Chère Chloé - Tome 2

Chapitre 6 - Préparation au départ

"Ne déclare jamais forfait avant d'avoir essayé."

Jon Skovron

– Mercredi ? demande Edmond. Le mercredi d'après-demain ?

Le grand-père nous observe, Ethan et moi, en levant les sourcils.

– C'est peut-être un peu précipité non ? Reprend l'homme aux cheveux grisonnants.

– Nous n'avons pas le temps, je rappelle en lui montrant les papiers. Tout est prêt, nous réfléchirons plus tard aux conséquences.

Aller au Kenya est le seul moyen de savoir si ma mère y est. Et dans le cas où elle n'y est pas, nous improviserons sur place. Cela fait bientôt un mois que je suis ici à attendre, à ne faire qu'espérer. Maintenant, je dois agir pour ma mère et j'aurais le trajet retour pour envisager une vengeance.

– Je suppose qu'il ne me reste plus qu'à vous emmener à l'aéroport ? Annonce Edmond en se grattant la tête.

J'ai repris l'envie de me battre, grâce à Ethan.

Enfin, grâce à son idée !

- J'aurais une nouvelle puce de téléphone, explique ce dernier. Je me géolocaliserais à mon appartement. Je suis allé chercher une autre puce, que je localiserais chez ma mère afin d'envoyer des mails pour vous tenir informés.

- Ça aussi, elle le saura, rappelle Edmond, dubitatif. Elle nous surveille tous et je suppose qu'elle a prévu toutes les éventualités.

– Les e-mails parleront de travail et j'utiliserai des noms codés. De toutes manières, tout est prévu pour que nous soyons autonomes sur place.

– Et vos billets d'avion ? Intervient Natacha.

– J'ai fait faire des faux papiers, annonce Ethan.

Edmond soupire bruyamment et fronce les sourcils.

– Je ne suis pas du tout pour... Mais votre décision est prise. Et Ethan...

L'interpellé relève la tête et se tend.

— S'il arrive quelque chose à ma petite fille, je te conseille de ne plus remettre les pieds en Angleterre.

Je l'entends déglutir bruyamment à côté de moi.

– Tout ça à cause d'une femme qu'on pourrait tuer, je lache pour détendre l'atmosphère qui s'est alourdie. D'ailleurs, j'ai commencé à regarder un reportage sur un tueur en série, et ils donnent plein de techniques. C'est incroyable !

– Seigneur, prie Natacha en posant sa main sur le cœur. Je préfère être sourde que d'entendre cela.

Je rigole et embrasse Natacha sur la joue, avant de monter dans ma chambre pour finir ma valise. J'ai enfin retrouvé cette énergie qui, depuis quelques semaines, était bouffée par les angoissés. J'ai envie de croire que nous sommes sur la bonne voie. Mon cœur est un peu moins lourd depuis que cette solution a été trouvée, et je me sens prête à me battre. Peut-être que d'ici quelques jours, je retrouverai ma mère à l'orphelinat et que je pourrais retrouver une vie normale.

Je dois y croire.

J'allume l'ordinateur portable pour vérifier les plans de vol, un peu stressée par ce départ précipité. Mais l'adrénaline me donne le sourire. L'espoir s'est refait une place dans mon corps et je ne pense qu'au moment où je reverrai enfin son sourire.

J'imprime nos billets d'avion et rigole en voyant mon nouveau nom : Maeva Cobos, une espagnole en roadtrip avec son mari, Juan. Nous avons pensé qu'un couple marié attirerait moins les regards des contrôleurs de douane, dans l'espoir de ne pas finir dans une prison africaine. Ce serait le comble du karma de ne pas arriver à finir la "mission Nairobi à cause de vulgaires papiers.