Chapitre 46 - Echos du passé : le lien perdu

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ALTHEA

La journée avait été longue et éreintante, et les événements récents pesaient lourdement sur mon esprit. La scène entre Léandre et le prince Aurelian m'avait laissée pensive, déchirée entre mon devoir envers mon roi et ma compassion pour le jeune prince. Je m'approchai de lui, le trouvant seul, recroquevillé sur lui-même, le visage baigné de larmes. Sans un mot, je l'enveloppai dans mes bras, lui offrant un réconfort silencieux. Il sanglota comme un enfant perdu, cherchant un abri dans ce monde qui lui était devenu si hostile. Je sentais son corps trembler sous mes mains, ses larmes chaudes imprégnant ma chemise. Pourquoi Léandre était-il si véhément avec lui ? Cette question tourna dans ma tête comme un refrain lancinant. L'exercice de la couronne semblait le transformer, le rendant méconnaissable par moments. Ce n'était pas le Léandre que je connaissais, celui qui avait un jour partagé mes rires et mes peines. Celui qui était gentil, apaisé et calme. Je m'étais promis de partir pour Valthura, poursuivre ma quête et découvrir mon véritable héritage. Mais à présent, Léandre m'avait confié une mission : veiller sur Aurelian. J'allais reporter mes projets personnelles à plus tard, une promesse était une promesse, et Léandre, malgré tout, comptait pour moi.

Je caressai doucement le dos d'Aurelian, essayant de lui transmettre un peu de la force qui me restait. "Tout ira bien," murmurais-je, bien que je me demandais moi-même si c'était la vérité.

« Léandre, mon ami d'autrefois, où étais-tu passé ? Cette couronne te pèse-t-elle tant ? »

J'avais l'impression de le voir glisser lentement hors de ma portée, emporté par les vagues implacables de la royauté. Du moins en ce qui concernait sa joie de vivre et sa légèreté. En ce qui concerne son statut de souverain, il le menait à merveille et d'une main de maître. Je savais que je pouvais compter sur lui et qu'un jour il redonnerai à Valeria sa grandeur d'autrefois. Il avait besoin de mon aide pour cela, et il l'aurait.

Aurelian finit par se calmer, ses sanglots se transformant en soupirs saccadés, ce qui me fit sortir de la rêverie. Je le sentais encore fragile, comme une feuille dans le vent.

Dans ce palais, je savais que ma route ne serait pas simple. Mais je resterais fidèle à ma promesse, veillant sur ce prince égaré, tout en gardant un œil sur le roi qui semblait s'éloigner de plus en plus de l'homme qu'il avait été. La mission à Valthura et la recherche de mon père attendrait. Pour l'instant, je devais rester ici, à Valeria, jouant mon rôle d'Alden, tout en protégeant un prince qui ne comprenait rien à la politique et un roi qui se perdait dans son propre royaume.

Décidant de prendre mon rôle de servant et gardien sérieusement, je dis au prince :

— Allez dormir, Votre Altesse, vous avez besoin de repos. Je veillerai sur vous.

— J'ai besoin d'uriner, déclara-t-il sans aucune gêne. Ramenez moi mon pot de chambre.

Je n'avais pas prévu de faire cela dans mon rôle de protecteur, cependant Léandre avait été claire. Personne ne doit approcher le prince héritier donc je devais le servir jusqu'à ce qu'un valet de confiance prenne le relai.

Je ne pus m'empêcher de penser qu'il s'agissait là d'une forme de vengeance pour la fois ou j'avais vidé le mien sur sa tête. Le connaissant il allait bien en profiter, et si sa se trouvait il n'avait pas du tout envie d'uriner.

— Je ne me suis jamais déshabillé seul, me lança-t-il. Fait-le.

Choquée, j'écarquillai les yeux.

« Il ne voulait quand même pas que ça soit moi qui le déshabille ? »

Ne me voyant pas me mettre à l'œuvre il insista :

ASCENSION Tome 1 : Les voies du pouvoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant