oreilles captant le son lointain de pas et de halètements, probablement des loups. Je le sentais, je le savais, c'étaient des loups. Des grands loups de chasse ! Le prince, n'ayant pas les sens aussi aiguisés que les miens, continua à me questionner, l'urgence de sa voix montant en crescendo.

— Ils nous ont trouvés c'est ça ?

— Courez Votre Altesse ! lui intimai-je soudainement, poussant l'urgence de la situation avec toute la force de ma voix. Ne vous arrêtez pas ! quoi qu'il arrive ! Et surtout ne vous éloignez pas de moi !

Il se lança alors dans une course éperdue, ses pieds frappant le sol de la forêt avec une rapidité surprenante. Je le suivis de près, mon esprit entièrement concentré sur les sons de nos poursuivants. Ils étaient proches, trop proches. Leur présence était un murmure constant à l'arrière de mon esprit, une menace sourde qui se rapprochait inexorablement. Malgré la distance qui nous séparait, ma capacité à entendre au-delà du commun me permettait de discerner leur progression rapide à travers le sous-bois.

Nous courions, la forêt devenant un flou de vert et de brun autour de nous, chaque souffle un effort, chaque battement de cœur un coup de tambour dans nos oreilles. Le danger était palpable, comme une ombre vivante à nos talons, et pourtant, nous continuions, poussés par l'instinct de survie, par l'espoir de semer nos ennemis dans cette course désespérée.

La poursuite frénétique nous mena au bord d'une énorme falaise. Le sol se déroba soudain sous nos pieds, révélant l'abîme béant qui s'ouvrait devant nous. Sans réfléchir, je m'arrêtai net, entraînant le Prince avec moi à quelques centimètres du vide. Il eut un hoquet de surprise, son regard se posant sur l'immensité qui s'étendait sous nos yeux. Le souffle court, je m'approchai prudemment du bord, scrutant la distance qui nous séparait du lac en contrebas.

L'eau semblait calme, un miroir géant reflétant les dernières lueurs du jour, mais la hauteur était vertigineuse. Malgré le danger évident que représentait une telle chute, quelque chose dans la profondeur du lac me rassura. Les eaux sombres et profondes promettaient une certaine sécurité, un refuge contre les loups et les hommes qui nous traquaient sans relâche. De toute manière, nous n'avions pas le choix, aucune échappatoire possible. C'était sauter ou rebrousser chemin, mais si nous rebroussions chemins nous tomberions sur nos poursuivants. Là au moins nous avons une chance de survie aussi minime soit-elle. Le prince commença à paniquer :

ASCENSION Tome 1 : Les voies du pouvoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant