Chapitre 87 - L'éclat de la vérité

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DAREL

Je me promenais sous le poids de la nuit réfléchissant à ma situation complexe. Les pierres sous mes pieds murmuraient des secrets, mais aucun aussi pressant que ce qui se déroulait entre ces murs. La pensée d'Alden, désormais impliqué dans le jeu de Lorcan, enflammait en moi une tempête furieuse. « Va-t-elle vraiment devenir la concubine de Lorcan ? » Cette simple pensée me tordait les entrailles comme une lame. Après tout ce que j'avais orchestré, pouvais-je permettre que mon destin bascule ainsi ?

L'air de la nuit était chargé de l'odeur imminente de la pluie, peut-être un reflet de la tempête qui faisait rage dans mon cœur. « Et si Lorcan s'attachait à elle et qu'elle réussissait à le manipuler contre moi ? » Les couloirs du pouvoir étaient glissants, bordés de fantômes d'hommes tombés pour avoir sous-estimé leurs rivaux. Non, je ne pouvais pas, je ne devais pas laisser cela se produire.

Alors avec un plan, je me hâtai vers la chambre ou était enfermé Le Roi déchu. Un garde, fatigué par sa veille, se tenait devant la porte. Ses paupières tombaient comme les branches d'un saule, et je savais que la fortune avait choisi son camp ce soir.

—   Bon tour de garde, Johan ? lançai-je en m'approchant, ma voix drapée d'une gaieté feinte.

Surpris, il se redressa, une main sur son épée avant de me reconnaître.

—   Monsieur ! Oui, la nuit a été calme. C'est déjà l'heure de la relève ?

—   Oui

—   Ah génial, j'ai faim et je suis fatigué. Je boirais bien quelque chose.

—   Il y a une bouteille de brumefeuille caché dans mes quartiers.

Ses yeux fatigués s'illuminèrent à la mention de la boisson.

—   Vraiment ? Pour moi ?

—   Bien sûr, fis-je d'un geste de la main, un sourire rusé se dessinant sur mes lèvres. Mais laisse-m 'en un peu, veux-tu ?

Il rit, le son résonnant légèrement dans l'air frais.

—   Vous êtes le meilleur, Darel. Merci !

—   Pas de problème, je vais surveiller le Foi déchu. Vas te reposer.

D'un hochement de tête, il partit, me laissant à mes stratagèmes. Je m'infiltrais ensuite dans la chambre de Léandre. Léandre, pris dans ses pensées, stoppa net en me voyant.

—   D'où sortez-vous ? Un autre était chargé de ma garde ! Que venez-vous faire ici, traître infâme ?

—   Étiez-vous au courant qu'Alden est, en vérité, une femme ? lançai-je, scrutant son visage attentivement.

Il s'immobilisa, ses yeux s'écarquillant sous l'effet de la surprise, et une lueur inhabituelle traversa son regard.

—   Quelles sornettes débitez-vous là ? Alden, une femme ? C'est impossible. Quelle est encore cette absurdité !

—   Oh, pauvre de vous, à l'ignorance de la réalité. Je crains fort que le Général Lorcan ne soit, à cette heure même, en train de profiter d'elle dans ses quartiers.

Un silence lourd s'abattit entre nous. Il semblait digérer l'information, puis, brusquement, il me repoussa de son chemin et se lança à toute allure hors de la pièce.

**********

ALTHEA

Alors que Lorcan, dévêtu et animé par des intentions sordides, s'avançait vers moi, son sourire malsain assombrissant sinistrement la pièce. Son phallus droit prêt à être enfoncé en moi me glaça le sang. Je me débattais de toutes mes forces, l'esprit embrumé par la terreur mais résolu à ne pas céder sans lutter. Mes efforts semblèrent vains face à sa détermination cruelle, quand soudain, la porte de la chambre claqua violemment contre le mur, arrachée à ses gonds par la force de l'entrée impétueuse d'une silhouette imposante.

Le cœur palpitant, suspendu entre la peur et l'espoir, mes yeux s'élargirent en cherchant à discerner l'identité de l'arrivant. Un instant figée, la figure de Lorcan se raidit également, son regard glacial fixé sur l'entrée avec une expression mêlant surprise et fureur.

Telle une ombre mouvante, la silhouette se précipita vers nous, franchissant l'espace qui nous séparait avec une vitesse surnaturelle. Mon cœur fit un bond quand je reconnus Léandre. Sa présence, telle une lueur d'espoir dans cette obscurité étouffante, m'apporta un souffle de soulagement. Léandre, le visage marqué par la rage, saisit Lorcan par les cheveux et, sans un mot, lui décocha un coup de poing d'une violence inouïe. Le choc fut si puissant que des étincelles jaillirent de ses phalanges, et une dent de Lorcan vola à travers la pièce, emportée par l'impact.

Avec Lorcan à présent inconscient sur le sol, Léandre ramassa l'épée abandonnée et pointa la lame glaciale sur la gorge de son ennemi, prêt à mettre fin à ses jours. Mon cœur s'emballa, tiraillé entre la justice, la peur pour Léandre, et la vengeance.

—   Nooon ! Surtout pas ! Non arrêtez, Votre Majesté, criai-je, ma voix tremblante trahissant mes émotions tumultueuses.

—   Lâche-moi ! hurla Léandre, ses yeux injectés de sang ne reflétant que la colère et la détermination. Je vais tuer cette pourriture.

Je ne pouvais le laisser commettre un acte qui le hanterait toute sa vie ou qui risquait de le tuer. Alors dans un dernier élan désespéré, je me jetai sur lui, mes bras enroulés autour de sa taille. Je le serrai contre moi, ma force de volonté rivalisant avec sa rage. Les larmes coulant sur mes joues je lui dit :

—   J'ai autant envie de le tuer que vous. Je souhaite le tuer et venger ma mère, ainsi que mon père. Mais pas ici, pas comme ça, Votre Majesté ! implorai-je, ma voix étouffée contre sa peau.

Avec douceur mais fermeté, je nichai ma tête dans le creux de son cou, murmurant avec une urgence poignante :

— Pas ici... Pas comme ça... Votre Majesté.

Il me regarda, le regard froid et sombre comme la nuit la plus profonde. Avec douceur, il me repoussa légèrement sur le côté. Et avec un geste théâtral, il ramassa l'épée qui était au sol avec la fermeté d'un guerrier décidé. Son bras s'abattit avec force, mais, à l'instant décisif, il dévia sa trajectoire et la lame s'enfonça brutalement dans le matelas où Lorcan gisait, inconscient. Il se pencha vers l'avant, crachant au visage de l'homme vaincu, un acte chargé de mépris et de dégoût. Puis, pivotant vers moi, son expression se radoucissait légèrement, teintée d'une gravité solennelle il dit :

—   Viens avec moi, dit-il d'une voix ferme. Je vais t'aider à sortir d'ici.

Sa main saisit fermement la mienne, et il me tira hors de la chambre avec une urgence pressante. Nous avancions rapidement dans le couloir, mais à peine avions-nous franchi le seuil que nous nous trouvâmes face à une barrière de lames et de lances tendus vers nous. Une vingtaine de soldats nous encerclaient, leurs épées brillant d'un éclat menaçant sous les torches du palais.

Au milieu de cette armée, Darius fit son apparition, son visage marqué par la surprise. Son regard fixe et choqué se porta sur moi, et son visage semblait se pétrifier, la bouche entrouverte par l'incrédulité.

—   Votre Majesté ! s'écria Silas, son ton vibrant d'une tension palpable. C'était la vérité... Alden est vraiment une fille...

Darius s'approcha d'un pas décidé, ses bottes résonnant sur le carrelage froid. Il saisit mon menton avec une assurance brutale, inspectant mon visage transformé sous le poids de la révélation. Puis, relâchant sa prise, un sourire tordu naquit sur ses lèvres.

—   Je ne m'étais jamais trompé sur ton compte, murmura-t-il avec une fierté malsaine. Tu es plein de surprises.

ASCENSION Tome 1 : Les voies du pouvoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant