ASCENSION Tome 1 : Les voies du pouvoir

Chapitre 50 - Impératrice

Impératrice Mirexia (Impératrice de Drevania, épouse de l'actuel empereur et mère du prince Aurelian).

Impératrice de Drevania, gardienne des secrets de l'empire et épouse dévouée de l'Empereur n'est pas de tout repos. Alors que je me tiens au chevet de mon mari mourant, je ressens un mélange de douleur et de puissance. Ses jours sont comptés, et chaque souffle qu'il prend est un rappel de la fragilité de la vie, même pour un empereur. Dans l'intimité de la chambre impériale, je masse ses membres fatigués, lui fais des bains de pieds avec des essences rares et des infusions de pierres guérisseuses, essayant de lui apporter un peu de réconfort dans ses derniers moments. La pièce est empreinte d'un silence solennel, seulement troublé par le bruit de ses respirations laborieuses.

Je regardais l'Empereur, mon époux, sombrer lentement dans la maladie. C'était un spectacle déchirant, voir cet homme jadis si puissant et vigoureux réduit à l'ombre de lui-même. Il est encore jeune, loin de l'âge où la mort vient frapper naturellement dans notre monde. L'environnement de Drevania abrite des plantes, des minéraux et des sources d'eau imprégnées de gemmes aux propriétés Anti-âge. Cependant l'arrêt de notre vieillissement temporaire n'est possible qu'à l'apogée de notre maturation. Le fait d'être en contact avec cet environnement naturel contribue à notre longévité.

Mais mon époux a commencé soudainement à vieillir alors qu'il lui restait de nombreuses années devant lui. Son déclin a été rapide, étrangement rapide. Mes pensées s'égarent vers ces soirées où il jouait aux échecs avec Raymund Morinth, son conseiller de confiance, sa main. C'était après ces parties que j'ai commencé à remarquer les premiers signes de sa faiblesse. Une coïncidence ? Peut-être. Mais mon instinct me crie que ce n'est pas le cas. Je soupçonne un empoisonnement, une trahison ourdie dans l'ombre.

Raymund Morinth... son nom seul éveille en moi une méfiance profonde. Depuis qu'il a conseillé l'exil d'Aurelian, notre fils, mon inquiétude n'a fait que croître. J'ai averti Aurelian de mes doutes, lui conseillant de saisir la moindre opportunité pour s'échapper. Si mon intuition est correcte, ils chercheront à l'éliminer aussi, pour asseoir leur pouvoir sur le trône. Mais comment prouver une telle accusation ? Les symptômes de l'Empereur sont subtils, trop subtils pour être détectés par ceux qui ne le connaissent pas aussi intimement que moi. Chaque jour, je scrute son visage, espérant y trouver un indice, un signe qui confirmerait mes craintes. Et pourtant, malgré mes doutes et mes soupçons, je me sens impuissante. Sans preuve tangible, mes accusations ne seraient que des paroles en l'air, facilement balayées par la main rusée de Morinth. Je dois agir avec prudence, mais chaque jour qui passe me rapproche d'une vérité que je crains de découvrir. Dans l'obscurité de la nuit, je veille sur l'Empereur, perdue dans mes pensées. Si seulement je pouvais dévoiler cette conspiration, protéger mon fils et sauver l'empire de ces griffes invisibles qui cherchent à l'étrangler. Mais pour l'instant, je dois attendre, observer, et espérer que la vérité se révèle avant qu'il ne soit trop tard.

Soudain, ma servante annonça en ouvrant la porte :

— Les concubines sont là, Votre Majesté.

Les concubines entrent, leurs visages exprimant une fausse préoccupation. Leur curiosité morbide et leurs ambitions à peine voilées me dégoûtent. Ces femmes avaient des atours soyeux et des regards calculateurs. Elles chuchotaient entre elles, leur voix, un murmure venimeux. L'une des concubines, portant des bijoux extravagant et une coiffure extravagante en bosse de chameau s'approcha du lit, l'expression faussement préoccupé. Elle tenta d'attirer l'attention de l'empereur mais je la repoussai doucement, mon regard transperçant l'air de mépris.

— Vous n'avez rien à faire ici, leur dis-je d'une voix tranchante. Laissez-nous. Nous devons lui laisser de l'espace pour respirer. Rien ne sert de s'agglutiner autour de lui comme des mouches, continuai-je d'une voix ferme.