Chapitre 15.2 - La taupe

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DARIUS


Assis dans mon bureau, je feuilletais distraitement des documents mais mon esprit était ailleurs. J'avais dû faire assassiner un enquêteur qui allait révéler que j'étais à la tête du trafic de pierres précieuses au prince héritier. Cela voulait dire qu'il y avait une taupe parmi mes hommes. Il fallait absolument que je trouve de qui il s'agit.

Les plans que j'avais minutieusement élaborés commençaient à prendre forme, mais il restait encore tant à faire. Je n'avais pas le droit à l'erreur maintenant, raison de plus pour trouver qui était la taupe.

Un coup discret à la porte interrompit mes pensées. Sûrement Alden à qui j'avais demandé de venir me voir.

— Entrez, dis-je d'une voix ferme, sans lever les yeux de mes papiers.

La porte s'ouvrit doucement, et je levai enfin le regard pour découvrir comme je m'y attendais Alden, qui se tenait sur le seuil, une expression indéchiffrable sur son visage. J'avais toujours du mal à savoir ce qu'il pensait. Mais peu m'importe, l'important c'était qu'il me soit loyal.

— Alden, m'exclamai-je, feignant la surprise. Quel plaisir de te voir. Approche, je t'en prie.

Il entra, fermant la porte derrière lui avec une précaution qui trahissait une tension sous-jacente. Je pouvais sentir les rouages de son esprit tourner à plein régime, calculant chaque mot, chaque geste. Il était souvent méfiant mais j'avais appris à composer avec son caractère sauvage.

— As-tu réfléchi à ma proposition ? demandai-je, en tentant de sonder ses intentions.

— Oui, répondit-il simplement. Sa voix était neutre, mais son regard ne l'était pas. Il y avait une intensité, un feu qui brûlait dans ses yeux. C'était un homme forgé par les épreuves.

— Et ? insistai-je, impatiemment. J'avais besoin de le savoir de mon côté. Même si je n'avais aucun doute sur le fait qu'il n'était pas la taupe. C'était la seule personne en qui j'avais confiance.

— Je suis prêt à m'engager, mais à mes conditions, dit-il finalement. Sa déclaration était directe, dénuée de toute ambiguïté.

Je me redressai dans mon fauteuil, intrigué et légèrement amusé par son audace. Alden n'était plus le jeune garçon timide et suppliant que j'avais connu autrefois. Il était devenu un joueur clé dans ce jeu complexe de pouvoir.

— Et quelles seraient ces conditions ?

Il prit une profonde inspiration avant de répondre. Et il avait raison, son choix de mots pourrait bien définir le cours de notre relation future.

— Tout d'abord, je veux une garantie de sécurité pour mon équipe. Ensuite, je veux avoir une part dans les décisions concernant l'utilisation de toutes les variétés de pierres précieuses. Enfin, je veux ta parole que ce plan ne nuira pas aux innocents de Valeria.

Je le regardai un moment, pesant ses mots. C'était un marché intéressant, mais risqué que je ne pouvais accepter. Cependant, les avantages d'avoir Alden de mon côté étaient trop grands pour être ignorés. Je décidai donc de lui faire croire que les innocents de Valeria ne craignaient rien. Sinon il n'accepterait jamais de m'aider.

— Très bien, Alden. Tu as ma parole. Mais souviens-toi, la confiance est une denrée rare. Nous devons tous les deux être prudents avec nos contacts.

— Alors commençons. Il y a beaucoup à faire, et le temps nous est compté. Je vais faire appeler Silas et le passeur de pierres qui est aussi gouverneur. Il y a quelque chose dont j'aimerais vous parler à tous les trois.


                                                                                                  ***


— Il y a un traître parmi nous ! Sinon comment un simple enquêteur pourrait-il être au courant de notre trafic ?

— Cela doit sûrement venir de quelqu'un de l'entrepôt, suggéra Silas. Il est impensable que cela vienne de l'un de nous trois.

— Combien de vos hommes sont dans la confidence gouverneur ? Demandai-je, mon regard se posant sur lui.

— Trois, votre altesse, me répondit-il l'anxiété se lisant sur sa voix et son visage.

— Trois ? Avec nous cela fait sept personnes informées. Et vos hommes, Alden, sont-ils au courant ?

— Ils savent ce qu'ils doivent faire, mais ils ignorent les détails. Ils ne connaissent pas l'identité du commanditaire, c'est-à-dire vous. Ils suivent uniquement mes ordres sans poser de questions, répondit-il avec assurance.

— Gouverneur, surveillez attentivement les hommes de l'entrepôt, ordonnai-je.

— Oui, votre altesse.

— Vous pouvez disposer, sauf vous Alden, il y a encore des choses dont nous devons discuter.

— Oui, votre altesse, répondirent Silas et le gouverneur en chœur et quittèrent la pièce.


                                                                                        ***


— Tu es le seul en qui j'ai une confiance absolue. Écoute bien ce que je vais te dire et suis mes instructions à la lettre.

— Je vous écoute, répondit-il avec sérieux.

—  Léandre se donne des airs de séducteur frivole, mais ce matin, j'ai été contraint d'éliminer un enquêteur qui menaçait de lui dévoiler notre trafic. Je souhaiterais que tu te rapproches de lui, que tu observes ses faits et gestes. Il est crucial que tu lui transmettes de fausses informations sur nos activités, afin de l'éloigner de la vérité.

— Vous pouvez compter sur moi, maître.

— Bien, tu peux disposer.

ASCENSION Tome 1 : Les voies du pouvoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant