Chapitre 68 - Retournement

111 16 154
                                    



GENERAL CAIUS DRAVELL (Chef de l'armée Impériale)

Regardant le ciel, mon cœur s'emplissait d'une admiration mêlée d'étonnement face au spectacle devant mes yeux. "Regardez, Votre Majesté Impériale, mon cher ami," murmurais-je dans le silence de mon esprit, "Votre fils, Aurelian, a bien grandi. Il est courageux. Un dragon est venu à son secours. Dieu est avec lui. Je savais que je devais le protéger. Il est véritablement le digne descendant de Ned Adkin le Conquérant."

Mes pensées furent brusquement interrompues par les exclamations de Lorcan.

—   Mais ils sont complètement fous ?! Ils sont montés dessus ? s'exclama-t-il, incrédulité et frustration teintant sa voix.

À son commandement, les archers se préparèrent à tirer sur le dragon avec leurs arbalètes, chargeant des cristaux de Mana. J'étais tiraillé entre l'envie d'intervenir et le devoir de rester en retrait, mon devoir envers le prince rivalisant avec la loyauté envers mes hommes et le Grand Conseiller.

Soudain, une voix s'éleva au-dessus du chaos, celle d'Aurelian, teintée d'indignation et d'incompréhension.

—   Comment osent-ils nous tirer dessus ?

Pendant qu'il articulait sa protestation, il relâcha son étreinte autour d'Althea, esquivant instinctivement une flèche. Son mouvement, mal calculé, le fit basculer dans le vide, et il tomba du dos du dragon.

Le silence se fit lourd alors que nous nous précipitions au bord de la falaise. Une fois au bord, je vis Son Altesse Impériale chuter tête la première dans le lac en contrebas. Mon cœur se serra à la vue de sa chute, une chute qui semblait suspendre le temps lui-même. Je me tenais là, pétrifié, les yeux fixés sur l'endroit où il avait disparu, tandis que Lorcan criait des ordres inaudibles.



**********

ALTHEA


Tandis que je me tenais debout sur le dos du dragon le vent fouettant mon visage, mon cœur s'arrêta un instant lorsque je sentis Aurelian esquiver une flèche et basculer dans le vide. Sans réfléchir, guidée par une force que je ne me connaissais pas, je pris ma décision et sautai également dans le lac malgré la hauteur vertigineuse. J'entendis les cris de Lorcan, chargés d'incompréhension et de colère, mais ils ne furent pour moi qu'un lointain murmure.

La chute fut un mélange de terreur et d'étrange sérénité. Pour un instant suspendu dans le temps, je me sentis libérée de tout. Le vent sifflait à mes oreilles, emportant avec lui mes peurs et mes doutes. Puis, l'impact avec l'eau froide me tira violemment de ma rêverie. Le choc fut rude, un rappel brutal à la réalité, mais étrangement, une sensation de bien-être m'envahit alors que je me laissais couler, acceptant la caresse glacée de l'eau autour de moi.

Cependant, la réalité de ma mission me frappa soudainement. Je repoussai l'eau, mes mouvements devenant plus désespérés à mesure que je cherchais Aurelian. Je vis alors la blessure de mon bras se réouvrir, un mince filet de sang se diffusait lentement dans l'eau, créant un voile rouge autour de moi. Je balayai l'eau de mes yeux, malgré le sang qui me brouillait la vue cherchant fébrilement le Prince.

Finalement, mon regard se posa sur Aurelian qui se débattait faiblement, ses bras et jambes battant l'eau dans une tentative vaine de rester à flot. Sans perdre une seconde, je nageai vers lui, mes bras le tirant fermement vers moi. Alors que nous remontions à la surface, je sentis son corps se relâcher, les signes de sa lutte disparaissant tandis qu'il perdait connaissance.

ASCENSION Tome 1 : Les voies du pouvoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant