Chapitre 48 - Le poids de la couronne

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LEANDRE

Le soleil se levait à peine quand je décidai de rejoindre Ivar pour notre entraînement matinal d'épée. Mon esprit était préoccupé par les affaires du royaume, mais je savais que garder une routine d'entraînement me garderait ancré et prêt pour les défis à venir. En arrivant au champ d'entraînement, j'aperçus Alden de loin, montrant au prince Aurelian comment utiliser les flèche à empennage ajustable. La scène me frappa soudainement. Alden était si proche du prince, lui expliquant la technique avec la même patience et la même proximité qu'il avait eue avec moi. Le prince, quant à lui, était visiblement taquin, riant et flirtant ouvertement. Je vis Alden se mettre derrière lui, lui montrant comment tenir l'arc, et lui glisser à l'oreille :

—   Imagine que tu harmonise la force du vent et la stabilité de la terre. Lorsque tu appuies sur la corde, c'est comme si tu canalisais la puissance d'une tempête : Impétueuse, mais contrôlée. En tirant sur l'arc fais-le avec la finesse d'un peintre traçant un trait délicat avec précision et intention mais met y un peu de force comme si tu tirais la queue d'un lion.

C'était exactement les mêmes mots qu'il avait eu avec moi lorsqu'il avait tenté de m'apprendre le tir à l'arc. Une pointe de jalousie s'immisça dans mon cœur. C'était absurde, je le savais. Alden était sous mes ordres pour protéger le prince, rien de plus. Pourtant, voir leur complicité, cette aisance entre eux, raviva des sentiments. Je fis quelques pas en avant, prêt à rejoindre leur entraînement, mais m'arrêtai.

« Non, je ne suis pas d'humeur à m'entraîner aujourd'hui. Il y a des plaintes de citoyens qui m'attendent, des questions plus urgentes que de me tourmenter avec des jalousies puériles. »

Sans un mot, j'opérai un demi-tour, laissant Ivar derrière moi, perplexe. Le grondement sourd de la vie du royaume m'appelait, me rappelant que j'étais avant tout leur roi. Le bien-être de Valeria et de ses habitants devait passer avant mes troubles personnels.

En rentrant au palais, je m'immergeai dans les rapports des conseillers, les plaintes des citoyens, les requêtes d'alliance et les stratégies de défense. Chaque parchemin, chaque lettre me rappelait la lourdeur de la couronne et les attentes pesant sur mes épaules. Pourtant, dans un coin reculé de mon esprit, l'image d'Alden et du prince Aurelian demeurait, éveillant des émotions que je m'étais promis de ne plus explorer. Mais pour l'instant, j'avais un royaume à diriger et des gens à protéger. Mes sentiments personnels devraient attendre, enfermés dans les profondeurs de mon cœur, c'était là que se trouvait leur place.

Après une matinée chargée de devoirs royaux, je ressentais le besoin pressant de m'évader, ne serait-ce qu'un instant, de la pression constante de la couronne. Les événements de ce matin entre Alden et Aurelian m'avaient aussi un peu affecté. Mon esprit et mon corps réclamaient un moment de répit. C'est ainsi que je décidai de me rendre à la plage de Cyanelle, un havre de paix niché entre Lylh Serine et Valeria.

La plage de Cyanelle était un spectacle en soi. Son sable blanc, fin comme de la farine, brillait sous le soleil éclatant, se mélangeant à des eaux turquoise qui se teintaient de rose à l'approche du rivage. C'était un lieu magique, presque irréel, où la nature semblait avoir concentré toute sa beauté. Sur le chemin, monté sur mon cheval fidèle, je fus captivé par un spectacle dans les airs. Deux créatures volantes, semblables à des dragons mais d'une grâce et d'une élégance inégalées, dansaient dans le ciel. Ils paraissaient plutôt jeunes. Leur jeu les menait tour à tour à plonger vers l'eau, puis à remonter avec une agilité stupéfiante. Ces créatures, issues de la même famille que les dragons messagers mais bien plus anciennes et majestueuses, représentaient pour moi une part de légende vivante. Je n'avais jamais réellement cru aux anciennes légendes Valériennes qui racontaient que certains de nos ancêtres avaient la capacité de chevaucher de tels êtres. Pourtant, face à ces créatures, je ne pouvais m'empêcher de me demander si, avec mes propres pouvoirs en développement, je pourrais un jour communiquer ou même chevaucher une telle merveille. Le fait de les voir en chair et en os changeait mes croyances et m'obligeait à me rendre à l'évidence que tout ce que je croyais être une légende était en fait une réalité. J'avais longtemps relégué les pouvoirs attribué à nos ancêtres à des mythes également, et voilà que récemment j'en avait moi-même développé.

ASCENSION Tome 1 : Les voies du pouvoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant