Chapitre 16.1 - Notes de suspicions

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LEANDRE


Mes doigts glissaient sur les touches d'ivoire de mon piano, quand un coup frappa à la porte interrompant mon apprentissage. Qui pouvait bien venir me déranger à une heure aussi matinale ? Avec un soupir, je laissai retomber mes mains et me levai pour répondre :

— Entrez.

La porte s'ouvrit doucement, révélant la silhouette d'Alden. Il se tenait là, un peu hésitant, comme s'il n'était pas certain d'être le bienvenu. Sa présence inattendue piqua ma curiosité.

— Alden ? Que me vaut cette visite surprise ?

Il entra, fermant la porte derrière lui avec une discrétion qui trahissait une certaine tension. Ses yeux violets perçants scrutaient la pièce, comme s'il cherchait à lire les secrets cachés derrière chaque objet.

— Avez-vous oublié que vous m'avez demandé de vous apprendre à manier mes flèches à empennages ajustables ?

Pourquoi Alden venait-il me voir maintenant, après être parti si furieusement lors de notre dernière rencontre ? La mort soudaine de l'enquêteur, sur le point de me révéler des détails sur le trafic de Darius, ne pouvait être une coïncidence. J'étais convaincu que Darius avait des soupçons à mon égard et qu'il chercherait sans doute à placer un espion parmi mes proches. Quelqu'un pour me désinformer ou surveiller mes mouvements.

Cette pensée me fit regarder Alden avec une nouvelle suspicion. Était-il possible qu'il soit envoyé par Darius ? Il semble être un bon candidat étant donné que l'on commence tout juste à se rapprocher.

Pourtant, quelque chose dans son attitude ne collait pas avec l'image d'un simple espion. Son regard portait une intensité, une sincérité qui semblaient contredire cette théorie. Mais en ces temps d'incertitudes et de trahisons, pouvais-je vraiment me permettre de prendre ce risque ?

Me tirant de ma rêverie Alden exprima son agacement avec une pointe d'exaspération dans la voix :

— Très bien alors. Continuez à jouer de votre piano, et il se retourna prêt à partir.

— Attends, tu plaisante ? Demandai-je avec surprise, mon intérêt soudainement piqué. Bien sûr que je veux apprendre.


                                                                                              ***


En me tenant debout dans le stand de tir, j'écoutais attentivement les conseils d'Alden. Ses mots étaient empreints de poésie et de précision, me guidant dans l'art de l'archerie. Il reprit les bases car la manière de tirer ses flèches différait des flèches classiques.

— Imagine que tu harmonise la force du vent et la stabilité de la terre. Lorsque tu appuies sur la corde, c'est comme si tu canalisais la puissance d'une tempête : Impétueuse, mais contrôlée. En tirant sur l'arc fais-le avec la finesse d'un peintre traçant un trait délicat avec précision et intention mais met y un peu de force comme si tu tirais la queue d'un lion.

Je me concentrai sur ses instructions, essayant de mettre en pratique chaque conseil et de comprendre ce qu'il me racontait. Alden était patient, rectifiant ma posture, la position de mes mains, et mon alignement avec la cible.

— Cherche l'équilibre entre force et finesse, entre puissance et précision, chaque tir est une fusion de l'intention et de l'action, un moment où tout se conjugue en harmonie, me dit-il.

ASCENSION Tome 1 : Les voies du pouvoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant