Chapitre 81 - Puris Castralis

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ALTHEA

Après que Darius et Silas eurent quitté ma cellule dans un tumulte de railleries cruelles, deux gardes massifs vinrent me chercher pour m'emmener à l'Institut de Formation des Puris Castralis. Cet établissement était ironiquement situé sur le sol Valérien, terre de mon peuple, transformée en une zone d'endoctrinement et de torture sous la coupe de Drevania.

Alors que nous traversions les couloirs sombres de cette prison masquée, la réalité de ma situation devenait de plus en plus pressante. Comment diable allais-je échapper à ce destin ? J'étais une femme, et tôt ou tard, lors du processus de castration, ils découvriraient que rien chez moi ne pouvait être mutilé de la manière qu'ils envisageaient. La perspective de leur réaction à cette révélation me terrifiait autant que l'humiliation que j'allais subir. Je ruminai chaque scénario possible, cherchant désespérément une échappatoire à ce cauchemar. Mes pensées tourbillonnaient d'angoisse et de peur dans une profonde désolation. Je savais que mon temps pour trouver une solution était dangereusement limité.

Dans un moment de clarté au milieu de cette tourmente, une idée germa. Si je pouvais convaincre les gardes de mon utilité d'une autre manière, peut-être pourrais-je échapper à cette fin macabre. Mon esprit s'affaira à tisser des mensonges plausibles, des histoires qui pourraient me valoir la pitié ou, mieux encore, l'intérêt stratégique des Drevaniens.

Avec chaque pas rapprochant du lieu de mon épreuve, je m'accrochais à cette lueur d'espoir, préparant les mots qui pourraient me sauver la vie ou du moins me donner une chance de lutter pour elle. La résolution de me battre, quelles que soient les chances, fortifiait mon esprit alors que les portes de l'Institut se dessinaient devant moi, menaçantes et froides.

Une fois que les gardes m'eurent déposée à l'entrée de l'Institut, ils restèrent dehors, figés comme des statues mal taillées. Les règles de l'institut étaient claires et interdisaient à tout non-Puris Castralis d'entrer. Apparemment, le sanctuaire des eunuques se devait d'être aussi isolé que mystérieux, une tradition qui ajoutait un peu plus d'absurdité à leur cruelle existence.

Je n'avais pas l'intention de rester pour découvrir les charmes de leur austère hospitalité. Mon plan de fuite était simple, audacieux et discret. Malheureusement, je fus capturée par un eunuque de haut rang, un Puris Castralis formateur, qui me surprit alors que je me faufilais entre les arbres de la cour. Il me saisit par l'oreille, une poigne ferme et désagréablement précise, et me traina jusqu'à une cabane isolée, à l'abri des regards indiscrets, avant de me jeter à l'intérieur sans ménagement. A peine entrés, il me lança un regard accusateur.

Alors, quelle excellente excuse vas-tu me donner pour ta petite escapade ? gronda-t-il.

Je pris une profonde inspiration, et avec un sérieux feint, je répondis :

En fait, je cherchais la salle de méditation. J'ai entendu dire que pour devenir un vrai Puris Castralis, il fallait beaucoup méditer, et je voulais m'y mettre tout de suite !

Son visage se contracta dans une expression mi-amusée, mi-confuse, manifestement déconcerté par ma réponse.

La méditation, hein ? Tu es bien la première recrue à montrer tant de zèle pour la tranquillité intérieur dès son premier jour. Bien tenté, mais c'est le travail, pas la méditation, qui forge un Puris Castralis.

Puis me poussant avec son doigts il m'intima :

Viens ici. Tu n'as pas encore commencé la formation que tu cumule déjà les fautes. Premièrement, tu as tenté de fuir, deuxièmement tu as cru pouvoir me mentir, et troisièmement, tu as eu la malchance de te faire attraper part le plus irascible des Puris Castralis... Moi ! C'est un exploit en termes de maladresse ! Quelle honte !

ASCENSION Tome 1 : Les voies du pouvoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant