Chapitre 73 - Destitution

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DARIUS

Dans les profondeurs opulentes de la salle du Conseil, le cœur de Valeria palpitait d'une tension presque tangible. Autour de la vaste table en chêne, gravée des armoiries de notre fier royaume, se tenaient le grand conseiller, ainsi que les ministres et les conseillers Valériens. Ensemble, ils formaient un tableau de trahison. J'étais là, parmi eux, le cœur battant non pas d'angoisse, mais d'anticipation. C'était le moment que j'avais attendu toute ma vie, l'instant où ma vengeance serait enfin assouvie, où je pourrais, peut-être dans quelques jours, usurper le trône de mon neveu, le Roi Léandre.

Soudain, Léandre fit irruption dans la salle, accompagné de Lykos et Tomas, ses fidèles chiens de garde. Sa présence sembla charger l'air d'une électricité nouvelle et de défi.

Le Grand Conseiller Raymund, un homme à la stature imposante et au regard foudroyant, se tenait à côté de Nora, ma confidente et amante. D'un pas assuré, il s'avança vers Léandre.

—   Nous venant de conclure notre examen concernant l'avenir de Valeria, annonça-t-il d'une voix qui résonna dans l'enceinte comme un coup de gong funèbre.

Léandre, le visage grave, demanda :

—   Quelle question ? Vous avez tenu un conseil sans le Roi ? Et quelle en est l'issue ?

Je ne pus contenir un frisson de plaisir en lançant le verdict, sans même accorder à Léandre l'honneur d'un regard.

—   Valeria perdra son nom pour embrasser l'honneur et la possibilité de devenir un vassal de la dynastie de Drevania.

L'annonce eut l'effet d'une lame froide traversant la pièce. Léandre se figea, tandis que Lykos et Tomas, les yeux écarquillés d'incrédulité, firent un pas en avant, prêts à défendre leur souverain jusqu'au dernier souffle. Cependant, ils étaient clairement en infériorité numérique ce qui les aida à rester à leur place de servants dociles.

Nora prit alors la parole, sa voix tranchant le silence lourd de conséquences :

—   Pas un seul des dignitaires du conseil et présents dans cette pièce n'a pu s'y opposer. C'est parce que Votre Majesté a commis un grave péché que cette décision a été prise.

Léandre se tourna vers ses conseillers, cherchant dans leurs yeux une once de soutien. Mais un à un, ils baissèrent la tête, incapables de croiser son regard, leurs âmes alourdies par le poids de la décision prise.

Le Conseiller Raymund poursuivi, inexorable :

—   Il a également été décidé que vous serez destitué. Vous serez convoqué à la capitale afin d'être jugé selon les lois de la dynastie de Drevania.

Le silence qui suivit fut lourd de signification. Léandre, ce Roi autrefois puissant, semblait réduit à l'ombre de lui-même, encerclé par les conséquences de ses actions, tandis que moi, Lev Darius, son oncle, contemplais l'aube de ma nouvelle ère. C'était là un tournant décisif, le début de la fin pour Valeria telle que nous la connaissions, et l'émergence d'une nouvelle puissance sous mon règne imminent.

Léandre toujours aussi figé qu'une statut antique, face à l'assemblée de visages ébahis, prit la parole avec une gravité qui fit vibrer l'air de la Salle du Conseil.

—   Le Prince héritier à dédaigné Valeria. Son mépris pour notre royaume était tel que je n'ai pu le tolérer. Alors de mes propres mains, je l'ai tué.

Un frémissement parcourut l'auditoire, des chuchotements s'élevant comme une vague soudaine dans la quiétude de la mer.

—   Votre majesté ! s'exclama Lykos, l'incrédulité teintant urgemment sa voix.

—   Que dites-vous ? enchaîna Tomas, le visage profondément confus.

Il était évident que Léandre, par cet acte extrême, cherchait à protéger son peuple et le gouverneur des griffes de l'ennemi, sachant bien que sans lui, femmes et enfants seront réduits en esclavages. Voilà qui révélait l'ampleur de sa faiblesse, confirmant que c'était moi, Darius, qui étais destiné à régner sur Valeria.

Se saisissant de cet aveu dramatique, le Grand Conseiller Raymund l'interrogea d'une voix ou perçait un zèle accusateur :

—   Vous avouez donc votre crime ?

—   Oui, affirma Léandre, la voix chargée d'un fatalisme résigné. J'ai agi seul, de mon propre gré. Les dignitaires ici présents tous comme le peuple de Valeria sont innocents de cet acte. Libérez le Gouverneur Lorncrest ; car lui non plus n'a pas sa place dans cette mascarade. Quant à moi plutôt que de me détrôner, faites de moi un exemple, mettez-moi en pièces, ici et maintenant. Exécutez-moi mais laissez Valeria en dehors de ça !

—   Votre Majesté, implora Lykos.

—   Votre Majesté ! répéta Tomas, l'écho de sa voix se brisant contre les murs chargés d'histoire de la salle du Conseil.

L'air se chargea d'une tension palpable, chaque souffle semblant suspendu au-dessus de l'assemblée comme une épée de Damoclès. Léandre se tenait là, un roi prêt à sacrifier sa couronne et sa vie pour son peuple. Quant à moi, je contemplais la scène, réalisant que les rouages du destin s'étaient mis en mouvement, propulsant Valeria vers un avenir incertain où chaque choix portait en lui le poids d'une vie.

ASCENSION Tome 1 : Les voies du pouvoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant